Recensions


La vie heureuse d’Emanuele Dattilo, Ed. Payot Rivages, Paris, 2023.

 » La vie heureuse est un long plaidoyer qui rend hommage à l’expérience d’être vivant (ou l’inverse). Pour l’auteur, on construit tous des remparts, des protections, des tabous en réponse à cette expérience primordiale d’être en vie. Et c’est le conatus en tant qu’effort (au sens d’entreprendre « d’appetitus sese conservandi» de Hobbes) ou que tension initiale ou udyama (tension vers le haut en sanskrit: école Krama) qui nous conduit à des sentiments de joie – « la seule connaissance du bien pour Spinoza » – ou d’impulsion première, de puissance de se mouvoir avant même l’acte effectif du mouvement ». Pour Emanuele Dattilo, qui écarte la question du panthéisme ou des cogitata metaphysica de Descartes, la vraie connaissance ne peut réprimer aucun affect car il est par essence sujet de connaissance et lieu de vérité (apprise) où le conatus nous fait nous sentir vivants. « La vie en tant que ou désignée comme telle est un simulacre » nous dit-il, car elle n’est pas une condition comme la survie ou la conscience, ni la sensation qui en découle, mais une tension (de la digestion à la pensée complexe) ou un conatus originaire ». Il y a donc mouvement. Le bien et le mal n’y sont pas des états d’âme, mais des affections de l’essence que Spinoza réduit à un principe subjectif que le conatus renverse. Le bonheur comme possible en découle à travers affects, désirs, passions… » Note de M-W Debono    

Écoute les voix du monde de Jacques Tassin, Eds. Odile Jacob, Paris 2023.

Dans la lignée de « L’écologie du sensible », cet ouvrage nous convie à écouter la nature au plus près. Cependant, l’auteur y introduit une dimension nouvelle, à la fois dans le récit, l’historicité, la poétique et l’émergence de page en page de sonorités qui font sens. On est pris dans la toile, on guette, on prête l’oreille, tantôt en auditeur béat des mots qui nous sont donnés à lire, tantôt avec une posture de synesthète, mais toujours en prise directe avec ce qu’il y a de plus mystérieux dans ce silence plein qui se montre par éclipse sur notre planète constamment bruitée. Le résultat est qu’au lieu de rester dans l’observable, on entre de plein fouet dans l’expérience vécue en écoutant littéralement entre les lignes la mélodie enchanteresse des oiseaux indissociable du milieu qui la propage, le hululement de la chouette hulotte, les voix des indri-indri ou les écholocations des chauve-souris et leur évolution dans notre espace visuel, à défaut d’être auditif. Peu à peu, on gagne en attention, on pénètre dans des mondes tus, parfois invisibles, on entre dans des paysages sonores, on perçoit ce rythme incantatoire qui retrace l’en-dedans comme l’en-dehors des corps en lien immédiat avec la nature. Une intonation comme entrecroisée émerge, crie dans l’épaisseur de la durée. Un champ sensible se fait jour qui décrit ce lien mésologique existant entre tout être vibrant et son milieu singulier. Cette approche acoustique de bruissements qui ont un sens précis pour ceux qui les écoutent, et d’un silence dont on ne peut jamais se saisir, nous donne le tournis et nous permet en retour d’approcher les sons, de saisir l’unicité du vivant dans l’étendue du silence. Qu’elles soient inscrites dans le souffle premier, dans le déchainement des éléments, dans le langage humain ou non-humain, Jacques Tassin nous dresse une cartographie unique de l’ensemble des « voix du monde ». Telles de véritables passerelles sonores qui nous entoureraint, elles participent au déroulement de la genèse même de notre pensée. Hormis Merleau-Ponty et Bergson que cite l’auteur, avait-on jusqu’à lors envisagé avec autant d’acuité cette interaction entre le silence intérieur et la parole exprimée ?  Je ne le crois pas ou en tout cas pas dans cette perspective de réhabilitation « des polyphonies du vivant » qui devrait être une priorité dans un monde où on ne sait plus écouter. La voix, selon Jacques Tassin, est un milieu sans lieu qui voyage sans cesse dans les milieux et entre les êtres. Elle est porteuse d’identité et constitue un geste intérieur intentionnel. C’est une présence immédiate spécifique à chaque espèce et à chaque individu. Par-delà, elle nous relie à l’atmosphère, au souffle vital ou au geste vocal originel décrit depuis l’aube des temps. Nous délivrer du bruit, serait ainsi nous élever et revenir aux fondamentaux, renouer avec le rythme incessant de Gaïa, « redonner chair au monde ».   Note de M-W Debono    

Handbook of Transdisciplinary: Global Perspectives edited by Roderick J. Lawrence, Edward Elgar Publishing, UK & ROW, USA, 696pp, 2023.

This expansive Handbook guides readers through a multi-layered landscape of the interpretations and uses of transdisciplinary thinking and practices worldwide. It advances understanding of the strengths and limits of transdisciplinary research in the context of societal power relations, institutional structures and social inequalities. This book introduced chapter by chapter by Roderick J. Lawrence (in open access) is the culmination of two years of collaboration with over 100 authors who contributed 36 chapters with a Foreword by Alfonso Montuori and an Epilogue by the late Julie Thompson Klein. Among the many brilliant contributions, that of our Chairman, M-W Debono (Part I, Chap 6.) concerning cross-pollination in art & science: plasticity of the mind and birth of transcultures.  Note of PSA & the Editor. 

La France en éclats – Écrire la débâcle de 1940, d’Aragon à Claude Simon, Aurélien d’Avout, Les Impressions Nouvelles, Bruxelles, 2023.
La débâcle de 1940 constitue l’une des séquences les plus frappantes de l’histoire de France, où le destin du pays bascule en quelques semaines face à l’offensive allemande. Retraite d’une armée, exode d’un peuple, chute d’un régime, morcellement d’un territoire : la séquence est rapide, le sort implacable.Occupant une place paradoxalement discrète dans la mémoire collective, ces évènements n’en ont pas moins inspiré un grand nombre d’écrivains, à l’instar d’Aragon, Gracq, Saint-Exupéry, Simon, Sartre, de Gaulle, Némirovsky et tant d’autres. Qu’il s’agisse de romans ou de mémoires, de témoignages ou d’essais, leurs œuvres révèlent les multiples moyens par lesquels l’écriture saisit le laps de temps restreint où la France sombre dans le chaos. Dressant une passerelle féconde entre géographie et histoire littéraire, cet essai montre à quel point les évènements et les récits qui s’y rapportent ont redéfini l’imaginaire de l’espace national. De fait, les auteurs ne font pas que décrire un temps d’exception où les consciences vacillent et les repères s’effondrent ; ils recomposent aussi, plume à la main et cartes à l’appui, une France dont nul ne peut plus dire quels sont les contours. Accompagné d’un riche cahier iconographique, cet ouvrage passionnant jette une lumière nouvelle sur un épisode incontournable de notre passé et invite à redécouvrir des œuvres littéraires à la fois classiques et méconnues. Note de l’éditeur.

Les nuits étoilées de Vincent Van Gogh, Jean-Pierre Luminet, Ed. Seghers, Paris, 2023.

Jean-Pierre Luminet nous fait découvrir dans cet ouvrage bleu nuit magnifiquement illustré un Van Gogh intime avant tout, à la fois ancré dans la réalité de celui qui peint le ciel et en prise directe avec un imaginaire artistique débordant, et c’est là le tour de force de l’auteur, qui prend les astres par les deux bouts. Ceux nés de l’observation de « La nuit étoilée », précisément retrouvés, datés, localisés par la science astronomique et ses repères dans la ville d’Arles contemporaine, et ceux inversés, extrapolés, inventés – jamais tout à fait – ou intentionnellement posés par Vincent là où son génie pictural lui dictait de le faire. Art et science se mêlent précisément dans cette approche du savant qui va aux sources de l’univers, qui enquête sur les lieux et les faux-semblants, examine chaque hypothèse quant au positionnement des astres, et de l’artiste provençal qui cumule la connaissance du lieu et la pratique du chevalet. D’où, non pas une analyse froide, calculée, mais une exégèse historique et scientifique rigoureuse et novatrice sur bien des points du cosmologue qui reste collée à l’œuvre, empathique au premier degré. Et cela se décline autant dans la lumière provençale de « La terrasse de café le soir » et les tourbillons de « La nuit étoilée » que dans le symbole du cyprès, les incessantes lettres à Théo, l’or alchimique, le rouge flamboyant et « la blancheur bleue des voies lactées » omniprésents dans l’œuvre de Van Gogh. On en sort presque envoûté, pris dans la plastique unique des couleurs de Vincent qu’il dépeint comme il les peint, une poésie vécue à plein et dans ses moindres interstices. Note de M-W Debono.

Planta Sapiens, Unmasking plant intelligence, Paco Calvo with Nathalie Lawrence, The Bridge Street Press, London, 2022.

Paco Calvo’s book begins with a quote from Saint-Exupéry « But one never knows where to find them. The wind blows them away. They have no roots, and that makes their life very difficult. ». Throughout these pages, the author shows us a world to which we are blind, a world of knowledge that we confuse – at least in the West – with the ambient landscape. Two words that say a lot about our relationship with plants, confirmed by botany and taxonomic science in regnum- phylu-classis-ordo-familia-genus-species. This classification is necessary in view of the variety and the incredible number of plant species, but it has largely contributed to objectifying beings that are barely alive, drowned in a green background, to choosing them, to sanitizing them to the point where they are no longer seen. It is this observation that leads the author to re-interrogate us on this status of plants-automates and passive beings so different from that of the animal always in movement in this fixed landscape, intelligent (with its limits) in the human sense of the term. Animal that has only recently been recognised as conscious, following the work of Romanes in the wake of Darwin and Huxley in the 19th century who took us away from Descartes’ animal-machine.   Darwin, also widely quoted in this book for his pioneering work on the movement of plants, has indeed very early on perceived their capacities for perception and communication (e.g. climbing plants), in other words their behaviours. For Paco Calvo, this is undoubtedly a form of intelligence, and not as minimal as one might think! He shows us this in different ways (VOCs as distress signals, communication channels, etc.), whether it be the extremely rich world of communication between plants and the environment or attributes that are supposed to be typically animal or human such as sleep, perception, memory or proprioception. Complex behaviours leading him to evoke the existence of phytonervous systems, citing peers: Darwin, Burdon Senderson, Bose, the semantic war related to the attribution or not of the prefix neuro, neurotransmitters-like found in plants and the tenors of plant neurobiology such as Mancuso, Volkmann, Baluska, Gagliano and their detractors (Taiz et al.) However, the author does not dwell on the polemics and the merits of the neural analogy to get to the second part, which is, in our opinion, the most interesting part of the book, because it situates the science of plant intelligence initiated by Trewavas on two different planes: an anthropophilic plane and a specific ecological plane. The first openly asks the question: What is it to be a plant? What could be similar in our behavior to the strange and truly different life of plants compared to other living species? This plan leads the reader to change perspective, to project himself into the plant part of the human being approached by mythologies or the sacred, whether Western with Ovid, Broceliande and Viscum album (plant of the Druids), Amerindian with Ayurvedic medicine (Tulsi), Eastern (Nile Lotus) or Far Eastern (Ginkgo biloba). The second level is not a systemic ecology, but rather the consideration of the plant as a subject. This ecological approach to cognition in the broadest sense of the term is, in my opinion, the important message of Planta Sapiens: from the moment there is an active, even directed perception and a response that is not purely mechanical (reflex arc type) and adaptive, but multifactorial, that can anticipate a danger in real time, respond by establishing priorities to permanent environmental stimuli by adapting these behaviours, we are faced with a cognitive strategy involving plant plasticity that is expressed at different levels (from the phenotype to the electrome) and sometimes very elaborate strategies (e.g. cannibalistic caterpillars). These strategies are designed to survive, to establish a mesological link with their immediate environment or to defend themselves against the aggressor (VOCs, mycorrhiza..). More generally, Paco Calvo links this approach to the philosophical and ethical level (Green robots), calling for a true liberation of plants and a natural vision of the evolution of living beings, in this case Darwinian, which is opposed to the majority of positivist or neodarwinist approaches that only consider natural selection, which is, moreover, indisputable, among the discoveries of the scientist who was a great precursor of the study of movements in plants.  We leave it to the reader to discover this world full of surprises where it is a question of re-interrogating the intelligence of living beings without anthropomorphism or laxity. For us, there is indeed a singularity and a radical otherness of plants that must be respected absolutely, a new perspective to be explored, of which cognitive ecology is a major research avenue. This book brings us face to face with the knowledge and experience of the reality of aliens or non-human living organisms. It is up to us to look for other forms of perception and sensitivity that can be learned from them, without turning a blind eye.

Note from Marc-Williams Debono, author of « L’intelligence des plantes en question », Hermann Ed., Paris 2020.

La liberté dans l’évolution, Le vivant comme sujet, Imanishi Kinji, Wild projet, 2022 (1ère Ed. 2015).

 

Pour sortir de la vision mécanique moderne de la nature, il faut aussi sortir d’une théorie de l’évolution qui repose sur le hasard (des mutations génétiques) et la nécessité (de la sélection naturelle).L’évolution repose pour Imanishi non pas sur un mécanisme de « sélection » par l’environnement, mais sur une initiative du vivant. Le vivant ne subit pas l’évolution : il en est l’agent, le sujet – avec son milieu. Pour Imanishi, le sujet de l’évolution est en effet la société que chaque espèce forme avec son milieu – dans une unité concrète qu’il appelle « écospécie ». Au soir d’une vie consacrée à l’étude de la nature, Imanishi rassemble et met au clair dans ce livre ses convictions sur l’évolution. Une théorie écologique de l’évolution, par le fondateur mondial de la primatologie empathique. Note de l’éditeur.

La symphonie inachevée de Darwin, Comment la culture a façonné l’esprit humain de Kevin Laland, Eds de la Découverte, Sciences  sociales du vivant, 2022.

La théorie de l’évolution s’est longtemps heurtée à une énigme qui, pour les créationnistes plus ou moins déclarés, avait valeur d’objection : comment les exceptionnelles capacités cognitives, sociales et culturelles des humains sont-elles apparues, démarquant notre espèce de toutes les autres ? Faute d’apporter une réponse étayée à cette question fondamentale, la symphonie de Darwin est restée inachevée. Kevin Laland s’attache ici à compléter les pages manquantes de notre histoire évolutive pour comprendre par quels processus le langage, la technologie, les sciences et les arts ont été possibles. À partir d’études expérimentales étonnantes menées dans le domaine de l’apprentissage social chez les animaux et d’analyses novatrices issues de la théorie des jeux évolutionnaires, cet ouvrage retrace la manière dont la faculté propre à l’humanité de complexifier et d’accroître continuellement son patrimoine culturel a évolué à partir de comportements d’apprentissage, d’innovation et d’imitation largement répertoriés non seulement chez les grands singes, mais également chez les oiseaux, les poissons ou les insectes. Il met ainsi en évidence la dynamique de coévolution entre gènes et culture par laquelle des compétences socialement transmises ont pu orienter de façon spectaculaire le cours de la sélection naturelle chez nos ancêtres. Ce récit captivant de l’origine de notre espèce renverse la perspective de la psychologie évolutionniste, qui envisage les phénomènes culturels seulement comme des réponses adaptatives à des circonstances extérieures, dans une relation causale à sens unique allant des gènes à la culture. Il montre que la culture n’a pas simplement émergé à partir de l’intelligence, mais qu’elle a constitué le principal moteur de l’évolution dans notre lignée. Autrement dit, l’esprit humain n’est pas façonnépour la culture, mais véritablement par la culture. Note de l’éditeur.

CrashMetropolis, Design écosocial et critique de la métropolisation des territoires, Ludovic Duhem (dir.), T&P Publishing, 2022.

Le risque majeur de notre époque est celui d’un crashterritorial total. La métropolisation à marche forcée provoque la marchandisation des territoires et la dégradation des milieux qui les rendent habitables. Ce volume tente d’y répondre en réunissant chercheurs, concepteurs et activistes reconnus pour leur engagement. Leurs contributions examinent l’implication directe des designers, architectes, urbanistes et artistes pour comprendre leur responsabilité et les potentiels de « réhabitation » que ces pratiques peuvent porter. Dans ce travail de « recherche-édition » richement illustré les différents régimes de discours (textes et images) et les propositions graphiques soutiennent l’esprit critique et expérimental du projet. Sous la direction de Ludovic Duhem, philosophe, coordinateur de la recherche à l’École Supérieure d’Art et de Design (ESAD) de Valenciennes. Note de l’éditeur. 

Self-Organization as a New Paradigm in Evolutionary Biology – From theory to applied cases in the three of life, Anne Dambricourt Malassé Editor, Springer Nature, Switzerland, Series Ed. R.G. Delisle, Vol. 5, July 2022.

The epistemological synthesis of the various theories of evolution, since the first formulation in 1802 with the transmission of the inherited characters by J.B. Lamarck, shows the need for an alternative synthesis to that of Princeton (1947). This new synthesis integrates the scientific models of self-organization developed during the second half of the 20th century based on the laws of physics, thermodynamics, and mathematics with the emergent evolutionary problematics such as self-organized memory. This book shows, how self-organization is integrated in modern evolutionary biology. It is divided in two parts: The first part pays attention to the modern observations in paleontology and biology, which include major theoreticians of the self-organization (d’Arcy Thompson, Henri Bergson, René Thom, Ilya Prigogine). The second part presents different emergent evolutionary models including the sciences of complexity, the non-linear dynamical systems, fractals, attractors, epigenesis, systemics and mesology with different examples of the sciences of complexity and self-organization as observed in the human lineage, from both internal (embryogenesis-morphogenesis) and external (mesology) viewpoints. Editor’s Note.

Publication de Des cris dans les arts plastiques – De la Renaissance à nos jours de Christian Ruby, La Lettre Volée, 2022.

Souffrance des mères de Guernica, clameur des Sabines enlevées par les Romains, visage contourné d’une Méduse hurlante, confrontation de cris entre deux personnes dans une vidéo, œuvre-cri sonnant l’alerte contre les tragédies d’Innocents migrants en Méditerranée, ou en mobilisation en faveur de l’anthropocène… Au cœur de ces œuvres une bouche fait trou, tache noire ou creux pour le regard. En cri ou en geste, la bouche attire l’œil des spectatrices-spectateurs qui ne peuvent en obturer la béance. Mais depuis quand, pourquoi et comment ces œuvres s’intéressent-elles à ces cris ? S’adressant au public soucieux de comprendre les arts et les images, de la fresque à la performance, cet ouvrage démontre et montre que ces œuvres s’attachent, malgré leur réputation « de mauvais goût », à mettre en avant des scènes de cris afin d’en faire émerger la signification moderne. Ces cris suspendent, en effet, toute culpabilité religieuse ou allusion aux dragons médiévaux. Ce sont des cris individuels ou collectifs, pleins de réprobation envers des sources humaines (guerres, dominations, crimes), en forme d’appel aux spectateurs. Note de l’éditeur. Christian Ruby a publié plusieurs articles croisant cette thématique que vous pourrez lire dans Plastir n° 55, 56, 59.

Publication de l’Erreur d’Einstein – Aux confins du cerveau et du cosmos de Denis Le Bihan, Odile Jacob, 2022.

À n’en pas douter, Denis Le Bihan a longuement mûri  ce projet ambitieux  de présentation d’un espace-temps cérébral découlant de la fameuse « erreur » d’Einstein. L’ouvrage, pointu pour les non-initiés, se lit néanmoins comme un roman grâce à l’approche singulière de son auteur, passionné de physique dès son plus jeune âge, qui  nous fait découvrir avec une grande pédagogie et le sens du suspens comment ses intuitions et grands questionnements ont pu trouver des réponses au sein de son parcours brillant de neurobiologiste. Si on hésite parfois entre science académique et science fiction, les démonstrations scientifiques de Le Bihan sont incontournables sur bien des points, permettant aux néophytes de découvrir le fonctionnement du cerveau et les lois du cosmos sous un angle neuf, avec force illustration et une didactique irréprochable. Au delà de cette clarté, on est vite projeté dans un univers cosmique obéissant aux lois de la relativité générale d’Einstein, indentée de l’apparente contradiction de l’observation de l’expansion de l’Univers par Hubble en 1929 qui le conduira à revenir sur sa description initiale d’un univers statique (la fameuse constante cosmologique) dans la théorie de 1905 (relativité restreinte) et à ajouter « l’énergie du vide » à ses équations. Énergie qui s’avèrera correspondre à l’accélération de l’expansion de l’Univers et à la description d’une quantité énorme d’énergie sombre (environ 70%) dont les trous noirs sont l’expression la plus flagrante. L’erreur d’Einstein, qui n’en était donc pas une, suivie de sa défiance pour la mécanique quantique constitue la trame de fond de la première partie de cet ouvrage qui nous plonge pas à pas,  avec minutie et force détails dans les grandes étapes de cette fameuse découverte. Le lecteur voyage de référentiels en référentiels imagés d’exemples concrets sur la valeur finie de la lumière, l’équation de Michelson-Morley ou l’espace-temps de Minkowski qui servira de base à l’hypothèse maitresse de l’ouvrage liant l’univers cérébral au cosmos et l’activité de la matière grise à la diffusion de la matière blanche. Prenant appui sur l’imagerie cérébrale – notamment l’IRM de diffusion dont il est l’inventeur – et les découvertes majeures sur le connectome (organisation spatiale du cerveau), l’auteur revient, sans jamais céder à l’analogie pure, sur nombre de points clefs liés à l’espace mental comme la perception et ses illusions, le cerveau social ou les troubles mentaux comme la schizophrénie ou l’autisme qui pourraient êtres appréhendés de façon différente en tenant compte du modèle d’espace-temps cérébral (ETC). On est alors projeté dans un monde de connexions, dans « les couloirs du temps du connectome», la gravitation cérébrale et les univers multiples qui nous conduisent à appréhender les nouvelles frontières de ce révolutionnaire ETC (Chap. 7). Il s’agit d’un univers spatio-temporel en 4D dont la courbure espace-temps est liée à la masse (énergie) des nœuds cérébraux (amas de substance grise) qui génèrent des courants bioélectriques et autres activités neuronales le long de « lignes cérébrales » ou  géodésiques qui suivent le connectome. Le lecteur pourra approfondir chapitre après chapitre, en s’appesantissant sur certains, à la fois l’historicité et l’actualité brûlante de ces différents concepts, qu’ils aient trait à la neurobiologie ou à la physique théorique, tandis qu’en fin d’ouvrage, on découvre un ambitieux projet d’arches de NeuroSpin… Autant d’axes de recherche aux confins de deux univers qui se télescopent. Denis Le Bihan demeure néanmoins lucide en posant certaines limites liées au modèle de pseudo-diffusion et en rappelant l’actualité des questionnements sur la gravité quantique, tout en ouvrant un nouveau pan de recherche aux physiciens, aux biologistes, mais aussi aux philosophes comme Ishiguro dont l’œuvre a, indépendamment d’Einstein, inspiré sa quête d’une constante cosmologique et d’un espace-temps cérébral. Une approche transdisciplinaire que l’on ne peut que recommander !  Note de Marc-Williams Debono

Publication de Philosophie de la Maison L’espace domestique et le bonheur d’Emanuele Coccia, Eds. Payot & Rivages, Paris, 2021.

