Plastir N°69 06/2023

RELATIONS TRANSGÉNÉRATIONNELLES ET PLASTICITÉ DU CERVEAU

Péguy LUMUENE LUSILAVANA est Dr en Philosophie et a un Master Professionnel en Édition-Journalisme. Il est enseignant chercheur en philosophie spécialiste d’Henri Bergson, membre de la Société des Amis de Bergson et aborde à ce titre le champ des neurosciences cognitives, la Pragmatique, l’IA, les Sciences de l’Information et de la Communication. Nous avions déjà publié un de ces articles intitulé « De la clôture à la communication monadique : l’erreur de Leibniz » dans Plastir 62, 09/2021. Dans cette nouvelle contribution, il nous fait part de ses réflexions liées aux résultats des enquêtes sociologiques réalisées par Thierry Blöss pour élucider la nature des relations entre les générations dans leur lien avec les inégalités sociales. Cette étude démontre que l’entraide privée familiale n’est pas naturelle, qu’elle ne va pas de soi. Dès lors, le pouvoir public devrait prendre en charge la solidarité entre les générations, pour rectifier les erreurs de sa pratique au niveau familial. Cependant, du point de vue de l’auteur, ce passage du privé au public nécessite une réflexion sérieuse sur les fondements de cette de prise en charge publique de la solidarité car les maltraitances des aînés dans les EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) démontre que ce passage n’est pas donné à l’avance. Ces fondements devraient pour ainsi mettre à profit les avancées des neurosciences cognitives, notamment la neuroplasticité et la néoténie. Ces deux notions permettent en effet de penser les liens entre les générations comme des relations transgénérationnelles. Cette transversalité passe notamment par la transmission réciproque du savoir être et du savoir-faire, que Péguy Lumuène Lusilavana nomme un co-apprentissage technologique et éthique.

JEMONDE, UNE EXPLORATION POÉTIQUE ET CITOYENNE DE L’ANTHROPOCÈNE

Maud LOUVRIER-CLERC est artiste, designer et chercheuse-enseignante en stratégies de développement durable. Ses thématiques essentielles sont l’identité, l’empreinte et l’interdépendance. L’artiste a un lien privilégié avec le Jura et la Bretagne, tout en ayant été baignée dans un environnement multiculturel dès son enfance. Son travail est régulièrement présenté au sein d’expositions personnelles, comme en 2016 à la villa Savoye pour « Oustide, inside », en 2018 au château d’Angers avec « Climat, la nouvelle Apocalypse ?», en 2022 au Jardin des ifs pour « Du Ciel à l’Assiette ». Maud Louvrier Clerc participe aussi à des biennales et des expositions collectives, comme la Biennale internationale de Design de Saint-Etienne en 2015 avec « Les sens du beau », la Dubaï Design Week en 2018 avec « How innovation creates history » ou « La Conscience de l’eau » à la Maison de la Norvège de la Cité Universitaire de Paris en 2022. Dans le cadre de ses recherches, la plasticienne provoque des rencontres avec des scientifiques et des entrepreneurs autour de l’Art et des Sciences dans l’objectif de faire émerger des possibles. JEMONDE est une exploration poétique et citoyenne de l’anthropocène. L’anthropocène est le nom de notre ère géologique caractérisée par l’impact des activités humaines sur la Terre. Ce projet artistique universel qui nous est présenté dans Plastir est ouvert à toutes les langues et pour tous les âges et intégré au projet « Humanities Art & Society » de l`UNESCO. Il souhaite favoriser le mieux vivre ensemble et renforcer l’engagement citoyen de chacun(e) autour des valeurs du développement durable.