Un Coccia en cachant un autre, on aurait pu s’attendre sur un tel sujet « le bonheur chez soi » à une architectonique différente, une accroche terre à terre échappant à l’énergie cosmique et à la vie « à la frontière » du monde vivant. Or, on est toujours pris dans la pensée enveloppante de l’auteur, ses métamorphoses incessantes, qu’il s’agisse de vie sensible ou d’urbanité, d’espace clos ou ouverts, de philosophie sur l’habiter à travers les âges et des choses de la maison qui font notre quotidien et notre historicité.  Cette magie opérative nous sauve à vrai dire d’une tendance pour le moins saltatoire dans le déroulé – chapitre après chapitre – de cette domesticité. De fait, quelque sujet que l’auteur aborde au fil de l’ouvrage: des amours aux armoires, des salles de bain aux couloirs, des déménagements aux réaménagements, on échappe pas, dans cette biographie urbaine, aux fondements moraux, éthiques et affectifs qui font qu’une maison est beaucoup plus qu’un lieu, c’est notre antre, le repère absolu de pans de nos vies parsemé de souvenirs, de recoins, de peurs, de maladresses, de relationnels construits pendant des décennies, de petits riens qui sont tout et de toutes ces choses qui ne sont rien au regard des autres. En effet, Emanuele Coccia ne se contente pas de nous faire pénétrer dans les recoins de « sa maison » – allusion aux jumeaux ou à ses peurs enfantines – mais parsème ses descriptifs minutieux « de murs infranchissables », de mystère domestique et d’une vie psychique intense qui prend le lecteur à bras le corps, le projette dans cette maison. Ainsi dans d’autres chaumières, plus qu’une philosophie culinaire, c’est d’un festin qu’il s’agit où le vivant à une place de choix. Plus qu’un décor vert, ce sont les poumons de la planète, les arbres, les jardins et la forêt qui nous relient à la terre. Plus que des réseaux sociaux, ce sont « ces machines psycho-mimétiques » qui traduisent aujourd’hui nos pensées. Mais, quelque soient les artefacts ou la structure qu’on donne au bonheur, la maison reste le centre du monde. Note de Marc-Williams Debono

Publication d’ORLAN – Strip-tease / Tout sur ma vie, tout sur mon art, Gallimard, Coll. Témoins de l’art, 2021.

Le sous-titre de ce livre d’ORLAN sur ORLAN parle de lui-même. L’artiste s’y livre comme jamais, performeuse précoce, hybride avant l’heure, novatrice et chantre du bio-art… Tour à tour on est happé dans une spirale où la vie intime de l’artiste est inséparable de l’œuvre en gestation. De corps en corps comme elle le vit en 1963, le lecteur pénètre dans son monde, sa tribu, sa corporéité qui sera mise en lumière dans « le baiser de l’artiste », ses frasques, ses envies, ses regrets, sa contestation profonde, son historicité. Et c’est d’une esthétique nouvelle qu’il s’agit, qui choquera lors de la pose de ses implants en direct pour rester dans la postérité, déprimera certains, révolutionnera les autres, personne ne pouvant rester indifférent face à la performeuse ORLAN, une artiste presque sans limites qui en désarçonne plus d’un  – ce qui est au demeurant salutaire dans la période par trop stéréotypée ou lisse que nous vivons. ORLAN, c’est aussi des traumatismes à répétition, un ORLAN-CORPS qui exulte, se bat et crie sa féminité comme sa férocité face aux caricatures. Une extra-terrestre qui épouse l’espace-temps autant en volume qu’en contenu. Tantôt créature de rêve, tantôt transfuge, hybridée ou robotisée, sa vie d’artiste suit le cœur du temps sans Dieu ni Maître, dans un engagement militant pour une humanité libérée de son carcan de conformismes. Chaque trace laissée là, chaque rencontre-clef provoque chez elle un accès poétique, baroque, théâtral, une dramaturgie vécue au quotidien comme autant de facettes de son art qui va à l’encontre de. Provocation qui scande toute la vie de l’artiste à découvrir en long, en large et en travers dans ce passionnant strip-tease !   Note de Marc-W. Debono

Publication du livre EAU – Un regard et des mots de Stéphanie Reiss, La Martinière, 2021.

EAU nous fait d’emblée pénétrer dans un univers écopoétique où le bleu des rivières et des océans rime avec le regard appuyé d’un témoignage, d’une expérience singulière. Stéphanie Reiss joue en effet dans cet ouvrage magnifiquement illustré sur tous les reflets de l’eau (A. Queffélec). On voyage ainsi au sein de  cosmogonies multiformes qui prennent leurs sources en Orient comme en Occident, ont tantôt un accent éco-responsable et humanitaire, tantôt maritime ou proprement océanique (A. Cazenave, F. Frey,  S. Lelong), mais toujours poétique et ouvrant sur l’imaginaire. Un regard porté au delà des frontières, mêlant pêle-mêle récit, scénographie, fontaine de jouvence et généalogie de l’eau (J.P Luminet). Tour à tour, on passe de l’eau-miracle à l’eau précieuse, de l’eau-poème à l’eau-matière, de l’eau matricielle – symbole de la féminité – ( C. Carlson) à l’eau en regard des mots, puissant relent qui scande tout au long de l’ouvrage une poésie débridée, quasi impressionniste, qui ne demande qu’à envahir les eaux dormantes, les longs fleuves tranquilles de villes traversées par ce qui donne vie, à l’image des vallées fluviales du Nil ou du Gange et ses alluvions sacrées…  Ode à la nature et à la fécondité de l’eau (V. Cabanes) contrecarrées par les démons des marais ou la rage des océans qui font surgir des déluges mythologiques encore présents, balayant d’un trait nos entendements. Maintes photographies fantastiques en témoignent, nous plongeant au cœur des abysses, du lac Phoksundo (J-P Baiardi) ou de ce magnifique bleu figurant la planète Eau (P. Delecluse) qui ouvre et ferme ce livre. L’eau comme source de vie (SAS Le prince A. II de Monaco) irradie ce cheminement, sacralise la méditation marine (R. Calcagno) qu’on nous ‘enjoint’ à partager. On ne peut tout citer, tant l’essentiel dans cet espace ouvert sur l’infinité est, au delà des plaidoyers et des retours d’expériences, de saisir la réalité comme la déréalité de chaque image face au long poème qui parcourt l’ouvrage. « Je suis l’eau multiple »… « le passeur de vie »… « Je frôle l’infiniment grand, je parle à l’infiniment petit, je suis le trait d’union de tous les commencements, je suis l’intention de l’univers et réveille les vestiges sauvages blottis en vous. » nous dit S. Reiss. Nous sommes les témoins reconnaissants de cette goutte d’eau qui, enfin, fait déborder le vase.  Note de Marc-W. Debono

Publication de Artaud-Passion de Patrice Trigano, Les lettres Nouvelles -Maurice Nadeau, 2021.

Patrice Trigano nous fait pénétrer dans l’antre chaotique d’un Artaud tout juste sorti d’un long séjour en asile (1946) au travers de sa relation forte et singulière avec la jeune Florence Loeb. Un voyage quasi initiatique, que le lecteur qui n’a pu assister à la pièce de théâtre au nom éponyme brillamment interprétée par William Mesguich et Nathalie Lucas et mise en scène par Ewa Kraska au Off d’Avignon cette année (et précédemment lors de sa création en 2016 sous la direction d’Agnès Bourgeois), fera sous l’égide de l’auteur dont l’écriture acérée (cf. La canne de St Patrick, Ubu Roi ou l’Oreille de Lacan) nous fait pénétrer dans les arcanes de la petite comme de la grande histoire d’Artaud. Conté par Florence, alors avancée en âge mais toujours passionnée et vivant ses souvenirs intensément, ce récit est vibrant, cruel, émouvant, vécu de l’intérieur au point que l’on ne peut que s’identifier tout comme elle au poète, éprouver sa souffrance, son désarroi, sa révolte, pénétrer dans les arcanes de sa pensée. Hormis cette belle approche du « théâtre de la cruauté », l’auteur, lui même galeriste, nous explique son propre cheminement, ses découvertes à propos du « théâtre et son double », ses vifs échanges avec Florence Loeb qui craignait une trahison des écrits d’Artaud, les relations étroites sur le plan intellectuel et artistique entre son père Pierre et Artaud. Illustré de photos, de peintures des Loeb et de dédicaces originales d’Artaud  à Florence, cet ouvrage nous entraîne dans sa deuxième partie au rendu théâtral à proprement parler. Là, des extraits de scènes, de fines analyses de la « folie » d’Artaud, de ses lettres passionnées, de son imaginaire fulgurant, de sa sensorialité, de la qualité et de la singularité des interprètes qui ont joué cette pièce ne peuvent nous laisser indifférent, tant le terrain est mouvant, vallonné, tiré vers le haut, nous fait voyager dans des contrées lointaines, puis soudain  « écouter le silence », les cris suspendus, la violence d’une langue incisive, à couper au couteau, sans jamais tomber dans le mélodrame ou le mal absolu. Une belle performance de Patrice Trigano dont le fascination est contagieuse.  Note de Marc-W. Debono   

Publication de Plasmas, Céline Minard, Rivages, Paris, 2021.

Céline Minard nous plonge dans un univers renversant où les espèces et les genres s’enchevêtrent, le réel et le virtuel communiquent par des fils ténus et invisibles. Qu’elle décrive les mesures sensorielles effectuées sur des acrobates dans un monde post-humain, la conservation de la mémoire de la Terre après son extinction, la chute d’un parallélépipède d’aluminium tombé des étoiles et du futur à travers un couloir du temps, ou bien encore la création accidentelle d’un monstre génétique dans une écurie de chevaux sibérienne, l’auteure dessine le tableau d’une fascinante cosmo-vision, dont les recombinaisons infinies forment un jeu permanent de métamorphoses. Fidèle à sa poétique des frontières, elle invente, ce faisant, un genre littéraire, forme éclatée et renouvelée du livre-monde. Note de l’éditeur

Publication de Sentir et Savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Odile Jacob, Paris, 2021.

Après avoir démontré l’erreur de Descartes et la place prépondérante qu’occupent les émotions chez l’homme, Antonio Damasio nous fait pénétrer dans cet ouvrage dans le monde du sensible qu’il met face à celui de la connaissance acquise ou du savoir. Mais ce qui frappe d’emblée dans ce livre et qui signe peut-être un tournant dans les approches du neurobiologiste, c’est la distance qu’il a mise par rapport à ses travaux expérimentaux pour nous présenter avec une dextérité étonnante cette “nouvelle théorie de la conscience”. De fait, les émotions y sont d’emblée distinguées des sentiments et des contenus de l’esprit humain et la bipolarité entre le sentir et le savoir s’instaure sur des critères homéostatiques propres à l’intelligence du vivant (une compétence non explicite, cachée mais hautement sensible et réactive) auxquels s’ajoutent la description de la différence fondamentale entre l’être, le sentir et le connaître, autrement dit la nature de la conscience et de l’esprit humain. On parle ici d’une intelligence explicite, d’une représentation mentale liée aux centres somatosensoriels qui aboutit à une individuation et à un véritable “sentiment” de conscience. Dans cette optique non dualiste où l’être se situe avant le sentir, ce sentiment de soi, qu’il définit comme “une perception interactive vectrice d’informations hybrides, à la fois qualitatives et quantitatives, provenant du corps et de l’esprit” se construit aussi, et c’est un message important de ce livre, sur l’intéroception, c’est à dire sur des messages allant directement du corps au cerveau. Cette perception interne liée aux organes des sens mobilise selon Damasio, à la fois l’intelligence sans esprit et l’intelligence manifeste ou explicite. A l’autre bout, les images mentales ainsi générées ne sont pas que le reflet des représentations du monde extérieur, mais aussi celles du monde intérieur (c’est à dire viscéral, organique ou en rapport avec le système nerveux entérique) avant d’être intégrées au niveau des noyaux centraux et du tronc cérébral puis des zones corticales sous forme de cartes dynamiques. L’auteur montre ainsi clairement que les sentiments juxtaposent les images mentales de l’extérieur et les interactions entre ces cartes et leur origine somatique, donnant aux corps dont ils sont hôtes, des informations en temps réel sur l’état et le devenir de leurs fonctions. On ne peut tout décrire, car ce livre est autant didactique – Damasio prenant soin d’éviter les confusions en redéfinissant à chaque fois ce qu’il entend par sensation, conscience, cognition, esprit, sentiment ou savoir – que prospectif, dressant un tableau en 3D des contenus de l’esprit comme de la nature des sentiments. En conclusion, l’auteur ouvre de nouvelles perspectives à notre espace sensoriel, en décrivant la fabrique de l’esprit et l’importance cruciale de nos ressentis dans toute approche phénoménale de la nature de l’esprit comme de la vie. Note de Marc-Williams Debono

Publication de La pensée de Bergson à l’ère des neurosciences cognitives,  Eds Hermann, Péguy Lumuène Lusilavana, Paris, 2021.

Les relations humaines peuvent-elles transformer nos vies ? En croisant le discours de Bergson avec celui des neurosciences cognitives sur la notion de plasticité, ce livre ouvre l’horizon d’une philosophie des relations interhumaines. On ne peut qu’être admiratif du champ épistémologique qu’il embrasse, qui témoigne d’une vaste culture classique et contemporaine, de la lecture attentive et minutieuse de Bergson jusqu’aux penseurs des relations interpersonnelles, en passant par l’analyse précise des principales figures du cognitivisme. On y relève des à-côtés bienvenus, comme l’analyse judicieuse de la « mouillature » chez Charles Péguy, qui associe la notion de plasticité aux « liquidités » philosophiques de Bergson. Dans cette enquête originale et stimulante, qui ouvre des pistes pour de futures recherches, est étudiée la manière dont la plasticité ouvre sur les relations vitales entre les humains, conduit à des transformations sociales et à l’espérance que celles-ci doivent continuer à susciter. Note de l’éditeur.

Publication de Conducting Transdisciplinary Research, Eds Yeh, Nicolescu, Ertas, Atlas Publishing, USA.

Cet ouvrage de près de 300 pages fêtant les 20 ans des éditions Atlas très impliquées dans les avancées transdisciplinaires, tous secteurs confondus, donne un aperçu du large spectre couvert par ses approches. Il concerne autant les sciences de la vie et fondamentales, que l’économie sociale, l’éducation (Bob Stroud), l’ontologie (McGregor and Gibbs), les technologies, l’évolution (Hernández-Aguilar et al.), la santé publique (Lawrence) et la géopolitique (Gashi & Kuçi). Ce livre en open access vous permettra d’apprécier de nombreuses publications scientifiques  transdisciplinaires. Introduit par deux articles de fond sur la pensée et les process transdisciplinaires de Raymond T. Yeh et de Sue L.T. McGregor, il s’achève au chapitre 14 (pp 263-296) par la dernière publication de M-W Debono sur les modes de cognition chez les plantes (« Electrome & Cognition Modes in Plants: A Transdisciplinary Approach to the Eco-Sensitiveness of the World » TJES, Vol. 11, pp. 213-239, 2020). Cette thématique et son implication en terme d’écosensibilité seront notamment traitées au troisième congrès mondial de transdisciplinarité au Mexique en 2022. Note de Marc-Williams Debono 

Publication de Mésologie Urbaine d’Augustin Berque, Editions Terre Urbaine, 2021.

Augustin Berque nous fait découvrir dans cet ouvrage les arcanes de la mise en lumière progressive de la mésologie depuis sa fondation positiviste jusqu’à sa définition postmoderne où  cette ‘science des milieux’ tend à s’opposer  à une écologie scientifique considérant l’environnement et la biomasse comme les seules données brutes à exploiter. Plus subtilement, l’auteur nous invite à découvrir dans l’approche mésologique, non pas un dogme mais une ouverture et une perspective en devenir. Au travers de l’écoumène et de la mésologie urbaine, c’est la dimension phénoménologique et humaniste qui prennent le pas, montrant par l’exemple, qu’outre la pertinence du couple dynamique entre les êtres vivants et leurs milieu singulier, ce sont les sciences  humaines, l’habitat, les traditions, les cultures et leurs empreintes langagières ou rituelles spécifiques qui construisent le monde. D’où ce va-et-vient cosmosomatique signifié par les mots agencés dans un contexte donné. D’où ces principes écouménaux de géographie humaine illustrés par le monde prédicatif de Nakamura à propos de Nishida où la Terre devient sujet. D’où encore un chapitre interrogeant la mondialisation et une incursion intimiste dans l’intériorité et la spatialisation japonaise. Les notions de communs, d’espaces privés et partagés et d’écologie existentielle ou médiale perçues au travers du Fûdo et de l’Umwelt, donnent enfin au lecteur une vision en grand angle de la pensée berquienne qui croise trajectivement philosophies occidentales et orientales pour en sortir le meilleur : ce lien intime à la Terre qui nous unit tous, et à l’heure de l’Antropocène plus encore. Note de Marc-Williams Debono

Publication de La contagion du coeur. Une enquêre entre science, sagesses et expériences vécues de Laurence de la Baume, Edtions Massot, 2021.

Notre cœur s’emballe au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture de ce récit à la fois romancé, autobiographique et fruit d’une enquête fouillée à laquelle l’auteur participe de l’intérieur. Laurence de la Baume nous fait prendre un cheminement singulier au travers de témoignages de scientifiques et d’expériences vécues le long de la Seine, à Bruxelles ou à Pondichéry. On perçoit vite l’urgence de la situation : reconnaître l’influence prépondérante de cet organe essentiellement assimilé à une pompe sur le cerveau, le corps tout entier et les êtres qui l’habitent. S’y inscrivent une dimension affective, des pensées cosmiques enracinées dans une conscience singulière –  celle de la narratrice – à la recherche permanente de liens entre l’un et le tout, un principe évolutif et non local qui serait rémanent à tout être vivant adoptant la sagesse et l’amour vrai (Satprem) comme moteurs et mémoires de la vie. Prête à tout pour « reprogrammer sa disquette », l’auteur tisse sa toile autour d’un lecteur entraîné (tout comme « les experiencers.. ») à faire parler son propre cœur dont on découvre qu’il occupe une place centrale dans l’histoire de l’humanité. « L’information  de l’univers se transmet à travers le cœur jusqu’au cerveau et certaines parties vont vers notre conscience », dit-elle en substance. Une place jadis prépondérante en Orient pour le passage dans l’au-delà, qui se traduit aujourd’hui en fréquences et en ondes électromagnétiques, en mesures quantiques disséminées au travers de milliers d’agrégats cellulaires…  Et ce rythme effréné conduit par le champ magnétique cardiaque (5000 fois plus  puissant que celui du cerveau) conduirait la cavalcade, une contagion sans limites abreuvant nos corps comme nos consciences assoiffés. C’est de cette intelligence ou cette conscience du cœur dont il est question dans ce livre, vue sous des angles convergents mais très différents en nature. De l’écoute attentive de Paul aux préceptes de Sri Aurobindo et de la Mère, de la philosophie du tout d’Ervin Lazlo aux expériences de Van Lommel (cardiologue), des approches scientifiques de chercheurs en psychologie expérimentale (Mc Craty) ou en épigénétique  (Biav et Lipton), mais aussi de Nelson ou de Teilhard de Chardin, on voyage à travers des propos tantôt pointus, tantôt ésotériques, les découvertes extraordinaires de la science, de nouveaux espace-temps, des conversations à bâton rompu… À cela se mêle les paroles du sage et le drame du personnage d’Alba, la présence omniprésente d’un cœur qui bat la chamade, parfois dans le corps d’un autre, ou encore d’expériences de NDE, donnant l’impression de peut-être passer à côté de quelque chose, d’un « ordre impliqué » ou d’une in-formation (prise et émanant de la forme tout comme la  plasticité !), d’un champ amoureux fertile conduit par le géomagnétisme des battements  du cœur… De quoi s’ouvrir à l’écoute et se mettre au diapason de la nature lorsqu’elle fait corps à l’esprit. Note de Marc-W. Debono

Publication de La cime ne me contredit pas, Essai de liberté esthétique d’Arta Seiti, Fauves Eds, 2021.

Le titre de cet essai donne d’emblée le ton. Un dialogue poétique et esthétique à la première personne  qui nous emmène  loin des sentiers balisés, dans un espace sombre et lumineux à la fois, un abîme dont Arta Seiti nous répète sans cesse qu’elle vient et nous en extrait à la fois. On entre dans cet univers comme dans un roman, une course-poursuite haletante, aux contours flous et lancinants, toujours évoqués, jamais imposés, un voyage dans un passé omniprésent flanqué de figures de proue à l’image de ces cimes dociles ou de ces fabuleuses figures en route permanente vers l’auteur. Préfacé par A. Santacreu, un lecteur qui se dit à juste titre « élu », autrement dit qui a l’opportunité de traverser ce moment intense de partage, de « risque littéraire ultime » qui nous fait découvrir des seuils et une historicité, l’écriture colorée, magique comme l’évoque B. Nicolescu, et proprement imaginale d’Arta Seiti dépeint une résistance comme chemin de connaissance. On est pris dans ce récit intimiste et géopoétique comme un insecte dans la toile. Impossible de s’en extraire, fascinés et effrayés par cet abîme qui ne se nomme pas et nous entraîne dans les bas fonds de l’âme, tour à tour  conquis par « Ces cheveux-soleil et corps pur, formés de cette masse étoilée », « Cette légende dorée et bleutée ! Ralliement à la pureté du blanc » et prisonniers de la métamorphose : « Puissante pâleur. Un coup de foudre part de la terre. Rupture du temps. Déchirure des dames blanches. Chambre noire. Libre ce créer. « Tel un spasme, cet état envenime une tension imminente. L’air s’ionise. La température commence à monter en hauteur et l’eau se concentre. », nous dit-elle en substance. Mais là où nous trouvons concentrés une envolée lyrique et le plus haut point de cette métamorphose, c’est dans la rencontre entre l’hêtre et l’être, entre les intimités végétales qui évoquent à l’auteur son enfance, la réalité d’une gravité perdue et cette reconstruction dont la jeune fille émane, ce débordement des sens qui consiste à percevoir « La hêtraie ou le hêtre domine » comme avant tout une immense forêt de signes dont l’abîme s’absout au fur et à mesure qu’il perçoit la clarté dans les bois, le message des cimes, la philosophie de la nature : « A l’étage montagnard, près des hêtraies, ma pensée ne bégaye pas, elle s’émancipe, geste gai et créatif. Je ne suis plus dans l’impasse. Je me lance dans une quête de sens irréductible. Je cherche à sonder le sommet, une liberté à l’aboutissement. Ici mes limites sont les extrêmes. Mon art, réaction de l’être à l’orée des hêtraies ».  À l’image de l’auteur arpentant corps et âme le pont de Fagus en quête du sillage,  partageons ensemble  ce moment rare !  Note de M-W Debono

Publication d’Adoniada du poète Adonis, Le Seuil, Paris, 2021.

L’Adoniada d’Adonis est sans conteste une merveilleuse ode à la vie, mais plus encore une véritable épopée des – et hors des – temps modernes qui nous emporte au sein d’un flot d’horreurs guerrières, de narrations et d’amours tantôt meurtries, tantôt épanouies… Une évasion de la parole que le poète biographe manie à la perfection,  s’échappant à chaque fois de son carcan pour rebondir où on ne l’attend pas : d’Orient en Occident, de Londres à Beyrouth, de la Grèce antique à Bouddha et Confucius, de Dionysos à Zarathoustra, de « l’amant de la lumière » à la poétique de l’arbre-esprit, mais là où on pourrait voir un déferlement de sens et de mots abouchés, un délire cacophonique, se dévoile une présence, l’unité profonde d’un poème qui nous entraîne et s’offre à nous comme le ferment du mythe primitif d’Adonis en Haute Asie ou celui célébré à Byblos ou à Alexandrie. De la légende d’Adonis-Thammouz à cette Adoniada colorée, imaginaire, festive, aux accents maures ou andalous qui traversent le temps se dessine l’exil obscur et lumineux inséparable de l’œuvre solaire d’Adonis l’écrivant. Or, cette ternarité toute lupascienne, mais déjà inscrite dans le Tétralemme indien, incarnée par le poète en train de poétiser dépasse par essence les contradictions et nous révèle tantôt un seuil, tantôt « l’eau et le feu », un corps qui s’étend, dépend, s’éprend, un petit bout de soleil couchant.. C’est la magie opérative de ce long chemin épique qui nous fait entrer dans l’imaginaire même du poète, bordée de réalités comme d’illusions, de terres lointaines, de souvenirs d’enfance, des mues successives de son corps et de son esprit : un chant lancinant, un rêve éveillé auquel on prend part, son intimité première. Cette voûte céleste, « ce corps-espace », ces doigts, ces lèvres, le sommet des montagnes comme l’opium du peuple, tout y est éphémère et constant à la fois, hôte d’un monde d’extase et de relation. « L’arbre est une histoire : il naît, il grandit, vieillit, meurt et se transforme. La mort de l’arbre autant que sa vie, est un poème à la nature écrit. Elle l’écrit à l’encre du temps et des lieux. Elle l’écrit… à l’encre des métamorphoses… » nous dit le poète-alchimiste. Des légendes millénaires, celle « d’une divinité à l’origine multitude » à qui il pousse des branches infinies dont la mandragore se nourrit métaphoriquement, celle du vaisseau fantôme qui traverse les galaxies, celle de Myrrha, princesse Assyrienne incestueuse qui donna naissance à l’arbre-homme Adonis… On voit là, comme le souligne Bénédicte Letellier, sa préfacière et traductrice, en référence à Bonnefoy, que si le poète fait l’expérience à travers les mythes, ils sont pour Adonis éminemment incarnés : tout se passe à travers ses sens, sa peau, ses fissures, les odeurs comme les lieux multiples, les envolées lyriques, les traversées de l’âme. Et de l’arbre à l’homme, cela lui donne une éternité. Mais une éternité attentive, constamment à l’écoute des silences et des cris, une âme errante, en exil, qui en appelle autant à Averoès qu’à Rimbaud, surplombe les imaginaires, est poreuse aux milieux et aux plis, s’en imprègne, les transcende, tout comme la chenille, devient papillon. Note de M-W. Debono 

Publication de La pensée végétale. Une philosophie de la vie des plantes de Michael Marder, traduction de Cassandre Gruyer, préface de Gianni Vattimo & Santiago Zabala Presses du réel, 2021.

Les Presses du réel nous proposent la première traduction française de « Plant Thinking : a philosophy of vegetal life » du philosophe Michael Marder se positionnant comme l’un des acteurs majeurs de la déconstruction de la métaphysique occidentale et du renouveau d’une pensée résolument végétale. Pour ce faire, il aborde au gré des chapitres du livre ce qui construit cette radicalité propre : l’âme ou la signification réelle de la vie végétale (sa vitalité, son déséquilibre stable, sa vie silencieuse, cachée, ses communs ou sa nature partagée, sa singularité, sa démocratie), sa corporalité (ses germinations, son hétéronomie, son langage corporel, sa figuration, son collectif, son existentialité), sa temporalité (ses modes et rythmes de croissance, ses silences, son itérabilité, sa dialectique asymétrique, son hétéro-temporalité, sa liberté et sa sagesse (son indifférence, son nihilisme, son être, son émancipation, sa sensibilité extrême, son « intentionnalité non consciente », son extension dynamique). À mesure qu’on avance dans la lecture très argumentée de cette philosophie naissante s’appuyant sur des observations platoniciennes ou aristotéliciennes, sur les textes d’Héraclite ou de Théophraste, mais aussi sur nombre de ses pairs plus contemporains incluant Bergson, Nietzsche, Heidegger, Lévinas, Rousseau, Hegel ou La Mettrie, sans omettre von Uexküll et quelques poètes comme Novalis, Ponge ou Pessoa, on perçoit le sens de sa phénoménologie sous-jacente :  opposer la pensée végétale à la pensée mécanique, matérialiste et destructrice des autres espèces. Ce combat, activiste sur un plan formel, prend ici plus la forme d’un plaidoyer éthique et politique face à la montée en puissance des découvertes scientifiques récentes en matière de signalisation, de communication et de sensibilité chez les plantes. De fait, quelque soient les critiques, enthousiasmes ou excès sémantiques provoqués par le courant de ‘neurobiologie végétale’, il a mis l’accent sur la complexité et la sophistication des comportements végétaux comme le besoin impérieux d’approfondir les recherches afin de redéfinir des termes jusque là réservés au monde animal ou humain (tels la perception, l’intelligence, la cognition ou la conscience). Mais là n’est pas le sujet de cet ouvrage, qui après avoir fait le constat amer d’un abandon de la philosophie et surtout de la métaphysique vis à vis de la végétalité, nous invite, non pas à penser la plante dont, on l’aura compris, la nature est foncièrement différente de la nôtre (elle est autotrophe, décentralisée et indissolublement liée à son milieu), mais à entrer au coeur de la pensée végétale. Et c’est là un parcours délicat au travers duquel Michael Marder nous guide en mettant en avant la dialectique dynamique contradictoire de type lupascienne des plantes, à la fois multiples et singulières (désindividualisées), dans une temporalité et quasi immortelles, d’un monde et hors de ce monde (enracinées et libres à la fois), répondant à toutes les tensions liées aux éléments, inventives et d’une plasticité sans limites. Une façon d’être radicalement opposée à notre égocentrisme et territorialisme, autrement dit totalement immersive vis à vis du milieu et des espèces qui l’entoure au point de faire corps avec lui et d’établir des modes de vie singuliers qui interrogent… Il s’agit donc pour l’auteur de cesser sur le champ d’instrumentaliser, de décrier ou d’inférioriser les plantes, afin de révéler tout ce potentiel, qui finalement ne nous est pas si étranger, car il y a, sinon une âme, une part végétale en nous. Plus encore, le phytocentrisme prôné par Marder nous conduit à penser la vie à travers ou par les plantes, ce qui pose un certain nombre de questions, non pas tant sur le zoo- ou l’anthropcentrisme en sens inverse, mais sur ce que l’auteur nomme « le verdissement de la conscience », à savoir une lutte acharnée contre l’annihilation de la végétalité (l’animalité ayant déjà été réprimée par l’homme) et pour la réhabilitation de son être cosmologique (rendant la vie possible, la planète habitable), en opposition à celui des êtres synthétiques (plastiques, hydrocarbures, etc..) destructeurs de la biodiversité à l’heure de l’Anthropocène. Cette démarche empathique, profonde nous conduit à repenser notre relation au monde végétal sur le plan éthique, ontologique et pas seulement philosophique, à véritablement nous mettre dans la peau d’une plante… Note de M-W. Debono

Publication de « Philosophy in reality« , de Joseph E. Brenner et Abir U. Igamberdiev, Springer, 2021.

Faisant suite à « Logic in Reality » publié par Joseph E. Brenner chez Springer en 2008, « Philosophy in Reality », sous-titré ‘Un nouveau livre des changements’ en référence à l’ancien livre de divination chinois « I Ching or Yi Jing » peut-être considéré  comme la seconde œuvre majeure de l’auteur qu’il signe avec le biologiste Abir U. Igamberdiev. Alors que le premier ouvrage était consacré à la dialectique lupascienne et ses conséquences en termes épistémologiques, philosophiques comme d’intégration et d’émancipation de la logique antagoniste de Lupasco à travers l’étude de modèles dynamiques que sont les LIR (Logique dans la réalité), cet ouvrage imposant (516 p) se présente comme la synthèse d’une pensée paradigmatique dédiée à l’étude transdisciplinaire des processus sous-jacents à l’unité de la connaissance. Plus précisément, il se veut établir une métathéorie et des ponts entre la systémologique, la philosophie et les processus biophysiques naturels qui nous gouvernent. Dans ce but, il se positionne d’emblée hors du cadre réductionniste pour amorcer avec de nouveaux concepts comme les ‘ontolons’ (unités de raisonnement en ref. aux ‘’épistémons de Barham) un véritable dialogue entre la science, la sémiotique et la philosophie de la nature. Pour ce faire, les auteurs vont décrypter tour à tour et de façon scrupuleuse les grandes questions relatives à la théorie de l’information, à la philosophie des structures, à la dialogique lupascienne et à ce que avons appelé ‘La plasticité du réel’, autrement dit l’exploration dynamique des multiples facettes de la réalité, qu’elles aient trait aux modalités physicochimiques, métaphysiques, épistémiques, politiques, morales, historiques, dialectiques, phénoménologiques ou philologiques. Plutôt que de décrire le contenu de chacun des vingt chapitres extrêmement denses et riches composant les trois parties de l’ouvrage : 1/ Théorie et Science, 2/ À travers une nouvelle philosophie naturelle et 3/ La philosophie des structures et des systèmes, nous prendrons le parti de donner à nos lecteurs l’envie de les découvrir par eux-mêmes en décrivant l’élément-clef qui ressort de cette prise en compte à plusieurs entrées, à savoir la description d’un processus dynamique en action. De fait, Brenner et Igamberdiev revisitent l’histoire de la philologie au travers des âges comme cela ne s’est jamais fait, incluant notamment une référence au livre chinois des changements (Chap. 2, Partie 1) tranchant avec l’analyse philosophique classique du réel et se voulant être le moteur d’un renouveau dans notre façon d’appréhender la réalité per se. Un regard centré sur la dynamique des énergies, des systèmes en interaction et des rouages sous-jacents à la sémiose et aux modes de communication. Autant de perspectives cognitives, axiomatiques, ontologiques et métaphilosophiques (Réf. à Aristote, Leibniz, Descartes, Spinoza, Hegel, Pierce, Husserl, Heidegger, Kant, etc.) prenant en compte grâce à une grille de lecture logico-systémique l’intégration d’une réalité non fracturée et d’une philosophie naturelle comme support de tous nos agissements. En effet, il ne s’agit pas pour les auteurs de refaire un historique de la philosophie occidentale, mais bien de montrer comment l’appréhension de ces concepts à la lumière de la philosophie de la réalité permettra de mieux gérer les conflits écosystémiques, consuméristes ou sociétaux actuels. Badiou, Gödel, Einstein, Thom, Levinas, Minati, Lupasco, Deleuze, Brier, Bohm, Heller-Roazen, Shelling, Pierce, Varela, Gunji, Resher, Rosen, Capurro, Nicolescu, Kun, Matsuno, Morin, Searle, Gibson, Simeonov, Marijuán, Wu, etc. sont en effet autant de philosophes ou de scientifiques contemporains cités illustrant la prise de conscience d’une montée en complexité et la nécessité de changer nos comportements pour aller vers ‘le bien commun’. Il s’agit à présent de transformer l’essai dans une civilisation essentiellement informationnelle et en pleine mutation. Tel est le message porté par ce livre érudit, profond qui vise, sinon à changer le monde, à transformer notre rapport à la réalité.   Note de M.W Debono

Publication de « Les langages de l’image – De la peinture aux Big Visual Data » de Maria Giulia Dondero, Eds. Hermann, 2020.

L’ouvrage aborde deux questions fondamentales en théorie de l’image. La première est le rapport entre l’image et son observateur : comment regarder une image ? Pour répondre à cette question, le présent ouvrage s’efforce de fournir une méthodologie du regard via des analyses figurative et plastique des images ainsi que de brosser un panorama théorique de la sémiotique de l’image contemporaine. Cette dernière s’inspire des travaux d’A. J. Greimas, creusant un écart avec les premières propositions, celles faites par la sémiologie de R. Barthes et d’É. Benveniste. Cet ouvrage se donne pour tâche d’éclaircir la distance entre cette sémiologie visuelle naissante et la sémiotique visuelle actuelle. La deuxième question abordée est celle de la matérialité des images. La relation entre la transversalité des formes et les contraintes matérielles des supports médiatiques est explorée afin de rendre compte des pratiques d’utilisation et d’interprétation propres à chaque médium. Note de l’éditeur

Publication de « L’art et la science d’Ernst Haeckel » de Benedikt Taschen, Taschen Ed. 2020.

Un livre d’une densité et d’une coloration véritablement chargée d’émotion : tel est l’exploit réalisé par Benedikt Taschen qui a produit et réalisé pour les 40 ans des éditions du même nom un opus d’une grande qualité réconciliant, s’il en était besoin, art et science sous le regard du grand naturaliste, écologue, évolutionniste, biogénéticien et penseur contemporain de Darwin que fût Ersnt Haeckel ! Appréciée par les plus grandes plumes et la presse internationale comme Le Monde, The Time ou le Washington Post, cette anthologie montre avec brio la modernité absolue de l’oeuvre d’Haeckel sur plusieurs plans, dont celui essentiel de la monstration artistique de la richesse de la plasticité des systèmes vivants que nous étudions de près dans notre groupe de recherche. On y découvre notamment cette absence de frontières ou de cloisonnement si antinomique du XXIème siècle, qui au travers de  magnifiques monographies ou planches anatomiques sur les spongiaires, les siphonophores ou les méduses abyssales dépeint tour à tour l’exploration de mondes terrestres ou sous-marins fascinants. Autant de regards illustrant autant le réalisme fantastique qu’une prise de conscience aiguë de la beauté intrinsèque de la nature, mais aussi de la fragilité de l’humanité et des écosystèmes. De nouvelles attitudes à développer dans notre ère informationnelle, à commencer par l’adoption du bonheur tout haeckélien de décrire les formes artistiques de la vie. Note de M-W Debono 

Publication de « Haïkus et tankas d’animaux« , Collectif animé par Georges Chapouthier, Illustrations d’A. Colombet et de D. Cardona, Pippa Eds, 2020.

Georges Chapouthier nous invite à découvrir le versant poétique et littéraire de la vie des animaux, entendus comme le reflet fidèle des travers proprement humains, tout au long d’un charmant opuscule sous forme d’anthologie qui explore les haïkus ou tankas sur les animaux écrits en langue française. Un travail d’orfèvre à plusieurs voix qui touche à la science métrique des haïkus comme leur profondeur en terme de signifié éthique, politique ou métaphysique. Qu’il s’agisse de la mésange, de l’écureuil ou du lézard, les odes courtes, parfois humoristiques et souvent illustrées, dévoilent toujours le versant  intimiste et profondément empathique qui pousse le lecteur à poser son attention sur la richesse émotionnelle et l’intelligence animale. Un bestiaire digne de Bashô avec des accents de La Fontaine : à méditer à l’heure de l’anthropocène et de la chute constante de notre biodiversité. Note de M-W Debono 

Publication de « Du comportement végétal à l’intelligence des plantes ? »  Quentin Hiernaux, Eds. Quae, 2020.

Quentin Hiernaux réussit dans ce petit opuscule à traiter de manière pragmatique et cohérente la question du comportement intelligent des plantes. Après avoir mis en perspective dans sa thèse sur la philosophie végétale l’histoire de la botanique et de la philosophie (Vrin, 2018), il interpelle ici plus directement le public sur des questionnements essentiels lorsqu’on aborde un tel sujet. Comme il l’indique clairement, il s’agit de dépasser l’intelligence du vivant pour se focaliser sur les particularités du règne végétal. Or, elles sont nombreuses et ont été longtemps mésestimées pour des raisons épistémologiques, culturelles ou anthropologiques. Qu’il s’agisse de la place prépondérante de l’homme et de l’animal dans la société ou de traditions occidentales vieilles de plusieurs siècles, les notions de comportement, de sensibilité et d’intelligence des plantes nous renvoient à notre propre appréhension du monde et de la réalité. Quentin Hiernaux les passe en revue de façon méthodique et argumentée, qu’il s’agisse de l’association du mouvement et de l’intelligence érigée sans fondements incontournables en dogme, de la plante automate, du cadre théorique de l’éthologie behavioriste, de la biologie évolutionniste, du réductionnisme ou des nombreuses difficultés théoriques liées à l’interprétation de résultats scientifiques parfois controversés. Ces travaux consécutifs au courant de neurobiologie végétale concernent la perception, l’autonomie, la cognition et plus généralement du comportement des plantes, intégrant les notions clefs de mémoire, de communication et d’apprentissage. Pour finir, l’auteur donne des pistes de recherche en privilégiant l’abord biosémiotique et une éthologie végétale réinterrogeant, sur les traces d’Uexküll, les rapports étroits entre la plante et son milieu. Optique que nous partageons dans ses grandes lignes comme on l’a montré dans notre ouvrage « L’intelligence des plantes en question» (Hermann, 2020) auquel l’auteur a participé. Il s’agit à présent de dépasser les controverses, qu’elles soient langagières ou disciplinaires, pour aller de l’avant sur les preuves expérimentales et leurs conséquences en terme d’éthique, de biologie et d’écologie comportementale. Autrement dit, de s’intéresser aux liens mésologiques entre un sujet et son milieu singulier plutôt qu’à des données statistiques s’éloignant de la réalité sensible.  Note de M-W Debono 

Publication de « Le ravissement de Darwin » – Le langage des plantes de Carla Hustak et Natasha Myers, Ed. Les empêcheurs de tourner en rond, 2020. Préface de Maylis de Kerangal et Vinciane Despret

Carla Hustak et Natasha Myers nous offrent un opuscule à découvrir résolument sous l’angle du sensible. Une relecture minutieuse, poétique et anthropologique des experiences de Darwin sur la sexualité debridée des orchidées et leur co-évolution avec les insectes, qui s’achève sur une théorie féministe de la différence et de la responsabilité. Mais là où de nombreux traités scientifiques ou philosophiques décrivent une relation mimétique centrée sur l’acte pollinisateur et circonscrite au néodarwinisme ambient, ces auteures explorent de nombreuses entrées allant de la capture réciproque ou cosmopolitique de Stengers à diverses écologies chimiques et interspécifiques (Baldwin, Haraway), articulées (Latour), mais surtout involutives suivant l’hypothèse majeure de Margulis. Cette éthologie du sensible se construit autour de l’observation des rapports intimes de Darwin avec les orchidées, en relevant deux faits d’importance : la reconsideration des rapports interespèces (notamment plante-insecte ou humain-non humain) dans ce qu’ils peuvent contenir de proprement sensuel et communicatif et le repli involutif ou endosymbiotique de Margulis qui peut les accompagner  en créant une topologie en réseau s’opposant à l’arborescence phylogénétique classique. Il ressort de l’ensemble, sinon une adhésion, une forme d’aimantation au ravissement de Darwin inaugurant un potentiel développement des sciences involutives et surtout une écologie affective à instaurer dans nos rapports aux plantes et à la nature.  Note de M-W Debono

Publication de L’Art est un faux Dieu, Jean-Louis Sagot Duvauroux, Jacques Flament Eds, 2020.

Que vaut un tableau de maître – objet symbolique destiné à ouvrir l’imaginaire de celles et ceux qui le voient – quand il est placé dans la nuit d’un coffre-fort ? Que dit la fétichisation qui permet d’en faire un bon placement ? L’auteur y lit la métaphore d’une modernité occidentale épuisée. Il propose une franche rupture avec ces croyances en s’appuyant sur une petite foule d’expériences vécues. Cet ouvrage est alimenté par son engagement artistique entre Europe et Afrique. Réflexion décoloniale assumée. Remise en cause sans détour de ce qu’est devenu en France l’appareil culturel d’État. Désacraliser les paradigmes occidentaux de l’art, passage obligé si l’on veut ouvrir la voie vers une vraie conversation des cultures ? Note de l’éditeur.

Publication de Métamorphoses, Emanuele Coccia, Eds Payot Rivages, 2020.

S’il est un philosophe contemporain qui explore le monde d’une manière nouvelle, à la fois méticuleuse, anthropologique et métaphysique, c’est bien Emanuele Coccia. Après la vie des plantes, il continue son exploration cosmogonique du vivant en s’attachant à son historicité et son impermanence au travers des métamorphoses. Mais sous la plume d’Emanuele Coccia, ce terme revêt une signification toute autre, non pas sur le plan étymologique ou de la Doxa, mais sur le regard porté face à cette phénoménologie qui nous façonne au premier degré. De fait, si son ouvrage passe bien en revue les grands thèmes liés à la métamorphose : continuité, individualité, destinée, transformation, migration, nature, évolution, place de l’humain, nous  les redécouvrons au travers d’une écriture limpide et qui prend directement le lecteur à témoin. Ainsi en est-il de l’oubli et de la naissance du moi (que nous avons eu la chance de voir éclore à propos « du moi des plantes » dans un des chapitres de notre ouvrage « L’intelligence des plantes en question » recensé ci dessous). « Naître signifie oublier ce que nous étions avant. Oublier que l’autre continue de vivre en nous. Nous étions déjà, mais différemment: la naissance n’est pas un commencement absolu. Il y avait quelque chose avant de naître, il y avait du moi avant moi. La naissance n’est que cela, l’impossibilité d’être en dehors d’un rapport de continuité entre notre moi et le moi des autres, entre la vie humaine et la vie non humaine, entre la vie et la matière du monde.« , dixit l’auteur. On perçoit dans cet extrait toute la force de la métamorphose et son essor dès notre mise au monde : une naissance unique et réitérée à la fois, l’ouverture d’un cycle individuant qui en appelle un autre et ceci indéfiniment. Cette universalité de la forme, du corps et de l’esprit changeants relève pour nous pleinement de leur plasticité. Elle est magnifiée dans ce livre où tout est métamorphose d’autre chose et fait partie « de la matière infinie du monde, qui invente une autre manière de dire ‘moi’ « .  Gaïa veille, ordonne, origine et migre la vie. Maternité cosmique, orientation, destin, réincaration ? Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons qu’assister béat au stade nymphal de la chrysalide, aux mues successives donnant naissance à l’imago, qu’il s’agisse de la larve des libellules ou de la chenille devenue papillon. Ce qui fait dire à l’auteur que tout vivant est une chimère et que le cocon requiert une technique agissante lors de l’acte de transformation. Au-delà, à l’image du langage floral et métamorphique des plantes, le cocon constitue véritablement l’être-au-monde (forme transcendantale de tout vivant). Cocon qui appelle autant à réciter le poème d’Ovide, qu’à une véritable « transmigration du moi« , posant, sinon un principe de réincarnation, la métamorphose comme une nécessité pour les espèces, le cycle de la vie et les battements de coeur de notre planète au sein de l’univers. Et Emanuele Coccia de conclure à la non schizophrénie du vivant (son interspécificité) et de montrer que  » la vie n’est que le papillon de cette énorme chenille qu’est Gaïa..« . Note de Marc-Williams Debono

Publication de L’écriture heureuse, Joëlle Dautricourt, Cahiers du Sens Public, 2020.

L’écriture heureuse nous conduit en ces temps d’incertitude et de fragilité vers ce que l’humanité a de plus grand à énoncer: le sens secret de son existence. Sefer, Shem, le Livre est le Nom. Joëlle Dautricourt nous conduit ainsi de découverte en découverte au travers de parchemins, de graphes, d’historicités singulières, de cultures de l’écrit dans ce qu’il a de plus ludique comme de plus noir (la Shoah). Sans jamais quitter ce bonheur d’écrire très tôt découvert, l’auteur joue avec la trace comme la matière (os, graffitis, installations, toile, papier, encres, motifs, graphes, parchemins, tampons, pinceaux, plumes, décors, photocopieur, ordinateur, scène, lettre, dessin, psaume, ode, incantation…), s’en délecte et nous en fait découvrir le message secret: un alphabet incarné source de bonheur partagé. Mais il faut entrer plus en profondeur dans la caresse, la genèse des formes, les affres de l’écrivant – son hommage aux Justes si émouvant -, du scribe, de l’artiste, pour pénétrer ce monde tentaculaire de la grande écriture. Un “théâtre d’encre qui raconte la trace”, “brûle la page”, anime les personnages imaginaires ou réels, plus anges que démons, rois ou vassaux d’un livre spectacle se déroulant sous nos yeux. Une plasticité de l’écriture jamais démentie, sans cesse renouvelée au fil des pages. Un manifeste haut en couleur où les lettres hébraïques prennent leur sens génésique avec le rouleau de Golemah, nous engagent à percer les mystères de toute alphabétisation, qu’il s’agisse des glyphes maya, des hiéroglyphes ou des sinogrammes. Une oeuvre véritablement morphogénétique et fantasmagorique où les lettres enluminées s’articulent autant aux autodafés qu’aux sculptés du mot, source de connaissance, d’oralité et de gestuelle sacrée. Guidés par cette “fleur de femme née de l’écriture heureuse”, on ne peut qu’entrer dans ce monde tout sourire et jamais mortifère qui nous conduit hors des sentiers battus, aux sources de la poétique et de la scripturalité, dans ce qu’elles ont de plus intime, de plus vertueux, de plus métamorphique, de plus co-constructible au sein de l’humanité.   – Sefer ha-Adam: le livre de l’être humain.  Note de M-W Debono.  

A noter que Joëlle Dautricourt a publié un article intitulé « Le rouleau de Golemah » dans Plastir 18, 03/2010 en duo avec Anne Dambricourt en droite ligne avec L’écriture heureuse, et plus récemment « Fréquences manuscrites »  dans Plastir 51, 09/2018.

Publication de: L’intelligence des plantes en question, M-W Debono, Dir., Hermann, Paris, 2020.