PHILOSOPHIE ET TRANSDISCIPLINARITÉ : LE CAS DE LA CRISE DU COVID-19

Jean FRAYSSINHES est professeur de Sciences Commerciales, économie, Sciences de Gestion et chercheur associé en Sciences de l’Éducation et de la Formation (UMR Éducation, Formation, Travail, Savoirs : EFTS de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès et membre du CA du du CIRET. Il se définit comme un pur produit de l’apprentissage tout au long de la vie. De formation pluridisciplinaire : humanités : (latin, grec, littérature ancienne, philosophie générale et grecque), enseignement supérieur  en économie, gestion, droit commercial, puis sciences de l’éducation : (sociologie, psychologie, histoire des sciences, philosophie des sciences, pédagogie, andragogie, neurosciences), il a suivi de nombreuses  formations professionnelles en management interculturel, PNL, analyse transactionnelle (AT), ennéagramme, gestion de projets, finance, droit international, etc. Son parcours professionnel est le fruit de différentes rencontres imprévues qui le firent emprunter trois voies successives bien distinctes : cadre dirigeant; professeur de sciences commerciales, d’économie, de gestion; chercheur en sciences de l’éducation. D’où son statut actuel de chercheur associé depuis 2003 au sein de l’EFTS de l’UMR de l’université de Toulouse. Ses centres d’intérêts sont pluriels. Il les rattache au monde numérique à la fin des années 90 avant de découvrir la Transdisciplinarité (TD) en 2008, dont il essaie fort modestement, selon ses dires, de comprendre le sens général qu’elle dégage, et l’intérêt particulier qu’elle peut évoquer. Il a dans ce cadre pu s’approprier le concept de la TD et proposer une théorisation de la mathétique sur les réseaux numériques. Parallèlement, il vient de commencer une recension de la TD dans le monde, dans l’objectif de réaliser une méta-analyse des différentes visions de la TD selon le pays, la culture, et la discipline « mère » du chercheur.  Son article nous montre comment nous sommes progressivement entrés dans l’ère de la complexité depuis le début des années soixante-dix et comment y faire face avec efficience. La réponse de jean Frayssinhes citant Morin, Nicolescu et plusieurs autres grands acteurs de la TD est que nous devons changer de paradigme et de mode de pensée, pour surmonter notre incompréhension et éviter d’être confrontés à l’échec. L’auteur préconise plus précisément d’interroger la philosophie et la transdisciplinarité pour comprendre dans quelle mesure elles peuvent nous aider à affronter le monde numérique dans lequel nous évoluons, de façon à être capable de solutionner les problèmes complexes auxquels nous sommes opposés. La pandémie du COVID-19 lui sert de fil rouge comparatif dans sa démarche épistémologique qui aborde entre autres son sujet de prédilection, la mathétique.

L’ESPACE THÉÂTRAL COMME LABORATOIRE DU RÉEL : UNE BIOGRAPHIE FANTAISISTE DE FREDERICK WINSLOW TAYLOR

Guillaume MIKA intègre en 2008 l’École supérieure de Théâtre de Cannes et Marseille (ERAC’M) où il a comme intervenants Valérie Dréville, Charlotte Clamens, Nikolaus, Youri Pogrebnitchko, Hubert Colas ou encore Robert Cantarella. Il y réalise quelques courts-métrages, ainsi que sa première grande forme. A sa sortie d’Ecole, il travaille pendant un an à la Comédie-Française en tant qu’élève-comédien pour Jacques Vincey, Alain Françon ou encore Christophe Rauck… Il y crée sa première mise en scène en carte-blanche La Confession de Stavroguine d’après Dostoïevski en 2012 qui devient la première création de la « Cie des Trous dans la Tête« , fondée à Toulon. La seconde est La Ballade du Minotaure en 2014, méditation sur la vie de l’être hybride avec une comédienne danseuse, un casque de taureau et un cadavre. Puis viennent ses premières écritures-mises en scènes mêlant écriture de plateau et expériences scientifiques: La Flèche (biographie fantaisiste de Frederick Winslow Taylor) – lauréat d’une bourse Beaumarchais-SACD – créée en 2019 au théâtre Joliette, puis Prénom Nom à la Scène Nationale de Gap en 2022, spectacle-expérience entre éthologie et problématique sociale autour d’un tardigrade géant qui doit décider de son orientation scolaire. Son travail de comédien est central dans son parcours : chez Hubert Colas (Z.E.P), Betty Heurtebise (Le Pays de Rien), Nikolaus (clown dans Chants Périlleux), Renaud-Marie Leblanc (Fratrie), Frédéric Grosche (Ta Blessure est ce Monde Ardent), Les Fugaces (spectacle de rue en déambulation), Vivants ou encore un travail avec les binômes Pierre Meunier/Marguerite Bordat (pour une série de courts-métrages expérimentaux) et Amine Adjina/Emilie Prévosteau (Dans la Chaleur du Foyer, Retrouvailles!, Projet Newman)… Curieux de varier les esthétiques et les manières de travailler, il est aussi créateur vidéo (pour la Cie Du Double et la Cie Souricière) et musicien – créateur sonore (Presque Parfait de Nikolaus à CirqA en 2020, Mister Tambourine Man mis en scène par Karelle Prugnaud pour le In d’Avignon 2021, Shahara m.e.s par Sarah Tick…). Sa contribution à Plastir met en lumière « l’espace théâtral comme laboratoire du réel : une biographie fantaisiste de Frederick Winslow Taylor » qui décrit un processus artistique spécifique : celui du geste initié par Guillaume Mika lors de la création du spectacle La Flèche entre le début de l’écriture en 2017 et la première représentation en mai 2019. L’article décrit plus précisément les processus de travail à base de construction de machine, d’écriture de plateau, d’études scientifiques et de gestion de l’improvisation. C’est une sorte d’appendice, d’exégèse au spectacle. On y suit à travers le ressenti intime de l’auteur les différentes manières par lesquelles il a fait dialoguer arts et sciences, que ce soit par la mise en scène ou la manière hybride de lier ses thématiques.

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