« Qu’il s’agisse d’adaptation sensible au milieu, de neurobiologie végétale, de comportement intelligent ou de pensée sylvestre, la botanique connaît aujourd’hui un rebondissement inattendu. Les plantes – et par extension la nature – sont-elles douées d’intelligence ? Et si oui, le phénomène intelligent, au sens large du terme, existe-t-il en dehors de la représentation anthropocentrée que l’homme s’en fait ? Cet ouvrage tente de répondre pour la première fois à ces questionnements (qui dépassent de loin la quête scientifique) de manière résolument transdisciplinaire. Existe-t-il une ou plusieurs formes d’intelligence ou de cognition ? Est-on face à un problème de sémantique et de zoocentrisme ou assiste-t-on au contraire à un changement de paradigme regardant autant la pyramide évolutive que la plasticité du vivant ? Pour la première fois depuis longtemps dans l’histoire des sciences occidentales, des biologistes, des écologues ou des généticiens s’ouvrent à une réflexion commune avec les sciences humaines et la société. Et ce dépassement conduit à des bouleversements sur nos représentations des écosystèmes comme des racines de l’humanité. Tout l’enjeu de cet ouvrage est de prendre en compte cette prise de conscience collective et l’altérité unique des plantes sous un prisme kaléidoscopique : celui conjoint des mythes fondateurs, des universaux partagés et des formes d’intelligences singulières du vivant. Un véritable challenge à l’heure de l’Anthropocène et de la renaissance d’un vrai dialogue entre les arts, les sciences et les humanités. » Note de l’éditeur.

Publication de : Pour une écologie du sensible de Jacques Tassin, Odile Jacob, Paris, 2020.

« Alors que la biodiversité s’étiole sous l’effet du réchauffement climatique et des pratiques agricoles intensives, la science offre comme remède une écologie impuissante à rétablir le contact entre l’Homme et la Nature. Héritée des Lumières et d’une vision pleinement rationaliste des choses, aurait-elle oublié en chemin que la Nature n’est pas un objet de science, mais un prolongement de nous-mêmes qui ne se laisse pas mettre en équations ? Empreinte de cette vision mécaniste du vivant, l’écologie scientifique ignore trop souvent la dimension humaine et sensible de notre rapport à la Nature.C’est à fonder une écologie différente qu’incite ce livre. Plutôt que des grands concepts, des calculs et des simulations complexes, il faut désormais penser comme un tout indissoluble le vivant et son environnement, afin de retrouver le plaisir tout simple du contact direct avec la plante et l’animal, cette proximité essentielle dont tout le reste découlera. Cette écologie du sensible, et non de la seule raison, est peut-être la clé de notre survie. » Note de l’éditeur.

Publication of Seeking UnderstandingThe Lifelong Pursuit to Build the Scientific Mind, by Jan Visser & Muriel Visser (Eds.), Préface de  Walter. R. Erdelen, Brill/Sense Eds., Netherlands, 2020.

« Ce livre a la grande ambition de nous faire progresser sur notre quête de savoir quant à la compréhension des grands enjeux de l’humanité. Et les auteurs, Jan Visser et Muriel Visser, s’en donnent les moyens en convoquant sur ce sujet plus d’une vingtaine de contributeurs brillants issus de disciplines comme de cultures radicalement différentes. Leur objectif commmun est de disséquer au sein des métadisciplines, et par le biais d’une enquête scientifique minutieuse, le ou les paradigmes qui sous-tendent l’esprit scientifique, compris ici comme ce qui caractérise profondément l’humain, mute sans cesse et donne lieu aux plus grandes découvertes (ou catastrophes) planétaires. Il va sans dire que cette approche, bien que constructiviste, se veut éminemment transdisciplinaire et transculturelle. Elle abolit derechef les frontières et les contextes pour ne s’arrêter que sur l’essentiel : le partage dialogique et l’ouverture à l’autre, qu’il soit artiste, scientifique ou issu des sciences humaines. Au sortir, c’est l’expérience de toute une vie singulière d’homme à tenter de « construire l’esprit scientique » dans des contextes foncièrement différents qui prévaut, quelque soit sa spécificité, son cheminement ou ses raisons intimes. Tous partagent en effet dans ce livre, non pas une quête de savoir aveugle, mais « une urgence irrépressible »  : le sentiment profond que la mise en place d’une architecture sprituelle commune à l’ère de l’Anthropocène conduira à transformer leur être au monde. Ainsi, la question du sens de la vie, des modalités de la connaissance, de la transmission aux générations, du message de l’art aujourd’hui séparé de la science, de la division du monde, de l’histoire de notre évolution sur terre et des limites qu’elle atteint aujourd’hui en terme de destruction de la biosphère et des écosystèmes, appelle a une extrême vigilance et à des transformations drastiques des comportements humains. Plus qu’une quête de sens ou de liberté, c’est aujourd’hui d’une question de survie planétaire, « de défi durable, de sauvegarde de la vie intelligente sur Terre » qu’il s’agit, comme le clame à juste titre Jan Visser. Or ces transformations dépendent essentiellement du niveau de compréhension et d’appréhension de l’existence humaine au sein de l’univers.  C’est ce que montrent avec leur sensibilité première au fil des 370 pages de cet ouvrage, des auteurs de renommée mondiale comme l’astronome Matthew Coless, le biogéographe  Walter R. Erdelen, le compositeur et historien Robert Greenberg, le mathématicien Lê Nguyën Hoang, l’anthropologue James Lees, le professeur en sciences de l’éducation Paul Webb, l’ancien directeur général de l’Unesco Fédérico Mayor qui intitule son chapitre « Inventer le futur », la psychologue Ximena Lopez… et toute la famille Visser unifiée :  un exemple a suivre pour trouver la Voie !   »   Note de M-W Debono

Publication de Sciences et Arts – Transversalité des connaissances, Virginie Francoeur, Presses Universitaires de Laval, PUL Québec, Canada, 2019. Préface d’Isabelle Hudon, postface de Barnard Voyer.

 » Virginie Francoeur réalise une prouesse en parvenant à instaurer un dialogue art-science structuré au sein de la faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval du Québec. Cet ouvrage nous entraîne dans le sillage des réflexions multi-source qui l’ont conduite à découvrir la nécessité et la fécondité du décloisonnement des disciplines, qui plus est, dans un environnement réputé austère, spécialisé, gestionnaire, chantre du capitalocène  et peu enclin à se tourner vers l’art et la poésie. L’autrice nous explique comment, au travers de son parcours doctoral, de ses lectures ou rencontres et de ces propres aspirations de romancière et poète, elle a conçu cette exposition « Sciences et Arts » d’envergure en réussissant à mobiliser les étudiants et le corps enseignant de plusieurs facultés et départements (littérature et design graphique, marketing management, stratégie entrepreneuriales..) autour de ce projet transversal visant à  analyser des articles scientifiques en fonc­tion de leur propre discipline artistique. méthodologie, le brain-storming et la créativité mise en jeu sont clairement exposés dans le livre qui présente les étapes-clé du processus et peu à peu l’émergence de productions artistiques répondant en mode transversal à l’interrogation de fond posée par Virginie Francoeur : comment sortir de l’oligopole scientifique, de systèmes universitaires dominés par une productivité imposée et un classement international qui laisse peu de place à la recherche en train de se faire, la créativité scientifique et l’ouverture vers le monde. D’où des chercheurs standardisés, quasiment obligés d’entrer dans le moule ou le giron ‘anglophone’ des éditeurs de pointe en publiant à outrance et où il faut… Loin du modèle rousseauiste ou des prérogatives de Morin, Deleuze ou Bourdieu, si on se réfère aux penseurs contemporains cités par  VF. Au delà de la découverte féconde des expérimentateurs, étudiants ou leaders, tous exposants de l’exposition qui a eu lieu en 2017, il s’agit clairement selon VF «  d’aller à contre-courant des paradigmes dominants », «  de briser les silos et favoriser la pollinisation croisée des savoirs », «  de repenser les programmes universitaires en s’assurant de favoriser un savoir circulaire et non plus vertical ». Nous partageons cette démarche qui est généralisable à l’échelle européenne et rejoint les initiatives universitaires et des structures culturelles territoriales française, ce qui a son importance lorsqu’on veut essaimer les savoirs, décloisonner les disciplines (notamment les sciences fondamentales) par l’exemple de l’art et tenter de faire tomber les murs… Les créations poétiques, graphiques ou cinématographiques jouxtent dans cet ouvrage des textes scientifiques donnés en pâture, qui à contrario des big data, s’ouvrent dans un élan humaniste visant à redonner du sens au leadership lorsqu’il met l’homo-economicus  et son écosystème en avant au prisme de l’art.  » Note de M-W Debono

Publication of #NodesEntangling Sciences and Humanities Gustavo Ariel Schwartz & Victor Bermúdez editors, Intellect, Bristol/Chicago USA, 2019. »

This collection investigates reality from the perspectives of science, art, literature, the humanities, and more, demonstrating the possibility of intense interdisciplinary collaboration. It is a book that resists categorization, because reality and thought do not exist in separate compartments. #Nodes proposes an intellectual adventure: an exploration of the boundaries between different fields of knowledge. The book explores topics ranging from elementary matter to consciousness to the complexity of living beings, asking questions along the way: How does life arise? What is consciousness? How can chaos elicit order? What’s the importance of being emotional? These questions require new approaches. To tackle this, #Nodes brings together the contributions of scientists, writers, artists, and humanists from various disciplines and countries with the purpose of stimulating new ideas. »    Note of the editor.

Publication de Propos sur l’éducation selon C.G. Jung, Chrystel Delaigue, Florent Serena, Bruno Traversi, Jean-Jacques Wunenburger, Eds. du Cénacle de France, 2019. 

Cet ouvrage nous est adressé par un de nos auteurs de PLASTIR, Bruno Traversi, spécialiste de Jung. Il traite, sous couvert des riches correspondances entre C. G. Jung et W. Pauli, de l’impact de l’inconscient collectif, mais aussi « neutre » (psychophysique) sur les relations pédagogiques intimes qui se tissent entre l’éducateur ou l’enseignant et l’élève. Non seulement ce livre aborde un des points clefs du monde socio-éducatif au travers des moteurs de l’inconscient collectif chez l’enfant et l’éducateur, mais il nous livre plus en profondeur jusqu’où l’intimité des choix paraissant les plus rationnels peut se nicher (angoisses de Pauli), et comment la théorie de la connaissance s’élabore  à partir d’eux. Objectivité vaine jusqu’à un certain point qu’il est bon de rappeler à l’heure des technosciences reines, mais surtout ouverture archétypale sur l’imaginaire commun des sciences (ici la physique quantique) et de la psychologie des profondeurs (individuation, connaissance de soi).  A l’heure des grandes réformes de l’éducation, la prise en compte du potentiel inné de l’enfant, de ‘son savoir inconscient’ dans l’apprentissage du savoir scientifique, serait donc salutaire selon les auteurs, sous peine de retomber dans la scission cartésienne et une parole bridée plutôt qu’un imaginaire débridé, conduite par les conditionnements plus que par le for intérieur et la conviction intime de nos chercheurs en graine ! Note de Marc-Williams Debono. 

Publication de Leonard de Vinci, La biographie, Walter Isaacson, Ed. Quanto, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne, 2019.

Cet opus de Walter Isaacson, biographe de Steve Jobs et Einstein, ne faillit pas à la règle : une argumentation solide et parfaitement documentée, des éléments historiques contre-vérifiés, des chapitres dédiés aux oeuvres ou inventions majeures de Léonard et un parcours semé de portraits et carnets intimes… mais ce qui frappe ici, c’est qu’on chemine dans sa vie comme dans un roman, de ville en ville (Milan, Florence, Rome, Amboise..), de relations obscures en relations lumineuses, de découvertes en découvertes, de toile en toile. Plus encore, l’abord chronologique de l’auteur met en lumière dès l’enfance de Léonard, ses aptitudes transdisciplinaires uniques, qu’il s’agisse d’art militaire, d’anatomie ou de peinture, et ses nombreux talents d’apprenti, d’amuseur de la cour, d’ingénieur, de diplomate ou de chercheur de génie.  Toutefois, ce qui fait la force de cet ouvrage, c’est de montrer l’humilité et la résistance de Leonard qui s’affirme « élève de l’expérience » et « aussi peintre », alors qu’il excelle dans tout. C’est cette hybridité assumée d’un autodidacte reconnu comme le plus grand génie de la Renaissance qui est mise en lumière par Walter Isaacson. Mais plus encore, le message de ce livre, outre de montrer l’extraordinaire talent de peintre espiègle et mystérieux de Léonard, c’est de révéler cette absence de frontières entre l’art et la science lorsqu’elles sont pratiquées en concertation et avec le même degré d’exigence. La science de l’art  et l’art de la science, une même qualité d’observation, une minutie dans le rendu et l’exécution, un regard aiguisé, une attention permanente aux choses, une obsession du détail, de la mathématique comme de la géométrie des formes, une esthétique divine et une intelligence des couleurs.  Un travail de sape dans la matière, qu’il s’agisse des arts mécaniques purs, de la science de l’analogie, de l’élaboration de La cène ou du regard énigmatique de La Joconde… Toujours et encore cette revendication : vivre  ses rêves, tel celui de voler, de délivrer des proportions parfaites ou le drapé le plus pur et lumineux qui soit, mais toujours au plus près de la réalité de la nature humaine. D’où ces oeuvres omniscientes empruntes à la fois du plus haut degré de précision anatomique, hydraulique ou mathématique et d’un versant énigmatique qui lui est propre. Une profonde humanité. Léonard de Vinci nous fait vivre au travers de ce récit une expérience de pensée universelle qui force l’imagination, et si il y avait un message à retenir de ce brillant ouvrage, ce serait l’abolition des frontières entre l’art et la science (que nous revendiquons haut et fort à PSA !) dont notre millénaire ferait bien de s’inspirer !   Note de Marc-Williams Debono. 

Publication de Philosophie du végétal, coordonné par Quentin Hiernaux et Benoît Timmermans, Vrin 2018.

Les deux auteurs qui introduisent ce livre adoptent d’emblée une position philosophique pragmatique et ouverte dans un domaine en pleine expansion qui concerne le questionnement posé par la science de ces vingt dernières années à propos des capacités accrues de communication, de mémorisation, voire de cognition des plantes. Ces comportements intelligents sont passés au peigne fin du point de vue de l’implication centrale des végétaux dans nos vies et de la prise de conscience récente de l’impact social, écologique et philosophique que ces découvertes ont sur notre vision par trop anthropocentrique du monde.  Ce sont rien moins que les notions d’existence, de vie, de mort, de la place du vivant dans l’évolution et des perspectives qu’engendreraient la reconsidération d’un monde végétal intelligent qui sont détaillées ici sous l’angle du botaniste Francis Hallé comme des philosophes ou métaphysiciens Michael Marder et Emanuele Coccia. C’est ce qui fait tout l’intérêt de cet ouvrage dont Quentin Hiernaux pose clairement les objectifs : une philosophie du végétal ne présentant pas une version dogmatique ou un corps de thèses homogène, mais un champ de recherche ouvert couvrant autant la philosophie de la nature ou l’épistémologie que la classification des règnes animaux et végétaux et le rapport homme-plante. Ainsi la place des cultures face à la forêt décrite par Sophie Gerber, ou encore les perspectives ouvertes par l’arbre de la connaissance et la place des plantes dans notre mythologie selon Benoît Timmermans. Il s’agit de remettre en question le mode de pensée traditionnel du vivant, et cet ouvrage y parvient remarquablement bien, abordant de façon sérielle et paradoxalement presque contée, la biologie ou l’éthologie végétale, leur représentation dans notre vécu scientifique comme humain, les courants révolutionnaires apportés par la neurobiologie végétale et le flot de recherches transdisciplinaires qu’elle a drainé, mais aussi la part historique du sujet (à propos de Dumortier et de l’abbé Coste). La renaissance de l’arbre, un arbre tout neuf dit Francis Hallé, nous parait ainsi assurée et plus encore l’élaboration  de nouveaux paradigmes à l’image du phytocentrisme de Michael Marder ou du jardin cosmogonique d’Emanuele Coccia. En résumé, cet ouvrage, plus qu’un livre de réflexion, recèle un véritable principe régénérateur qui nous pousse à philosopher pour agir, créer de nouvelles formes de pensées en symbiose avec la nature et les plantes. Note de Marc-Williams Debono. 

Publication de Back to the Sandbox: Art & Radical pedagogy, Livre collectif, Jaroslav Andel Editor, 2019.

An international group of artists and scholars reflects on the nature and significance of education in contemporary society, introducing new perspectives on learning and creativity  Back to the Sandbox addresses critical issues of the education system from an intriguing new perspective: essays by leading thinkers juxtaposed with art projects, intended for kindergarten through adult. The core issues include democracy in education, creativity, transdisciplinarity, neuroplasticity, thinking versus memorizing, science versus art and humanities. Both artists and scholars explore specific topics while guided by one framing question central to educators\u2019 and students\u2019 concerns today: What education do we need? The volume includes several lead essays and eighteen shorter texts from international scholars. Based on an exhibition with the same name, Back to the Sandbox records an ongoing multifaceted project that comprises exhibitions, conferences, workshops, surveys, and online roundtables, connecting local communities with international networks. This groundbreaking publication will serve as both reference and inspiration to educators, students, artists, parents, policy makers, and everyone interested in education and art. Note de l’éditeur.

Publication de Mondes menacés, de François Vaucluse, La rumeur libre Editions, 2018.

Note de lecture complète de Thierry Mézaille accessible sur le site de l’équipe A2IL soutenant le séminaire transversal commun de deux laboratoires de recherche de l’Université de Reims : le CIRLEP (Centre Interdisciplinaire de Recherches sur les Langues et la Pensée) et le CRIMEL (Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Modèles Esthétiques et Littéraires).

Publication des Actes du colloque: « Les esprits animaux« , dirigée par Sylvie Kleiman-Lafon et Micheline Louis-Courvoisier,  Epistémocritique, Nov. 2018.

Ouvrage transdisciplinaire très riche et argumenté qui nous présente les esprits animaux sous l’angle historique (XVIe/XXIe siècle), anthropologique, philosophique et épistémologique. De quoi remettre à plat nos concepts sur la suprématie de la conscience humaine et s’interroger comme nous le faisons à PSA sur la valeur intrinsèque de la plasticité du vivant. Consulter en particulier ci-dessous la recension du livre récemment publié chez Hermann sur  la mésologie et l’anthropocène. Les PDFs des différents chapitres des Esprits animaux sont librement accessibles sur le site de nos collègues d‘EpistémocritiqueNote de M-W Debono 

Publication du livre: Réseaux médico-littéraires dans l’Entre-deux-guerres– Revues, institutions, lieux, figures, Julien Knebusch et Alexandre Wenger (dir.), Epistémocritique, Littératures et savoirs, 2018.

Le dialogue entre médecins d’une part, poètes et écrivains de l’autre, s’avère particulièrement intense au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il est favorisé par des initiatives institutionnelles telles que la création de la Commission internationale de coopération intellectuelle de la Société des Nations en 1922, relayé par une véritable efflorescence de revues spécialisées, et concrétisé par l’apparition de différentes associations d’écrivains-médecins. Les articles réunis dans ce volume abordent ce dialogue à travers l’étude de personnalités significatives et de trajectoires singulières, avec un accent mis sur la France et l’Allemagne. Ils nous donnent accès à des réseaux médico-littéraires actifs et nous permettent de cerner les motivations parfois contradictoires des acteurs de ces rencontres interdisciplinaires entre les spécialistes du Verbe et ceux du soin. Ces réseaux relient les académies savantes, les cercles internationaux et les avant-gardes littéraires, l’establishment et la bohème, l’entrepreneur pharmaceutique, le médecin militaire et le poète. Ils font apparaître un continent oublié, pourtant fréquenté par des poètes tels Valéry et Éluard, et arpenté par des médecins-littérateurs, à l’instar d’Henri Mondor ou de Georges Duhamel. Note de l’éditeur.

Publication du livre: Exploring transdisciplinarity in Arts and Sciences, Z. Kapoula, E. Volle, J. Renoult J, M. Andreatta Eds., Springer 2018.

The book is organized around 4 sections. The first deals with the creativity and its neural basis (responsible editor Emmanuelle Volle). The second section concerns the neurophysiology of aesthetics (responsible editor Zoï Kapoula). It covers a large spectrum of different experimental approaches going from architecture, to process of architectural creation and issues of architectural impact on the gesture of the observer. Neurophysiological aspects such as space navigation, gesture, body posture control are involved in the experiments described as well as questions about terminology and valid methodology. The next chapter contains studies on music, mathematics and brain (responsible editor Moreno Andreatta). The final section deals with evolutionary aesthetics (responsible editor Julien Renoult). Note de l’éditeur.

Publication du livre: Questions sur l’encyclopédisme, Le cercle des savoirs de l’antiquité jusqu’aux Lumières, Nicolas Correard et Anne Teulade éditeurs, Epistémocritique,  2018.

L’essor de l’encyclopédisme numérique, dont le succès de Wikipédia est le signe le plus frappant, n’est pas sans bousculer un paradigme classique, qu’on croyait établi depuis Diderot et D’Alembert. Ce phénomène rend d’autant plus actuel le besoin de comprendre les origines de l’encyclopédisme tel que nous le connaissons : tout ce qui ne va plus de soi, depuis une ou deux décennies, n’allait justement pas de soi jusqu’à l’avènement de la modernité. La disposition en cercle des savoirs, sens étymologique de la notion d’encyclios paideia, suppose en effet un geste d’écriture, corollaire de la recherche d’un sens : l’accumulation des savoirs n’a pas toujours été tenue pour un effet positif ou pour une finalité propre de l’encyclopédisme, pénétré de discours moraux, philosophiques ou théologiques qui en conditionnent l’existence. Toute pratique de l’encyclopédisme suppose un imaginaire culturel des savoirs, que ce colloque entend explorer. Note de l’éditeur

Publication du livre:La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ? – Autour et en présence d’Augustin Berque, Marie Augendre, Jean-Pierre Llored & Yann Nussaume, Dir(s), Eds. Hermann, Collection Cerisy, Paris, 2018.

Construit autour du travail du géographe Augustin Berque et fruit d’un récent colloque de Cerisy (Août-Septembre 2017) foisonnant de nouvelles hypothèses mésologiques à même de bousculer la pseudo-inéluctabilité du mouvement anthropocénique, cet ouvrage remarquable de 400 pages est une mine d’informations richement illustrées sur les différents axes à poursuivre pour réhabiliter nos liens singuliers avec le milieu et repenser nos interactions avec la planète et ses écosystèmes. Il comprend trois grands chapitres: 1/ Notions et théories des milieux, 2/ Champs du déploiement de la mésologie et 3/ Mutations des milieux humains et non humains, traités par une quarantaine d’auteurs, ainsi qu’un glossaire sur la mésologie. Ces approches, qu’elles relèvent des sciences dures, des sciences humaines, de témoignages ou de la pratique de l’art visent à la prise en compte d’une nouvelle géographie sensible et  d’un changement paradigmatique. Un changement à la fois épistémologique et ontologique à même de relever le défi de la perspective mésologique  à l’heure de l’anthropocène.  Note de M-W Debono 

Publication du livre: « The mosaic theory of natural complexity – A Scientific and philosophical approach » de Georges Chapouthier, Eds des Maisons des Sciences de l’Homme Associées, Coll. Interdisciplinaire, 2018.

« Qu’est-ce que la complexité ? Le présent travail offre une description des systèmes complexes basés sur deux principes généraux: la juxtaposition d’unités similaires et l’intégration de ces unités, une fois modifiées, dans des structures de niveau supérieur dont ils deviennent parties. Comme dans une mosaïque, cependant, ces parties conservent certaines propriétés indépendantes et de l’autonomie. Le modèle est basé directement sur les observations des organismes vivants : des cellules ou des organes conservent leur autonomie de fonctionnement au sein d’un organisme donné, et les organismes individuels ont une autonomie lorsqu’ils fonctionnent dans le cadre d’une population ou d’une société. » Note de l’éditeur.

Publication du livre: Mémoires singulières, mémoires plurielles A l’heure du dataïsme et de l’intelligence artificielle –, Marc-W. Debono (Dir.), avec F. Eustache, I. Serça, F. Boutonnet, A. Malassé, P. Quéau, J-M. Alimi et L. Boi., Ed. L’Harmattan, Coll. Colloques et Rencontres, Paris 2018.

« Mémoires singulières, mémoires plurielles pose d’emblée la problématique : trouver le point où ce qui constitue notre vécu propre et l’épaisseur de notre identité s’articule à la mémoire du monde. C’est la quête de ce livre qui rassemble les actes d’un colloque transdisciplinaire qui réunissait les détenteurs de mémoires singulièrement orientées : mémoire de l’univers et de sa cosmicité, mémoire cognitive à la plasticité tantôt exacerbée, tantôt en déclin, mémoire de l’évolution et des traces du paléolithique, mémoire des formes et de la topologie des lieux, mémoire proustienne du fait littéraire en lien avec la recherche, mémoires humaines et souvenances divines, arts de la mémoire, et en n mémoire de la vie. Autant de questionnements présentés à l’heure du dataïsme et de l’intelligence arti cielle par les auteurs comme un défrichage plastique des mémoires, à la fois sur les fondamentaux et sur nos mesures subjectives du fait mémoriel. Cet ouvrage tente ainsi de réhabiliter le sens des mémoires dans la période inédite de mutation radicale des cultures et de la condition humaine à laquelle nous assistons. Il s’agit avant tout de ne pas perdre nos identités – notre mémoire singulière – face à la l’hybridation, l’externalisation et la démultiplication programmée de mémoires pluralisées, de faire habilement co-évoluer dataïsme et plasticisme. » Note de l’éditeur. Vidéo de présentation.

Publication du livre: L’Arrière-monde ou l’inconscient neutre – Physique quantique et psychologie des profondeurs selon C.G. Jung et W. Pauli de Bruno Traversi et Alexandre Mercier aux Editions du Cénacle de France, 2018.

« Ce livre est préfacé par Antonio Sparzani, physicien théoricen de l’Institut National de Physique Nucléaire de l’Université de Milan. Il introduit l’inconscient, non pas psychique, mais « neutre », cad à la fois physique et psychique, et donc un arrière-monde indifférent à la flèche du temps et qui dépasse les dualités corps-esprit. Ce travail minutieux cherche à introduire une nouvelle science réunissant la physique et la psychologie en se basant sur les travaux inauguraux de C.G. Jung, fondateur de la psychologie des profondeurs, et W. Pauli, l’un des pères de la physique quantique, qui collaborèrent de 1932 à 1958 pour comprendre l’unité de la matière et de l’esprit.   Leurs recherches communes les conduisent vers l’alchimie et à son principe opératoire, l’imaginatio vera, capable de faire apparaître des choses neutres (mi-physiques mi-psychiques), des « images magiques », dans le monde sensible et ainsi de rendre accessible l’Arrière-monde. C’est ce monde et ses relations causales et synchronistiques que les auteurs et un collectif de chercheurs en psychologie, en physique et en philosophie mettent en avant dans ce livre ». Note revue de l’éditeur.

Publication du livre : « Les fondamentaux du style Yang de tai chi  – Transformer son quotidien » d’Éric Caulier, Le livre en papier, préface de Nancy Midol, 2018

« Dans tout art, l’intégration des gestes les plus fondamentaux constitue la porte d’accès à la maîtrise. Éric Caulier considère la pratique des arts internes comme un laboratoire d’expérimentation des lois du vivant. Le véritable enjeu est de transférer cette compréhension dans notre vie quotidienne. Dans cet ouvrage, fruit de plus de 30 ans de pratique, de recherche et de transmission, Éric Caulier nous entraîne dans la découverte des principes actifs du tai chi chuan de style Yang. Il nous propose une forme simple (10 postures) pour les assimiler. Il nous livre ensuite quelques clefs pour les appliquer dans divers contextes. Cet apprentissage par corps nous montre les limites de l’approche frontale, l’inanité de notre course effrénée épuisant toutes nos ressources. Nous découvrons comment s’enraciner, ralentir, favoriser l’empathie, économiser l’énergie. Agir au moment opportun avec le geste approprié et l’intention juste permet d’obtenir le maximum d’effet avec le minimum de force. L’auteur nous montre que sagesse, intelligence, efficacité et santé peuvent cohabiter. » Note de l’éditeur.

Publication du livre Homo Deus, une brève histoire du futur de l’humanité de Yuval Noah Harari, Albin Michel, 2017.

Que deviendront nos démocraties quand Google et Facebook connaîtront nos gouts et nos préférences politiques mieux que nous-mêmes ? Qu’adviendra-t-il de l’Etat providence lorsque nous, les humains, serons évincés du marché de l’emploi par des ordinateurs plus performants ? Quelle utilisation certaines religions feront-elles de la manipulation génétique ? Homo Deus nous dévoile ce que sera le monde d’aujourd’hui lorsque, à nos mythes collectifs tels que les dieux, l’argent, l’égalité et la liberté, s’allieront de nouvelles technologies démiurgiques. Et que les algorithmes, de plus en plus intelligents, pourront se passer de notre pouvoir de décision. Car, tandis que l’Homo Sapiens devient un Homo Deus, nous nous forgeons un nouveau destin. Note de l’éditeur.

Publication du livre:La singularité du vivant de Miguel Benasayag, Le Pommier, 2017.

Depuis les domaines du digital et de la biologie moléculaire, on nous annonce que les différences entre le vivant et la machine, entre l’intelligence artificielle et l’intelligence animale, entre la vie artificielle et la vie tout court, seraient sur le point de s’effacer : tous les mécanismes biologiques pourraient enfin être révélés, modélisés, dépassés. De nouveaux démiurges nous font miroiter des existences libérées de toute limite, même de la mort. Le temps serait venu de se passer du monde réel et du vivant lui-même, désormais réductible à ses composants, à une mécanique. Derrière ces promesses de vie augmentée se cache en réalité toujours le même projet réactionnaire : celui de se débarrasser des corps pour accéder enfin à la « vraie » vie qui serait du côté des données et des algorithmes. Or, en assénant que « tout est information », le monde digital non seulement ignore mais écrase les singularités propres au monde du vivant et de la culture. Dans ce vaste processus d’artefactualisation du monde et de la vie, la carte prend possession du territoire. Et c’est nos possibilités mêmes d’agir, de penser, de désirer et d’aimer qui mises à mal. Contre cette menace, Miguel Benasayag invite à penser la singularité radicale du vivant, à envisager un mode d’hybridation entre la technique et les organismes qui ne soit pas une brutale assimilation. Cela passe par la production d’un nouvel imaginaire, d’un nouveau paradigme capable de nous aider à étudier rationnellement ce qui, dans la complexité propre au vivant et à la culture, n’est pas réductible au modèle informatique dominant. Note de l’éditeur.

Publication du livre: Cinq immersions dans la rueVision d’une société autour d’un IGH holographique : entre Kafka,Trin Xuan Thuan et tous les autres, de Bernard Troude aux éditions Edilivre, 2017.

Ces cinq immersions de l’auteur à l’origine de ce travail sont une intuition juste et précise suivant la genèse de ses plongeons dans la société de trottoir. L’auteur s’implique pour une nouvelle enquête sur la souffrance sociale ; il lui faut définir ces souffrances et en quoi la performance sociale et aléatoirement artistique renouvelle une vision de la rue, critique de l’image de l’univers holographique urbain. Les SDF ne sont que des modèles d’une société, représentants d’une société dans une ville holographique, leur inconnue où ils sont des ignorés transparents. Ils ont cette peur et cette angoisse d’être fondu dans cette ville, capitale de consommation. Certains y ont adhéré, d’autres ont toujours été des exclus. Le SDF n’a aucun futur sauf celui de sa vie au quotidien. Un SDF ne peut pas choisir où aller, où se reposer ou encore pouvoir chercher une conclusion convenable à sa situation précaire. Note de l’éditeur.

Publication du livre : « L’Art et la Science d’Ernst Haeckel « , de Julia Voss et Rainer Willmann (Taschen Editions), 2017 .

Le biologiste et philosophe allemand Ernst Haeckel (1834-1919), aujourd’hui oublié, eut une influence considérable sur ses contemporains. Propagateur de la pensée darwinienne, créateur de l’écologie en tant qu’étude des rapports entre un organisme et son milieu, libre penseur « antipapiste », inspirateur de l’Art nouveau, pacifiste puis va-t-en-guerre, il laisse un héritage scientifique contrasté. Sa vision de l’évolution est aujourd’hui dépassée, et nombre de ses apports – notamment en embryologie – sont jugés erronés, voire frauduleux. Surtout, sa classification raciste des espèces humaines constitue une tache indélébile, même si elle reflète les préjugés de l’époque : Darwin, lui, les avait combattus. Reste une œuvre graphique éblouissante, somptueusement mise en scène dans cet ouvrage monumental. On reste stupéfait devant le talent graphique déployé dans ses planches anatomiques d’unicellulaires microscopiques, de coraux, de méduses, de limules, de foraminifères, de champignons… Autant de merveilles hypnotiques. Note de l’éditeur.

Publication de l’ouvrage #NODOS de Gustavo Ariel Schwartz & Víctor E. Bermúdez.Next Door Publishers, 2017.

Cet ouvrage issu de la collaboration d’un physicien et d’un philosophe rassemble les contributions de pas loin d’une centaine de chercheurs et de créateurs du monde entier sur des thèmes comme la conscience l’imagination ou la métaphore interrogeant les tréfonds de l’humanité. Ce livre est exceptionnel à plus d’un titre. Il rassemble 536 pages traduites en trois langues. Un beau travail éditorial dont seule la version hispanique est sortie aujourd’hui, en hommage aux directeurs de l’ouvrage co-édité dans le cadre du programme Mestizajes dirigé par Gustavo Ariel Schwartz au Donostia International Physics Center. Les versions françaises et anglaises sont en cours. Une pensée transversale salvatrice dans le monde fragmenté que nous côtoyons au quotidien. Note de M-W Debono

Publication du livre: « L’ordre étrange des choses – La vie, les sentiments et la fabrique de la culture – » d’Antonio Damasio, Odile Jacob 2017.

C’est à une réflexion radicalement nouvelle et profondément originale sur les liens qu’entretiennent les origines de la vie, l’émergence de l’esprit et la construction de la culture qu’Antonio Damasio nous convie dans ce livre, qui fera date. Conjuguant, dans une démarche pionnière, les acquis des sciences de la vie et l’apport des sciences humaines, Antonio Damasio montre que le vivant porte en lui une force irrépressible, l’homéostasie, qui œuvre à la continuation de la vie et en régule toutes les manifestations, qu’elles soient biologiques, psychologiques et même sociales.  L’Ordre étrange des choses décrit comment, dans le cours d’une généalogie invisible, les émotions, les sentiments, le fonctionnement de l’esprit, mais aussi les formes les plus complexes de la culture et de l’organisation sociale, s’enracinent dans les organismes unicellulaires les plus anciens. Une thèse forte, puissamment argumentée, qui ne manquera pas de susciter le débat. Un grand livre qui bouleverse nos habitudes de pensée et nous fait voir sous un jour inédit notre place dans la longue chaîne de la vie. Note de l’éditeur

Publication du livre: « La dynamique de la nature – Étude sur le thème du vide dans la philosophie des sciences – d’Auguste Nsonsissa, Ed. L’harmattan, Coll. Ouverture Philosophique, 2017. 

La dynamique de la nature se situe à l’intersection de la physique et de la bio-épistémologie. Elle rend raison de la place cruciale que le vide occupe dans la nature et dans la vie. Elle révèle des arguments proposés par les philosophes relatifs à la philosophie naturelle. En rapport à l’énoncé canonique aristotélicien selon lequel le vide n’existe pas, cet ouvrage propose des éléments pour une philosophie de la vie. Interstitielle, elle travaille à relier les connaissances scientifiques au moyen d’un principe d’interlocution dialogique, qu’il s’agisse de rejeter le vide ou de le voir partout. Note de l’éditeur. 

Publication du livre: « L’invention de la mémoire – Écrire, enregistrer, numériser » de Michel Laguës, Denis Beaudoin et Georges Chapouthier, CNRS Éditions, Paris, 2017.

Ce livre met l’accent sur la part inventive de l’homme dans l’apprentissage de l’écriture, dans toutes les variantes qu’elle a connu, des tablettes d’argile à l’écriture numérique. Mais plus encore, il aborde avec force détails, une grande méthode et acuité, l’évolution parallèle des capacités cérébrales d’Homo sapiens et de leur traduction en traces mémorielles. Traces conservées par tous les moyens possibles et imaginables : sculpture, gravure puis impression des mots, supports iconiques, magnétiques, mécaniques, optiques ou informatiques. L’ouvrage épouse précisément là le virage que nous avons tous connu, celui de l’utilisation croissante des microprocesseurs et de l’accélération phénoménale des techniques nous conduisant à brasser aujourd’hui des milliers d’information en un temps record avec une tablette numérique, tout en continuant à lire des romans papier. Paradoxe humain et abolition des frontières, voire des alphabétismes… L’heure de la génomique et des Big Data a sonné et les auteurs montrent brillamment que l’invention de la mémoire évolue de pair avec cette épigenèse. Gardons à l’esprit, comme le soulève Hubert Reeves dans la postface de l’ouvrage, que pour qu’il y ait quelque chose, il est nécessaire qu’il y ait des bits, autrement dit une quantité d’informé et/ou d’information minimale que l’homme ne cessera jamais d’exploiter et de mémoriser. Note de M-W Debono

Publication du livre: « Entre l’oeil et le monde », Dispositifs d’une nouvelle épistémologie visuelle dans les sciences de la nature (1740-1840) de Nathalie Vuillemin et Evelyn Dueck, Epistémocritique, Littérature et Savoirs, 2017.

« Sur quelles bases définit-on une bonne vision ? Comment transforme-t-on l’observation en connaissance spécialisée ? Quel rapport établit-on entre les objets observés et les différents relais (texte, image, cabinet, musée, préparation microscopique) qui permettent d’en rendre compte ? Ce volume s’attache à explorer les liens entre vision et savoir au XVIIIe siècle, en étudiant la manière dont les savants eux-mêmes les ont pensés et travaillés. Alors que s’ébauche le grand mouvement de spécialisation qui conduira, depuis le milieu du XIXe siècle, à une séparation radicale entre vision commune et vision scientifique de la nature, on pense de plus en plus l’acte perceptifen termes d’apprentissage : guidé par un savoir-faire théorique et technique, par différents dispositifs visuels ou médias, le regard passe progressivement de l’espace des phénomènes à celui de la connaissance. Cette introduction a pour objectif de soumettre au lecteur les hypothèses théoriques et les perspectives critiques qui ont guidé l’élaboration de nos recherches, au sein de la vaste littérature consacrée à l’observation spécialisée. Nous souhaitons ainsi situer les études de ce volume par rapport, d’une part, à ce que les dispositifs visuels doivent aux communautés. Nous nous pencherons d’autre part sur les problèmes épistémologiques soulevés par la nécessité d’élaborer des formes d’observation spécifiques à certains objets et sur les liens qui se tissent entre les dispositifs de visualisation et le processus d’interprétation de ce qui est perçu. » Note de N. Vuillemin

Publication du livre: Plasticité et instabilité développementale de Sébastien Varin, Eds L’Harmattan, 2017.

Ce livre constitue le premier tome de quatre ouvrages parus chez l’Harmattan traitant du concept de plasticité en biologie, en pédologie, en agro-écologie ainsi que leurs conséquences en terme géopolitique et environnemental. L’auteur y aborde divers aspects théoriques sur les origines du concept de plasticité en biologie qu’il fait remonter au XVIème (Descartes, Harvey, More, Cudwoth, Malpighi…) jusqu’aux contemporains (Nilsson-ehle, Grime, Nihjout, Bradshaw, Schlichting, De Witt…), dont on peut discuter la classification – certains ayant joué un rôle clef dans le développement du concept, d’autres l’ayant simplement employé dans le décours de leur processus scientifique -, mais qui est instructive, avant d’aborder les nouveaux concepts contemporains de plasticité, dont le nôtre, abondamment cité, qui est comparé à celui de l’auteur. Ce n’est ici nullement le lieu de discuter ces arguments, qui ont le mérite de mettre en avant l’impact de la plasticité sur l’évolution des systèmes vivants ou de confronter certaines de nos thèses par rapport à d’autres approches contemporaines, mais qui présentent à notre avis un biais, celui de mettre sur le même plan un formalisme d’ordre épistémologique dévellopé dans le cadre d’une approche transdisciplinaire (- le concept épistémique de plasticité -) et une argumentation d’ordre scientifique classique aboutissant à des formalismes théoriques croisés confus (Tome 1, p43-47) ou à la notion de « plasticité complexe » en place de « complexe de plasticité » (Tome 1, p49). Or, d’une part, ces deux notions sont totalement distinctes, le complexe de plasticité ayant, hormis sa signification initiale d’agrégat, été développé dans le cadre d’une approche entre neurosciences et psychanalyse (Debono et al., Eds EME, 2009), et d’autre part, les seuls nouveaux concepts contemporains sur la plasticité (ayant valeur de paradigmes de type kuhnien ou présentant une nouvelle vision et non la reconnaissance d’un concept à l’échelle pluri- ou multidisciplinaire) sont à ma connaissance, ceux de la philosophe post-hégélienne Catherine Malabou qui se situent dans la déconstruction et la plasticité négative et les miens, en épistémologie, qui apportent les notions nouvelles de liage dynamique, de formation de complexes de plasticihelle métaplastiquet (voir rubrique Concept & évolution du concept sur notre site). C’est je crois là le point d’achoppement de l’ouvrage de Sébastien Varin (notre concept n’est pas focalisé sur les systèmes biologiques intégrés, même si il s’y applique dans ses grandes lignes, mais sur les modes d’expression de la plasticité aux différents niveaux d’organisation comme de réalité), minoré du fait que la partie théorique ne concerne qu’une cinquantaine de pages sur quatre ouvrages de 300 pages, chacun entièrement consacrés, avec scientificité et force bibliographie et illustrations, à la biologie (notamment végétale et bactérienne), l’écologie, l’agroforesterie et les nouvelles pratiques ou préoccupations légitimes que nous pouvons avoir sur l’environnement et l’écosystémologie. Sur ce plan du rôle biologique, phénotypique, morphogénétique ou épigénétique essentiel joué par la plasticité dans l’évolution des systèmes vivants, nous partageons totalement les développements scientifiques de l’auteur et ne pouvons qu’encourager le lecteur à parcourir ces différents tomes abordant de façon très complète la plasticité phénotypique et ontogénétique, la rhizosphère, la permaculture agro-écologique et les nouvelles technologies pouvant nous permettre de maintenir et d’améliorer la qualité des écosystèmes, aujourd’hui très menacés sur notre planète.  Note de M-W Debono

Publication du livre : « De cendres et d’or » de Mar Thieriot, Eds Amalthée, 2017.

Notre amie Mariana vient de publier un nouveau recueil aux éditions Amalthée nous montrant une fois de plus que toute schizoïdie est vaine, et que la trace suit son chemin en nous, sans frontières aucune entre art et science. « La cinquantaine précise, mais enfant en mon coeur.  J’interroge l’adulte que je suis tenue d’être, toujours en chantier, à l’étroit dans les boîtes conceptuelles où rien ne souffle plus car tout est prévu. Pourquoi se mettre en chemin pour revenir à la peinture et à la poésie? Comment relier les Haïkus, les huiles sur toiles, la densité et la profondeur de l’écriture solitaire?  Conçu d’un trait, où est la place réservée aux émotions, à l’inventivité, à la mise en voix de chacun? Place inachevée, place inachevable, mais tout de même place à prendre.  Une voix qui en appelle une autre, un texte ouvert à l’autreté, et l’intertextualité peinture/poésie libère enfin cet espace propre au travail des émotions ».    « Le dit ne nous « o dito, não nos consolera pas de tout consolará de tudo que ce qui reste à dire. » nos resta a dizer. » » Note de M-W Debono suivi du quatrième de couverture.

Publication du livre: Connaissance, ignorance, mystère d’Edgar Morin, Fayard, 2017.

Edgar Morin explore les grandes questions et leur donne des réponses pour nous guider dans le XXIe siècle. « Qui augmente sa connaissance augmente son ignorance » disait Friedrich Schlegel« Je vis de plus en plus avec la conscience et le sentiment de la présence de l’inconnu dans le connu, de l’énigme dans le banal, du mystère en toute chose et, notamment, des avancées d’une nouvelle ignorance dans chaque avancée de la connaissance » nous dit Edgar Morin. Ainsi a-t-il entrepris dans ce livre de patrouiller dans les territoires nouveaux de la connaissance, où se révèle un trio inséparable : connaissance ignorance mystère. A ses yeux, le mystère ne dévalue nullement la connaissance qui  y conduit. Il nous rend conscient des puissances occultes qui nous commandent et nous possèdent, tels des Daimon intérieurs et extérieurs à nous. Mais, surtout, il stimule et  fortifie le sentiment poétique de l’existence. Note de l’éditeur

Publication du livre : «Inscriptions littéraires de la science» de Amelia Gamoneda et Victor E. Bermudez, Epistémocritique, Projet de Recherche ILICIA, 2017.

Parution toute récente que nous ont transmis nos amis d’Epistémocritique. Les auteurs et la nature transdisciplinaire du sujet abordé ne pourront à coup sûr qu’intéresser nos lecteurs. « Au cours du XVIIe siècle, une fracture de plus en plus grande se creuse, de manière progressive et systématique, entre deux modes de connaissance du monde : la littérature et la science. Les deux raisons à l’origine de cette division font l’objet d’un consensus assez large : il s’agit de l’utilisation des mathématiques comme langage de la science et de l’introduction d’une méthodologie empirique. Il existe cependant une autre cause qui n’a pas été suffisamment traitée dans la littérature. Nous verrons dans cet article que l’introduction, au XVIIe siècle, du télescope et du microscope a permis à la science d’accéder à des domaines de la réalité hors de la portée de l’échelle humaine. Les domaines astronomique et microscopique ont fini par relever exclusivement de la connaissance scientifique et une grande partie de la réalité est ainsi devenue inaccessible pour la littérature et les autres sciences humaines et sociales. La science et la littérature se sont dès lors consacrées à étudier des domaines de la réalité qui s’excluaient mutuellement et elles ont cessé de communiquer. Cette tendance a cependant commencé à s’inverser au cours des dernières décennies. La convergence de la littérature et de la science en tant que formes complémentaires de comprendre le monde passe, principalement, par un traitement à l’échelle humaine des problèmes. Il existe, à l’échelle humaine, de nombreuses questions qui ne peuvent pas être abordées uniquement par la science ou uniquement par la littérature, du fait même de leur complexité ; et c’est dans ce domaine que nous devons rechercher de possibles hybridations, où les sciences exactes et les sciences humaines et sociales pourront dialoguer et interagir, et qui exigeront également de nouvelles stratégies épistémologiques. » Note de l’éditeur 

Publication du livre : « Time and the rhythms of emancipatory education »  – Rethinking the temporal complexity of self and society » de Michel Alhadeff-Jones, Routledge Eds., UK, 2017.

Michel Alhadeff-Jones est psychosociologue et philosophe de l’éducation. Fondateur du  Sunkhronos Institute de Genève, il est également enseignant dans plusieurs universités européennes, en dehors de sa position de prof. assistant à Columbia University. L’originalité de son approche réside dans la prise en compte spécifique de la dimension temporelle dans l’éducation (temps et rythme allant du scolaire à l’universitaire en passant par le stade de l’orientation) et de ses conséquences sur le plan des politiques éducationnelles nord-américaines et européennes. C’est le premier livre à présenter un point de vue pertinent et aussi argumenté sur le sujet. Approche très fouillée analysant une à une les contraintes environnementales (scolarité, milieu, institution, organisation socioculturelle, etc..), théoriques (complexité, learning, aliénations temporelles, challenges, historicité) et spécifiques aux champs éducationnels (instruction scolaire, milieux académiques des sciences, de l’art ou du design, formations pour adulte..). L’objectif de l’auteur est dans ce cadre, non seulement de nous offrir un état des lieux critique de la situation de l’éducation aujourd’hui, mais surtout des solutions pour réinterroger les rythmes que nous imposent l’école ou la société – repenser nos habitudes et les impacts de la complexité temporelle -, refondre les théories de l’apprentissage regardant le sujet en première instance et émanciper le monde de l’éducation de ce carcan.  Note de M-W Debono 

Publication du livre :« La mémoire de la vie », La vie, ses origines et son futur – d’Edgar Morin & Patrick Curmi. Ed MW Debono, Editions de l’Attribut, Coll. L’adresse à l’autre. 2017. 

Ce livre est né d’un débat qui s’est tenu à Evry en novembre 2015, intitulé « La mémoire de la vie » entre Patrick Curmi, biologiste, médecin et actuel président de l’université d’Évry Val d’Essonne, et Edgar Morin. Celui-ci développe l’idée motrice de son deuxième volume de La Méthode, « La vie de la vie », estimant qu’il est devenu vital de penser la vie. Non point d’éliminer la notion, au prétexte qu’elle serait surinvestie d’enjeux philosophico-idéologico- religieux, ou de la déclarer, du point de vue de la science, parfaitement superfétatoire, mais de chercher à la penser dans sa complexité, dans son unité, dans sa multidimentionnalité. Le débat qui a réuni, plus qu’opposé, Patrick Curmi et Edgar Morin illustre bien le chemin parcouru par la biologie, depuis la « révolution » introduite par Crick et Watson. On peut parler de la vie. Sans ambiguïté, sans gêne particulière. On doit même parler de la vie. Et même de la vie de la vie. Le livre coordonné et introduit par M-W Debono est enrichi de plusieurs autres textes sur la mémoire (Monique Peyrière, François L’Yvonnet, Magali Roux-Rouquié, Edgar Morin, Patrick Curmi) qui attestent que lorsqu’on sollicite la plasticité du vivant, on s’adresse incontestablement à des mémoires vives. Il s’agit de partager notre univers, au sens étymologique du mot, et les capacités créatrices de chacun, plutôt que de fragmenter la connaissance. Note de l’éditeur.

Publication de l’essai poétique Enchanter les « peut-être » de Maurice Couquiaud. Préface de Jean-Pierre Luminet. Eds L’harmattan, 2017.

« L’étonnement scientifique rejoint aujourd’hui l’étonnement poétique. Plongé dans un environnement mystérieux qui l’émerveille ou l’écrase, le poète se doit d’interroger non seulement les détours de sa conscience mais la complexité de l’univers dans lequel l’humanité poursuit son évolution incertaine ponctuée de peut-être. Maurice Couquiaud poursuit ici sa quête d’images et d’émotion, qui l’avait conduit à collaborer avec l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet. » Note de l’éditeur.

Publication du livre « La vie des plantes » Une métaphysique du mélange d’Emanuele Coccia, Ed. Payot & Rivages, 2016. 

Philosophique, poétique, métaphysique, aérien et atmosphérique à plus d’un titre, ce livre est surtout plein d’enseignements et de pistes de recherche pour mieux comprendre le monde des plantes, et par ricochet, le nôtre. Emanuele Coccia signe là un grand ouvrage car il ne se contente pas de décrire le monde fascinant des plantes, mais nous invite à pénétrer dans l’atmosphère ou le mélange primordial qui a vu naître tout ce qui est animé.. Qui plus est, sa logique évolutive de l’immersion prend pleinement en compte l’intelligence du vivant, dont nous sommes les récipiendaires, et anime le souffle que nous ont transmis les plantes.  De nouvelles cosmogonies et d’être au monde, un positionnement unique et héliocentrique ! Note de M-W Debono

Publication du livre « Ce que l’écrit fait au sujet parlant » – Un cheminement intellectuel –  de Christiane Morinet, L’harmattan 2016.

Ce livre interroge en profondeur les liens entre la pratique des langages oraux et écrits durant l’apprentissage ainsi que leur transformation à l’échelle scolaire ou de la cellule familiale. Proposant aux enseignants un cadre théorique prenant en compte les nouveaux rapports au langage que nous connaissons, il fait suite à « Du parlé à l’écrit dans les études », publié par l’auteur chez l’Harmattan en 2012. Cet ouvrage s’inscrit dans une approche sociologique de l’éducation qui explique en partie les inégalités ou les difficultés d’acquisition du langage à l’école, mais pas seulement. Christiane Morinet élargit considérablement l’approche pédagogique à la conscientisation et l’appropriation de l’écriture par un sujet (un « je ») en proie à l’évolution croissante des connaissances et à de nouveaux axes ou pratiques linguistiques de l’écrit. Sujet dont les liens avec l’oralité, la parole implicite et explicite ou la litttératie doivent absolument nous interloquer dans un monde en pleine mutation. Note de M-W Debono

Publication du livre « Y fus-je ? » de Marc-Williams Debono et Patricia Proust-Labeyrie, La Sève Bleue, 2016.

« Sommes nous en constante évolution, sans certitude possible, dans la nécessité vitale d’épouser la plasticité du monde ? Interrogation constante du poète qui nous propose au rythme d’un voyage initiatique au travers de mondes incessamment eux-mêmes et toujours autres, la découverte d’un univers en partage… » La rencontre en 1994 de Marc-Williams Debono, poète et chercheur en neurosciences avec l’artiste plasticienne Patricia Proust-Labeyrie au premier congrès mondial de la transdisciplinarité au Portugal, fût marquée peu de temps après par l’éclosion d’un projet art & science au sein du Groupe des Plasticiens, intitulé « Pensée comme matière : la plastique dans tous ses états ». Il s’agissait déjà de considérer le travail de la matière en fluidité de pensée et le lâcher-prise de l’esprit comme intimement liés. Exploration qui oriente et cristallise leur interaction. Note de l’éditeur

Publication du livre : « L’image-matière – Matériaux émergents et métamorphoses imaginaires »de Dominique Peysson, Presses du Réel, 2016.

« Avec un titre faisant écho à deux ouvrages de Gilles Deleuze, L’Image-mouvement et L’Image-temps, cet essai, entre philosophie, art contemporain et sciences, nous propose de nouvelles images mentales comme autant d’outils pour nous aider à opérer la métamorphose de notre imaginaire à l’heure des nanotechnologies. – Les avancées scientifiques et les nouvelles technologies remodèlent le monde de manière tellement complexe qu’il devient difficile d’en saisir les principes directeurs. Il est maintenant possible de contrôler la structure de la matière à des échelles de taille tellement petites que les systèmes obtenus présentent des propriétés hors du commun et nos repères vacillent dans ce monde en continuelle mouvance qui nous oblige à repenser autrement notre relation au monde tangible, celui de cette matière émergente. 0r, les images dont nous disposons pour nous saisir mentalement de ces mouvements et métamorphoses sont devenues inopérantes et sont à redessiner, à mettre en relation, à assembler autrement. C’est en ces lieux que l’art contemporain peut venir jouer son rôle d’intercesseur entre la matière-forme et la pensée humaine, entre la méta-réalité de l’œuvre et notre imaginaire social comme autant d’outils pour nous aider à opérer cette métamorphose de notre imaginaire » Note de l’éditeur

Publication du livre « La matière de l’absence » de Patrick Chamoiseau, Editions Le Seuil (2016). 

« Man Ninotte, la mère de l’auteur, meurt le 31 décembre 1999. Cet événement emporte l’écrivain dans une vaste réflexion poétique sur la Martinique, les origines de l’homme, l’évolution contemporaine du monde. La vie de cette femme énergique et lyrique lui permet d’évoquer le destin du peuple antillais, depuis la cale des bateaux négriers jusqu’au cauchemar des plantations où les victimes durent inventer de nouvelles formes de résistance. Le livre se structure à partir d’évocations de la vieillesse, de la mort, des obsèques de Man Ninotte, qui permettent des explorations de la petite enfance de l’auteur, associée à de multiples origines, celles de la Caraïbe, celles des Amériques, celles de l’humanité. Le défi qu’il se lance – de mener de front un récit très intimiste, souvent bouleversant, sur sa famille, dominée non seulement par la mère, mais aussi par la soeur aînée surnommée « la Baronne », et une analyse qui remonte au temps préhistorique de l’Homo sapiens, jusqu’à une géopolitique de l’urbanisme, du paysage, du rapport entre les cultures – est parfaitement relevé, avec tendresse, humour et légèreté. Parfois intervient « la Baronne » à laquelle le narrateur s’adresse et qui apporte une touche de dérision à l’intellectualisme de son frère. Mais il n’en est pas perturbé et poursuit ses réflexions sur différents sujets : la mort, mais aussi les marchés, les petits magasins, les repas, les vêtements ,les carnavals, l’école, l’église, la danse et la musique. Avec en arrière-plan cette origine tragique (appelée « digenèse » par Edouard Glissant) qui n’est autre que le ventre du bateau négrier : lieu terrible d’une initiation à une autre poétique de l’existence au monde. « Ce que les poètes écrivent ne constitue que les décombres de ce qu’ils ont su vivre. Et ce qu’ils ont su vivre n’est que l’écume de ce qu’ils ont pu deviner et dont le manque leur reste à vie, comme le sillage d’une lumière . » Celle sans doute d’un très grand livre. » Note de l’éditeur

Publication du livre « Les mutations humaines » de Mar Thieriot, préface de Marc-Williams Debono, Editions Amalthée (2016).

Il y a une grande et une petite histoire des mutations humaines. La grande histoire relève des enjeux philosophiques et sociétaux considérables relevés par Mariana Thieriot Loisel en exergue de son livre. Penser l’attention et la non intentionnalité comme moteurs de la plasticité humaine. S’ouvrir à l’altérité, à la phénoménologie affective de Michel Henry, à la praxis éducative de Philippe Meirieu, à ces révélations qui font qu’on est prêt à emprunter ce « labyrinthe de miroirs » conduisant à l’intime conviction d’être tous ici et maintenant « L’homme qui marche » de Giacometti. Saisir enfin le sens de nos mutations humaines. Nous allons y revenir…  La petite histoire, c’est nos échanges en pointillé mais constants depuis 2006 sur les rapports entre la philosophie et la science et sur le sens de la connaissance, sa place dans les systèmes de fondation scientifiques ou sociétaux. Échanges qui m’ont amené à publier plus d’une vingtaine d’articles de l’auteur, dont l’intégralité de son travail postdoctoral entre 2009 et 2011 dans la revue PLASTIR. C’est aussi, dans ce contexte, celle du devenir dialogique des pianos « préparés » par Mariana TL, dont j’ai très tôt perçu la puissance métaphorique pour ancrer le principe de résistance et de mutation humaine. Extrait de la préface 

Publication du livre  » Le corps inconscient –  Et l’Âme du monde selon C.G Jung et W. Pauli » de Bruno Traversi , préface de Michel Cazenave et postface de Baldine Saint Girons, Editions L’Harmattan(2016).

En deçà de notre corps « ordinaire » (sensitif et réactif, « corps animal »), il existe une autre dimension du corps, qui nous relie à ce que C.G. Jung et W. Pauli appellent l' »inconscient collectif » et qu’ils identifient à l’Âme du monde des platoniciens. C’est ce « corps originel » que l’auteur nous décrit, en comparant les pratiques corporelles occidentales et orientales (particulièrement le Japon). Au confluent de l’Occident et de l’Orient (du Japon) Bruno Traversi fonde son étude sur la collaboration, 25 ans durant, de Carl Gustav Jung avec Wolfgang Pauli, l’un des ‘pères’ de la physique quantique, autour du rapport de l’esprit et de la matière. De la même manière qu’il existe un arrière monde (étranger à la flèche du temps et à la causalité) au sein de la matière, un arrière-monde au sein de l’esprit, il existe un arrière-monde au sein du corps – un « corps originel ». L’auteur décrit précisément, à partir d’observations faites en séances pendant 10 ans, la nature et la spontanéité de ce corps originel qui porte les marques de l’éternité.  Note de l’éditeur

Publication du livre « Vivre en existant – Une nouvelle éthique » de François Jullien, Editions Gallimard (2016).

« Entre ces deux grands termes rivaux, l’être et le vivre, exister est le verbe moderne qui fait lever un nouveau possible. Mais comment décrire l’existence sans plus construire – comme la philosophie l’a fait de l’Être – en s’en tenant au ras du vécu ? Je cherche ici des concepts qui décolleraient le moins de l’expérience : on reste dans l’adhérence au vital ou l’on en désadhère. Car exister, c’est d’abord résister. Sinon ma vie s’enlise ; ou bien elle peut basculer. Elle s’amorce et se résorbe – plutôt qu’elle ait « début » et « fin ». Elle reste prise dans le « dur désir de durer » ou bien je peux en émerger. Ou si seul le phénoménal existe, il faudra reconnaître ce qui s’y ouvre de faille (tel le « sexuel ») ou qui l’excède : la rencontre de l’Autre. Car si vivre, c’est déjà dé-coïncider d’avec soi (sinon c’est la mort), exister est ce verbe nouveau qui, détaché de l’Être, promeut cette désadéquation en ressource. « Ex-ister », c’est en effet, littéralement, « se tenir hors » – il faudra dire de quoi. Ou comment émerger du monde, mais dans le monde, sans verser dans l’au-delà de la métaphysique ? De là se dégage une nouvelle Éthique qui ne prêche pas : vivre en existant. » Note de François Jullien.

Publication du livre :  » Soufisme et surréalisme  » d’Adonis, traduit par Bénédicte Letellier, Editions de la Différence (2016).

Soufisme et surréalisme, publié en arabe en 1992, se présente sous la forme d’un dialogue imaginaire et théorique entre les sou s et les surréalistes. Ce sont des paroles, des vers, des manières d’écrire, des pensées qui se font écho pour décrire une expérience de l’absolu ou de l’absence. Au fil des thèmes abordés, Adonis pose les fondements d’une véritable réflexion comparatiste et poétique sur les liens qui unissent la littérature et le sacré. Que révèlent les écritures sou es et surréalistes ? Comment les lire pour dépasser les contradictions d’un monde de plus en plus déroutant et inintelligible ? En quoi ces écritures poétiques témoignent-elles d’une possible souveraineté et liberté de l’individu ? Cet essai est aussi une manière de célébrer la poésie comme un acte de création qui « libère l’homme de son exil ou de son absence dans cette réalité ». C’est en ce sens qu’Adonis cite Lautréamont : « La poésie sera faite par tous. » Note de l’éditeur . a consulter également l’ouvrage de B. Letellier de 2014 sur le soufisme et le roman.

Parution du livre: « Attachement » de Pascale Weber. Al Dante (2015).

C’est une carte aux dimensions du cosmos que pascale Weber dresse dans son œuvre… par ses gestes, ses actes, ses costumes et apparats, les lumières et projections où elle évolue dans ses performances in situ, les résidences qu’elle fait sur les territoires inconnus ou étrangement familiers qu’elle investit et explore avec audace, les méditations auxquelles elle s’adonne sur le chamanisme, la sorcellerie, le Buto ou les danses rituelles en général, les expérimentations qu’elle tente avec les plus récentes technologies, l’intérêt qu’elle manifeste non seulement pour le multimédia mais aussi pour la transdisciplinarité, chacun de ces aspects d’un travail inclassable pointant dans la direction d’une spatialité et d’un temporalité hors norme, sans borne, ancrées à la fois dans l’ici et l’ailleurs, le passé le plus lointain et l’avenir le plus incertain, la finitude et l’indéfini, dont on peut dire qu’ils constituent une authentique cosmogonie, propre à l’Histoire et au monde actuels, bien sûr, mais ouverte à ce qui les dépasse de tous les côtés… ceux d’où ils viennent et ceux où ils vont, ceux où ils sont apparus et ceux où ils vont disparaître. » (Extrait de la préface de Pierre Ouellet, écrivain et Professeur à l’Université du Québec à Montréal, titulaire de la Chaire de recherche en esthétique et poétique du Canada). Note de l’Editeur.

Parution du livre:  » Sapiens : une brève histoire de l’humanité  » de Yuval Noah Harari, Albin Michel (2015).

Il y a 100 000 ans, la Terre était habitée par au moins six espèces différentes d’hominidés. Une seule a survécu. Nous, les Homo Sapiens. Comment notre espèce a-t-elle réussi à dominer la planète ? Pourquoi nos ancêtres ont-ils uni leurs forces pour créer villes et royaumes ? Comment en sommes-nous arrivés à créer les concepts de religion, de nation, de droits de l’homme ? À dépendre de l’argent, des livres et des lois ? À devenir esclaves de la bureaucratie, des horaires, de la consommation de masse ? Et à quoi ressemblera notre monde dans le millénaire à venir ? Véritable phénomène d’édition, traduit dans une trentaine de langues, Sapiens est un livre audacieux, érudit et provocateur. Professeur d’Histoire à l’Université hébraïque de Jérusalem, Yuval Noah Harari mêle l’Histoire à la Science pour remettre en cause tout ce que nous pensions savoir sur l’humanité : nos pensées, nos actes, notre héritage… et notre futur. Note de l’éditeur. 

Publication du livre  » Ecriture et Plasticité de Pensée » de Marc-Williams Debono, préface de Michel Cazenave, Editions Anima Viva Multilingue (2015).

Cet ouvrage interroge la nature transversale du lien entre écriture et plasticité de pensée, entre flux de conscience ascendant et objet-livre, à l’heure du numérique et des transtextualités. Tour à tour, l’auteur s’y demande « jusqu’à quel point sommes nous dépendants de la plasticité du cerveau ? Jusqu’à quel point est-elle inductrice dans l’acte créatif, en particulier lorsqu’il s’inscrit dans le cyberespace ? Où le jeu du déterminisme cognitif s’arrête-t-il et où commence le libre arbitre de la pensée ? Où la spontanéité, les niveaux sub-perceptifs puisent-ils leur substantifique moelle ? En quoi cela préfigure-t-il le lien intime entre plastir et plasmir, entre plastir et écrire, entre le déroulement de la pensée et la genèse du sujet écrivant? ». Plusieurs réponses seront apportées, touchant autant à l’hémisphère du langage de l’écrivant, qu’aux systèmes d’écritures qui l’ont porté d’Orient en Occident et le projettent aujourd’hui dans une sémantique nouvelle – celle des méta-objets textués – où la plasticité scripturale se mue en plasticité mentale. Note de l’éditeur

Publication du livre « Biosémantique » de Kaled Aït Hamou, TheBookEdition, Coll. Plumes au bout des doigts, 2015.

Traitant du cerveau et des modes de raisonnement, ce livre fait une synthèse remarquable des atouts majeurs de la biosémantique vue comme une une science par définition transdisciplinaire et la plus apte à rendre compte des relations entre certaines structures anatomiques du cerveau d’Homo sapiens et ses productions sémantiques. Elle inclut, outre la neuroanatomie, des approches multicentrées en biologie, en mathématiques, en phoniatrie, en linguistique et en logique déductive permettant d’aborder des pans essentiels et peu abordés des mécanismes de l’évolution et de la biosémantique. Note de M-W Debono

Publication du livre « Formes empreintes, formes matrices – Asie Orientale d’Augustin Berque aux editions Franciscopolis, Les Presses du réel (2015).

La problématique du milieu a débuté en ce qui me concerne avec un séminaire collectif organisé en 1983-1984 à l’Ehess sur le thème «paysage empreinte, paysage matrice». Empreinte parce que, par la technique, les formes paysagères portent la marque des œuvres humaines (c’est l’anthropisation de l’environnement); matrice parce que, par le symbole, elles influencent nos manières de percevoir, de penser et d’agir (c’est l’humanisation de l’environnement); ce qui, à l’échelle de l’espèce, par effet en retour, a même entraîné l’hominisation (l’on adopte ici la thèse de Leroi-Gourhan). L’ambivalence de ces formes actives et passives à la fois en fait des prises médiales, analogues aux affordances gibsoniennes, et relevant du syllemme (à la fois A et non-A) comme le «troisième et autre genre» (triton allo genos) de la chôra platonicienne, c’est-à-dire le monde sensible ou le milieu existentiel, qui est à la fois «l’empreinte sur la cire» et la «mère» ou la «nourrice», autrement dit à la fois l’empreinte et la matrice de l’être relatif, la genesis. Suivant la distinction opérée par Uexküll et Watsuji entre l’environnement comme donnée brute (Umgebung, shizen kankyô 自然環境) et le milieu (Umwelt, fûdo 風 土) corrélatif au sujet dont c’est le monde propre, on critique sous cet angle le mécanicisme de l’ortho- doxie néo-darwinienne, en réévaluant la notion de Selbstdarstellung (manifestation de soi) mise en avant par Portman à propos de la forme animale. Puis on propose un rapprochement de la notion de morphose (la morphogenèse revue en reconnaissant la phénoménalité du vivant) avec diverses notions relatives à la forme en Asie orientale, tels kata 型 (forme matricielle), katachi 形 (forme effective), sugata 姿 (aspect d’une forme singulière) en japonais, ainsi que le rapport entre « ce qui est en amont de la prise de forme » (xing er shang zhe 形而上 者) et « ce qui est en aval de la prise de forme » (xing er xia zhe 形 而下者) dans le Livre des mutations (le Yijing 易経), d’où Inoue Tetsujirô 井上哲次郎, sous Meiji, tira le néologisme de keijijôgaku 形而上学, par lequel il traduisit le terme allemand Metaphysik. On conclut en rapprochant, sous le concept de trajection, le principe de la phénoménalité de l’être, la notion d’évolution, celle de prédicat, celle Grand Symbole (大象 Daxiang) dans le taoïsme, et la projection de la forme platonicienne (eidos) dans l’être corrélatif à son milieu. Note de l’éditeur

Publication du livre  » Effraction I », Fragments, lambeaux sous la direction de Philippe Tancelin et Bela Velten, Editions L’Harmattan, Collectif de poètes des cinq continents (2015).

A l’heure des obscurantismes féroces, le rappel, à travers les millénaires culturels de sourires et fragments de sagesse vient ici comme une heureuse fortune soutenir la lucidité de poètes et écrivains contemporains. Il les exhorte à une présence urgente, une vigilance rieuse dans la cité moderne. Ce recueil tissé de la résonnance entre les écritures les plus anciennes et celles d’aujourd’hui, procède de cette mémoire collective vivante qui trace sur le chemin d’histoire une éternelle pensée poétique du devenir. Note de l’Editeur

Publication du livre «La modélisation, ses fondements», Maison Tunisienne d’Edition (2015).

Abdelkader Bachta, auteur de l’ouvrage, a publié plusieurs articles sur René Thom et la modélisation dans PLASTIR. Il nous résume ce livre paru en langue arabe ainsi : « Au niveau mathématique, on y étudie Tarski et Thom , sur le plan de la physique en général on y traite Legay et Atkins , Les fondements étudiés sont de deux types : 1) Mathématiques ( algèbre et géométrie )2) philosophique : Platon et son idéalisme , Aristote et son réalisme . La conclusion définit le modèle comme une idée essentiellement mathématique portant sur un réel concret ou abstrait et définit les rapports entre la modélisation et la méthode analytique cartésienne.  Note de l’Editeur

Parution du livre « Hominescence » Michel Serres (Réédition Le Pommier, 2014).

« Que retenir du XXe siècle ? Depuis 1945, la bombe atomique menace l’humanité d’extinction ; nous ne risquons plus la petite vérole, éradiquée en 1970 ; mangerons-nous des OGM ? Munie d’ordinateurs, notre pensée change-t-elle ? Voilà une mort, un corps, une agriculture et des réseaux nouveaux. Pour résumer ces innovations évolutives, j’ai forgé le mot d’hominescence. Des mots comme adolescence : encore enfant, l’adulte se forme ; ou luminescence : de faible lueur, naît la lumière… éclairent ce néologisme, étrange et exact, qui marque une émergence hominienne. Quand, par son corps et la mort, il change son rapport à soi, par l’agriculture et le climat, ses relations au monde, et par les communications, son entretien avec les autres, s’agit-il toujours du même humain ? Nous vivons un moment décisif du processus qui nous façonne. Inquiétante pour certains, cette naissance en enthousiasme d’autres. Nous la suscitons sans savoir quel homme elle crée, assassine ou magnifie. » Note de l’auteur.

Parution du livre « La science est-elle inhumaine ? » d’Henri Atlan, Editions Bayard (2014).

Il y a dix ans, Henri Atlan résumait dans ce petit livre les convictions qui étaient devenues siennes tout au long de ses recherches en biologie. La liberté ne doit pas être entendue au sens d’un libre arbitre grâce auquel nous serions seuls à décider de nos actes mais au sens d’une libre nécessité, reposant sur la connaissance des déterminismes. La science devenait alors, contre les accusations croissantes d’une partie de l’opinion, un facteur massif d’émancipation. Depuis, les sujets polémiques se sont multipliés, pointant la menace de techniques débridées et la domination d’une science déshumanisée. C’est justement sur l’un des sujets les plus controversés et les plus brûlants qu’Henri Atlan a décidé de revenir dans une nouvelle préface : le désir d’enfant et la procréation médicalement assistée. A quel moment ce désir légitime devient-il aliénant et surtout pourquoi ? Que recoupe la notion d’enfant naturel au moment où la PMA est une réalité partagée par de nombreux couples ? La liberté apparaît bien encore du côté de la reconnaissance des limites et d’obstacles insurmontables, plutôt que de l’acharnement thérapeutique. Note de l’éditeur (voir Plastir 41, 03/2016).

Publication du livre « La forme et le sens (II) », Nouvelles études sur l’esthétique et la pensée des Lumières, de Pierre Hartmann, Presses Universitaires de Strasbourg (2012).

Sous un titre analogue, du même auteur et dans la même collection, on a pu lire un pendant au présent ouvrage, dévolu à la pensée et à l’esthétique des Lumières, qui n’apparaissaient dans le premier que sous le prisme de la fiction romanesque. À partir d’une réflexion sur l’herméneutique littéraire suscitée par une recension sarcastique de Goethe, l’ouvrage s’organise autour de trois écrivains majeurs – Voltaire, Rousseau et Diderot – dont l’auteur analyse tant les œuvres que leurs répercussions sur quelques uns de leurs plus illustres contemporains (Beaumarchais, Laclos, Schiller, Hölderlin). Se dessinent ainsi de grandes constellations de pensée dont la compacité et la congruence font d’autant mieux ressortir le caractère central, déjà reconnu par Ernst Cassirer, de la question esthétique dans la pensée des Lumières.  Note de l’Editeur

Publication du livre «Homo eroticus», Des communications émotionnelles de Michel Maffesoli, CNRS Editions (2012).

L’homo n’est pas seulement Sapiens, il est aussi Eroticus : Eros comme symbole de notre post-modernité.   Note de l’Editeur

Publication du livre « La commauté de Pratiques de l’UNESCO comme outil de dialogue interreligieux & interculturel », dirigée par Antonella Verdiani & Silvia Guetta aux éditions Firenze University Press, (2011).

Entre 2008 et 2009, la communauté de pratiques de l’UNESCO pour le développement de l’homme et de la Culture de Florence a coordonné un projet d’envergure en faveur du dialogue entre les religions et entre les cultures qui a réuni des chercheurs internationaux, des Universités et d’autres chaires de l’Unsesco. Ce livre, préfacé par Sonia Bahri, réunit tous ces témoignages. Il décrit en première intention l’expérience d’éducation à la culture de la paix menée dans le cadre de la chaire transdisciplinaire (TD) de l’Unesco, dont les co-éditrices, Antonella Verdiani et Sylvia Guetta nous présentent le contenu, le défi lancé et les enjeux liés à la compréhension des notions d’interreligiosité et d’interculturalité dans le cadre agité de l’économie de marché et des conflits mondiaux. Paul Ghils s’attardera ensuite sur l’importance des communications multilingues et multiculturelles dans ce contexte, tandis que Paolo Orefice étendra ces notions à la méthodologie, au développement humain et à la connaissance créatrice. On ne peut citer toutes les contributions axées sur la nécessité d’un dialogue étendu entre les cultures, les religions et les hommes (Olivier Arifon, Joshua Stanton, Sana El Bizri…) ainsi que les moyens d’éviter les conflits fratricides issus de ce manque de dialogue. Enfin, les travaux d’approche menés pour l’élaboration de chaires TD dans les Universités sont illustrés par les expériences de terrain de Mariana Thieriot Loisel, notamment en Afrique du Sud, ainsi que les propositions de chercheurs transdisciplinaires tels qu’Ubiratan D’ambrosio, Marc-Williams Debono ou Patrick Loisel. Dans l’ensemble, cet ouvrage, précurseur en matière de CoP TD, comporte un panel absolument unique de témoignages, d’éléments pédagogiques, de pistes de recherche et de propositions concrètes émanant d’une communauté internationale de penseurs (Brésil, Canada, Etats-Unis, France ’Italie) se penchant sans esprit d’école sur les enjeux capitaux de l’établissement d’une paix durable dans le monde. (276p, version papier & e-book disponibles), 2011.  Note de M-W Debono

Publication aux éditions L’harmattan du livre : « Glissant-Monde », Collectif coordonné par Boniface Mongo-Moussa (2012).

« Le siècle d’Edouard Glissant. Tel aurait pu être le titre de ce dossier. Mais la formule est aujourd’hui galvaudée. Il reste qu’Édouard Glissant a marqué de son empreinte cette deuxième moitié du siècle en pensant la complexité du monde contemporain en terme de Relation. C’était là une stratégie du discours visant à récuser l’universalisme abstrait au nom duquel on a parfois justifié l’injustifiable et imposé l’absolu de l’Être. Or, Édouard Glissant rêvait d’un monde régi par une pensée archipélique qui « en emprunte l’ambigu, le fragile, le dérivé », voire le détour. Mieux : Edouard Glissant a pensé notre monde en poète. Ce qu’il appelait « l’intraitable beauté du monde ». Une beauté qui a nourri Africultures. Une telle générosité méritait bien un hommage. Ce faisant, nous nous acquittons de notre dette. »  Note de l’Editeur (AF n° 87)

Publication aux éditions transcript du livre : « Art et Soutenabilité : Connecter les motifs pour une culture de la complexité » de Sacha Kagan (2011).

« Quelle est la dimension culturelle de la durabilité ? Ce livre offre une réponse qui fait réfléchir, avec une synthèse théorique sur des « cultures de soutenabileté ». Décrivant comment la modernité s’est dégénérée dans une culture de l’insoutenabilité, à laquelle les arts contribuent, Sacha Kagan nous engage dans une révision fondamentale de nos manières de connaître et de voir le monde. Nous devons apprendre à ne pas avoir peur de la complexité, et à ranimer une sensibilité aux modèles qui se relient. Avec une vue d’ensemble d’art écologique au cours des 40 dernières années, et un examen d’art et de changement social, le livre évalue le rôle potentiel de l’art dans un processus si nécessaire de transformation ».  Note de l’Editeur

Publication aux éditions Fayard du livre : « La Voie – Pour l’avenir de l’humanité » d’Edgar Morin, Paris (2011).

Le vaisseau spatial Terre continue à toute vitesse sa course dans un processus à trois visages : mondialisation, occidentalisation, développement. Tout est désormais interdépendant, mais tout est en même temps séparé. L’unification techno-économique du globe s’accompagne de conflits ethniques, religieux, politiques, de convulsions économiques, de la dégradation de la biosphère, de la crise des civilisations traditionnelles mais aussi de la modernité. Une multiplicité de crises est ainsi enchevêtrée dans la grande crise de l’humanité, qui n’arrive pas à devenir l’humanité. Où nous conduit la voie suivie ? Vers un progrès ininterrompu ? Nous ne pouvons plus le croire. La mort de la pieuvre totalitaire a réveillé la pieuvre des fanatismes religieux et stimulé celle du capitalisme financier. Elles enserrent de plus en plus le monde de leurs tentacules. La diminution de la pauvreté se fait non seulement dans un accroissement de bien-être matériel, mais également dans un énorme accroissement de misère. Allons-nous vers des catastrophes en chaîne ? C’est ce qui paraît probable si nous ne parvenons pas à changer de voie. Edgar Morin pose ici les jalons d’une « Voie » salutaire qui pourrait se dessiner par la conjonction de myriades de voies réformatrices et nous conduire à une métamorphose plus étonnante encore que celle qui a engendré les sociétés historiques à partir des sociétés archaïques de chasseurs-cueilleurs. (Directeur de recherches émérite au CNRS, penseur transdisciplinaire et indiscipliné, l’auteur de La Voie est connu pour avoir conçu la « pensée complexe »).  Note de l’Editeur

Publication aux éditions Ecritures Alternatives du livre : « Du dessin au symbole – Une grammaire pour l’humanité – », de Margarit Berriet et Patricia Creveaux, MDA, 2010.

Ce livre est une invitation à voyager dans le monde des signes et des symboles, d’ hier à aujourd’hui. En soulignant les similitudes, mais aussi la diversité de ces représentations d’éléments du corps ou de la nature, l’œil, le cœur, le soleil, l’arbre, le serpent, ou encore de formes géométriques récurrentes, le cercle, le triangle ou l’étoile, les auteurs font émerger une écriture des sens, une « grammaire universelle » transmise par les œuvres d’art. « Aborder l’art et plus spécifiquement le langage artistique permet d’approcher la pensée symbolique. Celle-ci se construit à partir de la perception, du regard porté par les êtres humains sur leur environnement. » Note de l’Editeur   Nous ajouterons que cet ouvrage préfacé par Emmanuel Anati illustre à merveille le passage de l’iconicité à la symbolique lettrée, cette transformation lente du symbole et de la symbolique portée qui nous paraît aujourd’hui totalement acquise. L’universalité des symboles est non seulement à la source des langages articulés et stylisés, mais leur prévaut mettant en relief cette « grammaire universelle et intuitive de l’esprit humain » qui, comme le souligne très justement les auteurs, a le pouvoir de nous affranchir des suprématies ou des clivages de tout ordre pour nous amener à faire dialoguer les cultures et vivre les transcultures (l’ère numérique et l’information en temps réel aujourd’hui).

Publication aux éditions Oxus du livre: « A la Confluence de deux cultures, Lupasco aujourd’hui », Actes du colloque international UNESCO (24 Mars 2010), sous la direction de Basarab Nicolescu, Paris (2010).

Stéphane Lupasco nous a laissé une œuvre immense en ce qu’elle touche à l’essence même des choses : confluence des cultures et des humanités, logique du contradictoire et philosophie du tiers inclus. Comme Cioran, Tzara, Fondane ou Ionesco, le génie Roumain de Lupasco semble culminer dans le terreau de la créativité Française. Cependant, il détient ce rare pouvoir d’aimantation qui séduit autant le littérateur que le scientifique, dépasse l’élégance de la démonstration pour atteindre la transculture, la dynamique interne de la logique. Et là, tous se retrouvent, comme le montre parfaitement cet ouvrage. L’historicité en marche y est ainsi illustrée sur le plan du jugement, de la modernisation ou de l’intégration de l’ex-tiers exclu dans le monde d’aujourd’hui (Patapievici, Cioroianu) ; sur le plan des trois éthiques et de la raison (Malherbe) ; sur le plan du sacré, de la trinité et de son versant ternaire, de la reliance ou de la coïncidence des opposés (Chirilà, Magnin, Morin) ; sur le plan de la translittérature drainée par Horia et du langage, pur, impur, de ses dialogiques croisées, de son orientalisme, de ses origines (Craciunescu, Ghils) ; sur le plan de la psyché, des affects, des niveaux de réalité et de l’état T (Cazenave) ; sur le plan de l’épistémologie et de la rejonction métalogique opérée par Brenner sur le principe d’opposition dynamique et le tiers inclus logique lupascien ; sur le plan de l’art et des humanités enfin avec les rectoversions de De Caso, leur signifiance dans le cadre d’une mise à jour des Lumières et des passionnantes correspondances ou « interférences » de Lupasco avec Noica, Mathieu, Dali, Ionesco, Breton et Bachelard (Soare, Nicolescu). On sort grandi de ces analyses et développements contemporains poussés de l’univers du « plus héraclitéen des penseurs du XXe siècle », comme l’a magistralement qualifié Edgar Morin au colloque UNESCO de Paris.  Note de Marc-W Debono

Publication aux éditions Gallimard du livre: L’imaginaire des langues » d’Edouard Glissant, Entretiens avec Lise Gauvin (1991-2009), Paris (2010).

Avec cette série d’entretiens réalisés par Lise Gauvin, nous pénétrons au cœur de la pensée de Glissant, de la poétique qui traverse toute son œuvre et l’emmène à nous délivrer un message extrêmement clair et pertinent sur les origines et le devenir du langage. Exit toute approche monolingue refermée sur elle-même, sur une infraculture, une élite ou un microcosme et bienvenue aux littératures qui s’ouvrent à la pluralité du « chaos-monde », à la « poétique du divers », à une présence au véritable imaginaire des langues. Telle est la voie que nous trace Edouard glissant, en s’appuyant à la fois sur l’historicité et la stase actuelle de la langue française et sur son renouveau au travers des « maquis de langues », de la créolisation, de ces langages neufs, en mutation, en partage, en relation. Langages à bâtir, qu’il faut distinguer des créolismes ou des régionalismes, car toutes les langues contiennent et dépassent ces notions. Ainsi en est-il des langues de la Caraïbe, des Antilles, des Amériques ou encore du pays basque. C’est pourquoi le rôle de l’écrivain, et du poète en particulier qui n’a jamais eu peur de déconstruire, de réorienter, d’inventer la langue devient primordial aujourd’hui. Il a entre autre la tâche de nous désidentifier, c’est-à-dire de nous sortir de « l’identité-racine unique » que Glissant dénonce au profit d’une « identité-rhizome », de nous désaliéner de la rigidité de la langue et de tous ses ascendants socioculturels pour nous permettre d’éclater les rhétoriques, les unicités de tout bord. Pour nous permettre d’épouser les lieux , les imaginaires, la « totalité-monde » plutôt que se lancer dans une recherche éperdue des universaux, souvent profitables ou rapportés à une culture confrontée à une autre. Une fois encore l’archipélisation des langues et des savoirs est en marche. C’est la seule alternative aux monolithes systémiques, à la déperdition des langues, des littératures mercantilisées, voire même des transcultures qui s’enferment dans le concept. C’est le seul moyen de voir éclore ce monde incréé – « à créer et qui est déjà là » –, de changer « l’imaginaire des humanités ». S’agit-il d’une nouvelle utopie ? Oui, répond sans ambiguïté l’auteur, à condition de repenser cette notion, de redéfinir la place de l’imaginaire dans notre appréhension de la réalité. L’utopie, dit-il en substance, « sera un sens aigu d’une poétique de la relation […] c’est ce qui manque, c’est-à-dire ce qui permet d’aller dans l’accumulation jusqu’au bout de la quantité d’éléments qui constituent le tout-monde. De sorte qu’on essaie qu’il en manque aucun. » Ainsi, Glissant montre la puissance insoupçonnée de l’action poétique sur le monde, sa suprématie par rapport au fait politique ou au brassage culturel aveugle. Et il nous donne un formidable espoir en pointant du doigt ce bouleversement en marche au sein de la structure même de la pensée. Bouleversement qui ne cherche pas à théoriser ou à humaniser à tout prix, mais à exploiter le potentiel imaginaire de l’homme dans ce qu’il a de plus prégnant : la langue qu’il parle et qu’il écrit.  Note de Marc-W Debono

Publication aux éditions L’Harmattan du livre: «Transdisciplinarité et Transversalité – Epistémo-logiques chez Edgar Morin» de Auguste Nsonsissa, Collection Ouverture philosophique, Paris (2010).

Cet ouvrage aborde un thème épistémo-logique qui reflète l’orientation actuelle de la pensée scientifique chez Edgar Morin : la prise de conscience par les scientifiques contemporains qu’une science n’est plus à même d’expliquer exactement la réalité dans sa complexité et qu’elle est invitée à s’ouvrir à d’autres perspectives non accessibles par sa propre méthodologie, ayant pour tâche de fondre et non de confondre les connaissances humaines en un Savoir capable de relever le défi de la complexité.
Note de l’éditeur

Publication aux éditions L’Harmattan du livre: « Epistémologie et Transculturalité de Jacques Chatue. Tome 1 : Le paradigme de Lupasco, Tome 2 – Le paradigme de Canguilhem », Collection Epistémologie et Philosophie des Sciences, Paris (2009-2010).

Tome 1 : Les considérations relatives à la coexistence avérée des cultures font désormais partie intégrante des questions essentielles à l’ère de la mondialisation. Cependant, le contenu auquel renvoient les concepts qui y sont relatifs n’est guère évident. L’un de ces concepts est celui de « transculturalité ». Ce premier volume étudie les tenants et les aboutissants du « mouvement transdisciplinaire » qui, de Stéphane Lupasco à Edgar Morin, fondent une perception singulière des rapports entre cultures. Tome 2 : Dans une proximité questionnante à l’épistémologie des normes qui court de Georges Canguilhem à Michel Foucault et Pierre Bourdieu, en passant notamment par Gilbert Simondon, la thèse ici défendue est que le doublet « épistémologie-transculturalité » nous met sur la voie d’une alternative réellement forte pour résister au « complexe de culture de l’occident ». Préface de Jean Bove.  Note de l’éditeur

Publication aux éditions La Jointée du livre : « Rencontres Poétiques – Anthologie des Sept poètes de 3 continents et dans les 4 langues du Sommet d’Envol de la Grue – » sous la direction d’Ernesto Kahan, avec la participation de G. Droogenbroodt, E. Kahan, G. Friedenkraft, J.S. Mohan, M. Richter, M. Young, Y. Hsi, Paris (2010).

Cette anthologie à sept voix répond à plusieurs défis. Celui de la fraternité tout d’abord, en s’ouvrant au monde cosmopolite, en affirmant les valeurs de la paix universelle et de la richesse du brassage entre les peuples et les continents. Celui de la rencontre entre la science et l’art en second lieu ; chacun des auteurs assumant la double tutelle du chercheur et de l’écrivain. Celui de l’écriture et du langage enfin, en réunissant des poètes de culture différente et en faisant dialoguer les genres, les styles et les ouvertures vers de riches mondes intérieurs. Mais le défi le plus grand est sans doute d’avoir relevé la gageure de la traduction des poèmes, tâche qui pour beaucoup parait impossible… Et c’est probablement l’histoire de cette anthologie, née d’une rencontre d’experts – tous membres du congrès mondial de la poésie – au forum du XXIe siècle baptisé : « Sommet d’envol de la Grue » à Taipei en 2007 sous la présidence du Dr Yu Hsi, qui explique cet exploit. Rencontre ouverte à tous les arts, à la religion, la fraternité et la littérature qui a vu l’éclosion de la publication quadrilingue de poètes venus d’Europe, d’Asie et d’Amérique. On verra ainsi s’y côtoyer les haïkous de l’européen Georges Friedenkraft et ce long poème en prose lyrique intitulé « La route » du Taiwanais Yu Hsi, Mnémosyne et le voyage jusque dans l’holocauste de l’Israelo-Argentin Ernesto Kahan, la bienheureuse immortalité de l’indien Justice S. Mohan, l’univers intime du Tchécoslovaque Milan Richter ou encore les doutes de Maurus Young qui arpente en toute liberté les géographies, est chez lui de Beijing à Paris. Ce livre est ainsi un défi humaniste, poétique et la démonstration brillante du travail dans la langue et au delà de la langue…  Note de M-W Debono

Publication aux éditions EDP Sciences du livre de Jeannine Yon-Kahn : « Rencontre de la science et de l’art – L’architecture moléculaire du vivant – » (2010).

Jeannine Yon-Kahn explore avec une curiosité dévorante l’architecture du vivant dans un esprit humaniste, esthétique et d’emblée tourné vers une modernité attentiste et non pas repliée sur elle-même. Elle appelle le lecteur, au travers de la double hélice comme structure et symbole à lire le livre de la nature sous l’œil bienveillant de Kant, Galilée, Platon, Canguilhem et Poincaré, cité en exergue et à plusieurs reprises dans l’ouvrage: « Ce n’est que par la science et par l’art que valent les civilisations ». Le livre est en effet centré sur la biologie structurale et fait naître à chaque page des analogies troublantes entre le microcosme et le macrocosme, entre les motifs architecturaux ou le repliement des protéines et les œuvres d’art. Ainsi l’occurrence de l’hélice de l’ADN omniprésente dans l’architecture des cathédrales (colonnades), l’occurrence du méandre Bêta dans le tchi des tapis persans, dans l’art amérindien ou dans le fameux serpent à deux têtes aztèque, l’occurrence du trèfle dans la représentation médiévale du triskèle ou encore la symbolisation du Tao dans les oligomères à symétrie cyclique. On retrouve ces harmonies au niveau supramoléculaire où les assemblages entre protéines et enzymes conduisent à l’élaboration d’architectures complexes et réellement fascinantes comme les virus dont on peut retrouver des représentations symétriques identiques dans les mandalas tibétains. L’auteur ne se contente pas d’illustrer ces propos mais nous donne les principes physicomathématiques pouvant régir ces caractères géométriques universaux. Elle s’appuie sur de nouveaux modèles thermodynamiques et cinétiques comme le jigsaw puzzle issu du système unifié d’entonnoir de repliement ou sur des études de stabilité conformationnelle des protéines. La conclusion s’impose d’elle-même : on ne peut plus admettre de dualisme entre vérité « scientifique » et beauté « artistique ». La démarche esthétique du poète, du sculpteur converge avec celle du scientifique. Il n’y a pas de vérité absolue ou en tout cas comme Popper le dit, on ne peut l’atteindre (en tant qu’épistèmê). De même, les critères de la beauté se discutent selon les conceptions philosophiques de Platon, Kant, Hegel ou Adorno qui dit en substance dans une citation de l’ouvrage : « L’art vise la vérité, il n’est pas immédiatement la vérité ; en ce sens la vérité est son contenu essentiel ». Ainsi, art et science sont en résonance dès qu’ils atteignent l’un de ces deux critères d’authenticité. Jeannine Yon-Kahn nous montre que l’observation du vivant, sa morphogenèse, ses transformations, ses architectures sont autant d’approches d’une esthétique ou d’un langage commun entre les formes naturelles et crées par l’art.  Note de M-W Debono

Publication aux éditions Flammarion, Coll. Bibliothèque des Savoirs, du livre « De l’intérieur du monde : pour une philosophie des relations » de Michel Bitbol, Paris (2010).

Michel Bitbol repense dans ce livre la théorie de la connaissance pour l’adapter aux découvertes de la science du XXe siècle. La physique contemporaine rend cette démarche nécessaire: elle porte de moins en moins sur des choses et de plus en plus sur des relations. Si bien que l’image baroque de relations flottant en l’air sans appui sur les choses, d’un « sourire de chat sans chat » pour paraphraser Lewis Carroll, se fait jour de manière insistante. Comment comprendre des relations qui préexistent aux objets ou aux propriétés qu’elles unissent? Une analogie est mobilisée pour élucider ce mystère: si la droite et la gauche se définissent par leur relation mutuelle, c’est que cette relation est orientée à son tour relativement à notre corps. Ici, comme en physique quantique, seul un supplément de philosophie relationnelle permet de résoudre les énigmes des relations. Seule la reconnaissance de notre situation à l’intérieur du réseau interconnecté du monde lève les paradoxes nés du rêve de le voir comme de l’extérieur. Le problème est qu’une résistance culturelle, dont le fil est retracé de Platon jusqu’à Russell, fait obstacle à l’indispensable radicalité de la pensée des relations. Une thérapie de cette résistance est cherchée dans la philosophie de Nâgârjuna, penseur indien du 11e siècle, auteur de référence de l’école bouddhique de la « voie moyenne ». Car cette philosophie, loin de minimiser la corelativité des phénomènes et leur absence (ou vacuité) de nature propre, la prend pour prémisse de sa tension éthique vers une manière d’être ouverte et disponible. Une réflexion originale permettant de comprendre comment une épistémologie peut avoir partie liée avec la quête existentielle.  Note de l’éditeur

Publication aux éditions L’Harmattan par l’Institut Charles Cros du livre « La Création, définitions & défis contemporains » sous la direction de Sylvie Dallet, Georges Chapouthier et Emile Noël, Paris, (2010).

L’Institut Charles Cros met l’accent sur les nouveaux défis de la créativité humaine tant en sciences, où le chercheur, « ce rêveur méthodique » selon Sylvie Dallet, doit s’ouvrir aux arts, à la mutation des savoirs, qu’en art où la création picturale, écrite ou musicale absorbe, filtre, décante les découvertes de la science contemporaine. Ce qui les relient ? A la fois, la recherche d’une transversalité et d’une éthique commune, les chercheurs ouverts étant aujourd’hui enfin convaincus qu’il faut dépasser les clivages et aller enfin vers la transdisciplinarité. Mais ce livre ne se contente pas d’amorcer le dialogue, il pousse le lecteur à découvrir des univers qui habituellement se disjoignent, l’entraînant aux frontières du cerveau créateur (Bongiovanni, Chapouthier), à mesurer les liens entre l’image et la poésie ou l’art cinématographique (Braffort, Dallet), à intégrer l’historicité du vivant (Genermont, Le Taillanter) comme de l’humanité (Arnould, Ferro, Genermont, de Lamberterie, Jacquot, Watteau) ou encore à pénétrer « au bord du chaos » (Heudin, Boulanger) par le biais des structures géométriques ou des émergences de formes. L’interrogation psychanalytique n’est pas en reste avec E. Noël ou G. Maurey, tandis que d’autres aspects abordent le plan des valeurs culturelles, de la chorégraphie, du théâtre ou encore de l’art culinaire (This). On voit bien à cet énoncé la richesse de l’ouvrage et aussi l’impossibilité de le résumer (plus d’une vingtaine d’essais originaux de chercheurs et d ‘artistes polyvalents). Ce qu’on peut dire, c’est qu’il reflète non pas un énième état des lieux de la création contemporaine, mais le fait que c’est la création elle-même qui est fédératrice et motrice au sein des disciplines. Et ce livre en est la preuve, faisant fi des tabous sur la religion, perçant la créativité du vivant, unissant art et science dans ce qu’ils ont de fécond, montrant des hommes qui s’interrogent sur la sémantique du monde, sur les mythes et la volupté de la création.  Note de M-W Debono

Publication aux éditions Ellipses du livre « Des fleurs pour Schrödinger » de Jean Chaline, Laurent Nottale et Pierre Grou, Paris, (2010).

Ce livre développe une nouvelle représentation du monde, la nouvelle théorie de la « relativité d’échelle », qui prend en compte par construction toutes les échelles de la nature. Le « principe de relativité d’échelle » postule que les lois fondamentales de la nature doivent être valides quel que soit « l’état d’échelle » du système de référence. Il complète ainsi le « principe de relativité » de Galilée, Poincaré et Einstein qui s’appliquait seulement aux états de position, d’orientation et de mouvement. Dans son cadre, la géométrie « courbe » de l’espace-temps de la relativité d’Einstein peut être généralisée à un espace-temps fractal. La loi fondamentale de la dynamique prend, dans une telle géométrie, une forme quantique, en particulier celle de l’équation de Schrödinger, qui peut être généralisée pour ne plus forcément dépendre de la constante microscopique de Planck, ce qui permet d’envisager l’existence d’effets quasi quantiques macroscopiques d’un type nouveau. Cette théorie a des applications potentielles multiples et certaines de ses prédictions ont été testées avec succès, en astrophysique (structures gravitationnelles, en particulier exoplanètes), en cosmologie (constante cosmologique), en physique (constante de couplage forte), en paléontologie (arbre de l’évolution) et en économie (chronologie évolutive des sociétés). En biologie enfin, elle permet une nouvelle approche de la question de l’auto-organisation et de la formation et l’évolution de structures.  Note de l’éditeur

Publication aux éditions Gallimard de «Philosophie de la relation », d’Edouard Glissant (2009).

Parmi les échanges incessants qui se nouent sur le plan culturel, le Tout-Monde tient une place essentielle. Hier, cinq continents, quatre races, plusieurs grandes civilisations reliées par des périples et des découvertes nombreux, des conquêtes étendues… Aujourd’hui, qu’en est-il de cette totalité ? Des archipels à la place des continents, une floraison de cultures au sein desquelles chaque détail compte. Plus de race mais ‘des rencontres multiples qui ouvrent au grand large’. La poésie seule peut rendre compte des emmêlements humains et culturels, aussi inattendus qu’inextricables. Dans ce contexte nouveau comment envisager le rapport à l’autre ? Edouard Glissant en appelle dans le présent essai à une ‘philosophie de la relation’ qui se fonde sur la différence. Il y expose le refus de l’identique et de l’universel qui ont provoqué tant de dominations et de crimes coloniaux. Il y défend une diversité consentie, une créolisation du langage, la mondialité comme face vivante d’une culture mondiale partagée, le tremblement du monde comme annonce d’un ‘nouvel imaginaire’, en d’autres termes de nouvelles littératures. Dans ce livre, l’auteur propose la poésie comme pensée archipélique, pensée de l’errance, du tremblement, de l’imprévisible essentiellement non agressive, mais toujours corrosive.
Note de l’éditeur/Evenement.fr

Publication aux éditions de l’Atlantique de « L’expérience poétique », Sarawasti n°10, Jonzac (2009).

Sylvaine Arabo réussit l’exploit de réunir dans cette revue exceptionnelle un panel de 51 poètes d’aujourd’hui sur la question centrale de l’expérience poétique. Tour à tour interrogés sur les missions de la poésie, leur quête intime du mot, ce qui les a conduit à écrire spécifiquement des poèmes, quelle en est la genèse, quels en sont les modes opératoires, comment se définissent-ils comme poètes, des auteurs comme J. Ancet, B. Grasset, P. Domenech, A-L Blanchard, J-F Hérouard, R. Nadaus, G. Fredenkraft, M-W Debono, J-F Crespel, E. Hiriart, M. Cosem, J. Canut, pour ne citer qu’eux, donnent en toute sincérité la réplique. Le questionnaire est entrecoupé de poèmes inédits, de graphismes, de pastels et notamment des gravures originales de H. & S. Jean. Tout cela conduit à un témoignage unique tout au long de quelques deux cent pages dévoilant le processus d’écriture dans sa modernité, dans des espaces-temps revisités. La parole est enfin donnée ici aux poètes contemporains, non pas sous la forme d’une énième anthologie hantée par leurs pairs, saupoudrant leurs talents, mais dans un esprit de découverte qui interroge, rebondit, montre à la fois l’éternel travail dans la langue et l’avenir de la poésie. C’est une exégèse dont le monde câblé d’aujourd’hui a grandement besoin.  Note de M-W Debono

Publication aux éditions Belin de l’ouvrage « Kant et le chimpanzé », de Georges Chapouthier, Paris (2009).

Nous, êtres humains, sommes issus d’une longue évolution, minérale et cosmique d’abord, biologique et terrestre ensuite. Pour certains, nous aurions définitivement rompu avec un héritage ancestral qui faisait de nous des bêtes. Nous seuls serions capables du sens du bien et du sens du beau. Nous seuls serions doués de morale. Il existerait ainsi un fossé infranchissable entre le grand philosophe Emmanuel Kant et nos cousins les chimpanzés ! Ou bien, au contraire, faut-il considérer que la morale et l’esthétique chez l’homme plongent leurs racines dans le terreau de la « nature » ? Les animaux ne sont-ils pas eux aussi capables de dévouement pour leurs proches ? Nos cousins les primates ne peuvent-ils pas éprouver eux aussi des sentiments en face d’une belle (d’un beau) chimpanzé ? Bref, la découverte des « cultures animales » n’amène-t-elle pas à concevoir davantage de continuité entre l’homme et l’animal ? En s’appuyant sur les connaissances les plus actuelles de l’éthologie et de la biologie, l’auteur s’attache à démontrer ce que nous devons à l’animalité et ce qui fait notre être propre. C’est une nouvelle vision de l’être humain qu’il propose.  Note de l’Editeur

Publication aux éditions La Part de l’œil, de l’ouvrage « Ce qui fait danse : de la plasticité à la performance », Dossier n°24, avec la participation de Michel Guérin, Rémi Labrusse, Chaké Matossia & Luc Richir, Bruxelles (2009).

Ce volume espère dégager une esthétique de la création, de l’acte créateur, partant à la fois des tentatives les plus récentes de la danse pour se donner un espace de pensée et des nombreuses interactions entre le champ de la danse et celui de la plasticité, qui tous deux se confrontent aux notions de forme et de figure, aux relations du mouvement et du tracé par exemple. Le titre de l’article de Michel Guérin résume sans doute au mieux ce volume : “D’un danser de l’art”, postulant que la danse « est le paradigme, pour ainsi dire matriciel, de tout comportement de type esthétique » et fournit le schème de toute poïétique des arts. On ne s’étonnera pas dès lors de croiser ici des références à Ravaisson, Bergson, Valéry entre autres. Ce sont également un certain nombre de topos qui sont revisités : Rémi Labrusse reprenant dans un superbe article la question complexe des rapports de Matisse à la danse, Chakè Matossian interrogeant les relations à la danse et aux ballets chez Fernand Léger, Luc Richir se saisissant de la volte de Camille Claudel sans compter les différents auteurs qui abordent les liens étroits se nouant avec la pensée de la plasticité à chaque fois que la danse se fait performance.  Note de l’Editeur

Publication aux éditions Kimé du livre de Patricia Signorile « Le cadre de la peinture », Paris (2009).

Le cadre invente la peinture et contribue à la naissance d’un concept qui a révolutionné les domaines du religieux, du politique et de l’imaginaire. Consacrés par la maîtrise de la perspective, l’évolution de la position sociale du peintre et les instances de pouvoir, la peinture et ses artifices servent de métaphore à la représentation jusqu’à renoncer devant la photographie. Dès qu’il est devenu un objet autonome, le tableau dans son cadre contient virtuellement les prémices des crises qui suivront. Des théories platoniciennes qui condamnent la peinture comme incapable de produire des vérités, jusqu’au dogme romantique qui attribue à l’art la capacité d’exprimer la vérité de l’intériorité, c’est bien la réflexion inaugurale d’Alberti qui fonde  » un examen tout à fait nouveau de l’art de peindre.  » La théorie de la vision développée dans les écrits de Descartes, corrobore les modalités de cet apparaître pour le moins paradoxal puisqu’il décline l’être de la situation dans la situation. L’art, qui fut langage commun de l’inaction sociale, comme l’écrit Guy Debord dans La société du spectacle, se constitue en entité indépendante dès qu’il émerge de son univers religieux, et devient une production individuelle d’oeuvres autonomes. Mais il marque alors le commencement de sa dissolution et de sa désagrégation qui se réorganisent dans le spectaculaire intégral de la société contemporaine   Note de l’éditeur

Publication aux éditions Liber du livre de Basarab Nicolescu : « Qu’est ce que la réalité ? » Réflexions autour de Stéphane Lupasco, Québec, Canada (2009).

«Le mot “réalité” est un des plus prostitués de toutes les langues du monde. Nous croyons tous savoir ce qu’est la réalité mais, si on nous interroge, nous découvrons qu’il y a autant d’acceptions de ce mot que d’habitants sur la terre. Il n’est donc pas étonnant que les conflits sans nombre agitent sans cesse les individus et les peuples: réalité contre réalité. C’est une sorte de miracle que, dans ces conditions, l’espèce humaine existe encore. Plus de soixante ans après l’affirmation de Wolfgang Pauli, un des fondateurs de la mécanique quantique: “[…] la formulation d’une nouvelle idée de réalité est la tâche la plus importante et la plus ardue de notre temps”, cette tâche reste inaccomplie. Et pour illustrer cette quête, je prends, comme cas exemplaire, l’œuvre de Stéphane Lupasco (1900-1988). J’ai eu le privilège de partager l’amitié de Lupasco de 1968 à sa mort. Ce livre voudrait prolonger nos échanges intellectuels et spirituels au-delà de ce terme. En effet, la pensée de Lupasco est un système ouvert, soumis à un perpétuel questionnement constructif. Elle nous aide à avancer vers une sagesse en conformité avec les défis majeurs de notre siècle.»   Extrait du livre

Publication aux éditions Thalia du livre de Camille Coppinger : « Ambre, mémoire du temps », Collection Patrimoines du monde, avec la participation d’André Nel et de Georg Laue, Paris (2009).

Premier livre d’art de référence sur l’ambre jamais publié en France, cet ouvrage exceptionnel réunit l’ensemble des connaissances historiques, artistiques, géographiques et scientifiques sur cette matière fascinante. Très richement illustré, ce beau livre offre aux amateurs éclairés, aux collectionneurs comme aux néophytes un panorama complet de l’épopée de l’ambre depuis son origine. De la préhistoire à nos jours, l’ambre n’a en effet cessé d’être un sujet d’interrogation et d’admiration pour l’homme, de nourrir son imaginaire et de susciter sa création. Amulette ou talisman, chapelet ou bijou rare, objet usuel ou précieuse marqueterie, aucune autre matière n’est comme l’ambre présente dans toutes les formes de l’art décoratif, traditionnel ou populaire, à travers le monde. Les modes varient avec les cultures et les moeurs, cependant les qualités singulières de la « résine magique » n’ont guère évolué depuis l’aube de l’humanité. Ses vertus secrètes traversent le temps et les civilisations, immuables et enracinées pour toujours dans le mystère que l’ambre porte en lui. Ce livre est une invitation à la découverte : celle de l’ambre, de son aventure et de sa présence dans toutes les formes d’expressions artistiques. Les auteurs : Camille Coppinger est fascinée par l’ambre, son aventure et ses énigmes, elle est devenue au fil du temps une collectionneuse passionnée. La curiosité et l’étude de la « mystérieuse résine » l’ont conduite à approfondir ses connaissances en parcourant le monde à la recherche de l’ambre sous toutes ses formes : pierres brutes ou polies, bijoux traditionnels ou objets insolites. Avec cette histoire complète de l’ambre, Camille Coppinger vous propose de partager son expérience en vous entraînant dans une passionnante traversée du temps… André Nel, paléo-entomologiste au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris est spécialiste de l’étude des insectes fossiles et plus particulièrement de la faune dans l’ambre. Auteur de plus de 350 publications, André Nel apporte à cet ouvrage un regard scientifique sur les mystères de l’évolution. Georg Laue, historien de l’art et grand collectionneur allemand, spécialiste des cabinets de curiosité et des objets en ambre de l’époque baroque. Sa contribution éclaire la période de « l’ âge d’or » de l’ambre en Europe.  Note de l’éditeur

Publication aux Presses Polytechniques & Universitaires Romandes du livre de Michael Esfeld «Philosophie des Sciences», Lausanne (2009).

Ce livre est une introduction à la philosophie des sciences qui se veut accessible aux étudiants. Il résume l’état actuel de la connaissance, en présentant les différents concepts et en proposant une évaluation des résultats fondés et des questions majeures qui restent ouvertes. Il vise à contribuer au développement d’une nouvelle philosophie de la nature qui prend en considération les théories scientifiques, cherchant à élaborer sur leur base une vision de l’ensemble de la nature: il utilise à cet effet les outils conceptuels de la philosophie analytique. La première partie de l’ouvrage dresse un bilan du débat entre l’empirisme logique et ses critiques. La deuxième partie, la partie principale, présente les principaux sujets de la métaphysique de la nature en se focalisant sur la philosophie de la physique. La troisième partie traite les thèmes de l’unité de la nature ainsi que l’unité des sciences. Cette deuxième édition intègre de nouvelles réflexions sur les fondements physiques de la causalité. Elle ne considère pas la philosophie de la biologie, qui sera spécifiquement traitée dans un ouvrage à paraître prochainement chez le même éditeur. Chaque chapitre contient un appareil pédagogique avec résumé, questions d’évaluations et propositions de travail, et l’ouvrage est complété d’un glossaire et d’une bibliographie exhaustive: il est donc particulièrement adapté à un support de cours.   Note de l’éditeur

Publication aux Presses Polytechniques & Universitaires Romandes du livre de Libero Zuppiroli, Marie-Noëlle Bussac, avec les photographies de Christiane Grimm : «Traité de la lumière» (2009).

Le Traité de la lumière se présente à la fois comme un livre de science et un livre d’art. En cultivant cette double allégeance, les auteurs ont cherché à exorciser les aspects les plus durs de la technoscience d’aujourd’hui. Or la lumière se prête bien à cet exercice car elle est source de toute vie et de toute énergie; à la manière des divinités hindouistes, elle se présente à l’homme sous de nombreux avatars dont chacun s’enrichit de multiples sens scientifiques et métaphoriques. La première partie de l’ouvrage est ainsi destiné à un public non spécialisé curieux de comprendre la diversité du phénomène lumineux et privilégiant les côtés les plus créatifs de cette investigation, à la fois dans les sciences et dans les arts. La seconde partie, destinée à des lecteurs plus scientifiques, complète l’exploration de la lumière par quelques développements mathématiques importants qui associent cette étude d’une manière plus rigoureuse. Richement illustré, tout comme le Traité des couleurs des mêmes auteurs, ce livre bénéficie de la contribution photographique originale de Christiane Grimm.  Note de l’éditeur 

Publication aux éditions Ellipse du livre d’Eric Combet : « L’Art ou la plasticité de l’esprit » (2008).

Commencer par une analyse des Ménines, c’est recommencer là où Foucault, lui-même, commença. Pourquoi ? Parce que Les Ménines sont en elles-mêmes un commencement : elles actualisent la puissance essentielle de l’art. Il s’agit de montrer que le tableau de Velázquez met en œuvre un regard divin, protecteur de l’infante Marguerite dans un moment particulièrement sombre de l’histoire de l’Espagne. Cette actualisation de la peinture comme vision divine permet d’illustrer une première fois la thèse qui sera celle de tout l’ouvrage : l’art est l’activité par laquelle l’homme, au lieu de se fixer en son humanité, la dépasse dans l’immanence même en se dianouménalisant, c’est-à-dire en traversant (dia) les formes culturelles et historiques déjà réalisées de l’esprit (noûs). Cette éprouvante, mais féconde, plasticité de l’esprit ne cesse, selon l’auteur, de s’affirmer au cours du temps : elle est déjà présente, ignorante d’elle-même, dans l’art préhistorique. Elle connaît une actualisation particulièrement éprouvante et tragique avec l’art gréco-romain (la peinture grecque, mais aussi les figures d’Achille, d’Ulysse, d’Œdipe, d’Antigone, font ainsi l’objet d’une approche interprétative nouvelle, très éloignée de l’idée hégélienne de la belle unité). Enfin, avec nous, aujourd’hui, cette plasticité débouche sur une déshominisation de l’existence consciente d’elle-même (l’épianthropisme). À la lecture de ce livre, qui hégélianise contre Hegel et maintient l’effort d’une pensée universalisante, on sera peut-être conduit à penser que notre histoire – celle de l’art – fut plus audacieuse qu’on ne le croit, et que notre temps est, quant à lui, moins relativiste et finissant qu’on ne le dit. Prix Araxie Torossian 2006. Note de l’éditeur

Publication aux éditions L’Harmattan du livre de poésie « L’Epissure des Mots » de Marc-Williams Debono, Paris (2008).

« Souvent des pensées surgissent d’on ne sait où… » Ainsi débute ce livre qui cherche à dévoiler un nouvel espace de pensée, tantôt enfoui dans nos souvenirs troglodytes, tantôt habité par le phénix des interstices, ce monde tu, à la lisière et au-delà de qui ne nous quitte jamais. Sourd alors comme un murmure, une texture, une once de chair et trois volutes, ce lien ténu qui nous fait homme de paille et homme du tout. En émerge cette étonnante plasticité des mots, qui, dans ce qu’elle évoque – nouures et formes épissées –, dans ce qu’elle traverse – la plaie d’Eve ou le fond de l’amphore – et dans ce qu’elle fomente – un mouvement infime de l’épicentre noétique – donne accès au faîte du miroir. A chacun d’y trouver sa voie.   Note de l’éditeur 

Publication aux éditions L’Harmattan du livre « Chroniques de l’étonnement – De la science au poème – de Maurice Couquiaud, Paris (2008).

Le devenir de chacun est tissé de ces explorations, de ces extensions feutrées, de ces tâtonnements à l’aveuglette, de ces approches furtives qui sont parfois des rencontres miraculeuses… Nous vivons une époque de migrations et il est bon que l’intelligence, elle aussi, soit migratrice, capable de s’adapter à de nouvelles situations, à des domaines encore en friche… Mais qu’est-ce que l’étonnement sinon le stade suprême de la curiosité ? De ce désir insatiable en l’homme depuis Adam de forcer le coffre-fort de l’irrévélé, de soulever le masque du caché, de perquisitionner dans l’inconnu ? Extraits de la préface de Charles Dobzynski. Ne nous trompons pas sur Maurice Couquiaud. Sous son apparence bonhomme tranquille se cache un révolutionnaire. Je prédis que les jeunes du 22e siècle, qui vont vivre, je l’espère, dans une nouvelle culture – la culture transdisciplinaire, fondée sur l’unité de la connaissance – vont découvrir en Maurice Couquiaud un des précurseurs de cette nouvelle culture, qui va leur permettre d’espérer, de rêver et de bâtir. Extrait de l’avant-propos de Basarab Nicolescu.  Note de l’éditeur

Publication aux éditions L’Harmattan du livre « Entendre l’esthétique dans ses complexités » de Louis-José Lestocart (2008).

D’où naissent les formes ? Et, au-delà, qu’est-ce que l’acte de percevoir, de penser, d’écrire ou de créer et surtout d’interpréter ? La science, depuis Aristote et Leibniz, s’est beaucoup penchée sur la question de la naissance des formes (Goethe, D’arcy Thompson, Turing, Thom, Prigogine, Crutchfield). Ces études ont été à la fois à l’origine de nouvelles techniques et de nouvelles pensées – comme la science des systèmes, l’auto-organisation -, et de nouvelles valeurs fondamentales (rétroaction, récursivité, downward causa­tion). Ces découvertes prenant leur essor à la fois dans le champ mathématique, physique, informatique, biologique et épistémolo­gique, ont cependant très tôt côtoyé des préoccupations esthétiques. Tout au long de l’histoire du XX° siècle, des artistes aussi différents que Duchamp, Kandinsky, Valéry, Schwitters, Cage, Rauschenberg, jusqu’à des artistes plus récents, se sont nourris à ces découvertes ou, même, quelques fois, les ont anticipées. C’est cette histoire qui veut être contée ici. Elle s’entend via la Complexité et ses formes d’émergences. L’enjeu étant de tracer l’idée d’une inséparabilité, au moins épistémologique, entre Art et Science : Unitas multiplex selon Valéry.  Note de l’éditeur

Publication aux éditions Hampton Press du livre: «Transdisciplinarity : Theory and Practice» dirigé par Basarab Nicolescu (2008).

In this fascinating volume, the contributors make it very clear that far from being a faddish and superficial phenomenon, transdisciplinarity is potentially the foundation for a new, and much needed, approach to inquiry. Transdisciplinarity goes beyond the dualism of opposing binary pairs: subject/object, subjectivity/objectivity, matter/consciousness, nature/divine, simplicity/complexity, reductionism/holism, diversity/unity which have marked the history of ideas for millennia. Because transdisciplinarity is radical, in the sense that is goes to the roots of knowledge, and questions our way of thinking and our construction and organization of knowledge. It requires a discipline of self-inquiry that integrates the knower in the process of knowing. Nicolescu’s vision of transdisciplinarity, and that of the international contributors to this volume, goes beyond cognicentrism and the focus on analytic intelligence to propose a new type of intelligence that reflects a harmony between mind, feelings, and body. Participation de nombreux auteurs : Alfonso Montuori, Edgar Morin, Giuseppe Del Re, Antonella Verdiani, Michel Camus, Kesiraju Venkata Raju, Jan Visser, Maria de Mello, Donald A. Yerxa, Paulius Kulikauskas, Karen-Claire Voss, Paul Ghils, Jean-Francois Malherbe and Claude Liberson, Diane Laflamme, Joseph E. Brenner, Marc-Williams Debono, Richard Welter, E. Haribabu, Marilena Lunca, Rene Berger, Rosemary Ross Johnston, Francois-Xavier Nzi iyo Nsenga, Ron Burnett.  Note de l’éditeur 

Parution aux éditions Academia Bruylant (collection Science, éthique & société) du livre : « Les théories du langage au XXème siècle. De la biologie à la dialogique », un livre de Paul Ghils (2008).

Au début du 21e siècle, les questions fondamentales posées par les grandes écoles linguistiques du siècle passé restent actuelles dans les sciences du langage, les philosophies du langage et les sciences humaines. Les théories liées au substrat biologique du langage, aux conditions de la communication, au statut des langues dans l’imaginaire des communautés, aux mécanismes logiques qu’elles mettent en oeuvre, à la traduction des cultures dans le cadre dialogal et interculturel comme à leur affrontement rhétorique trouvent dans les écoles linguistiques des réponses diverses, sinon contradictoires. Leurs présupposés posent la question de leur compatibilité et de la possibilité d’une science globale du langage. Les diverses théories proposent par ailleurs des conceptions du sujet, de la pensée, de la société, des interactions langagières qui mettent en lumière l’instabilité des frontières disciplinaires et l’inachèvement de la modernité. La possibilité d’une conception intégrative du langage et d’une épistémologie plurielle est à ce titre liée aux interrogations politiques et éthiques du devenir humain dans ses expressions les plus contemporaines.  Note de l’éditeur

Parution aux éditions Springer-Verlag du livre “ Logic in Reality : A la redécouverte de Stéphane Lupasco: La Logique de la Transdisciplinarité, ” de Joseph E. Brenner (2008).

« Logic and metaphysics are intimately connected, as major philosophers such as Kant and Wittgenstein have always been aware. Moreover, there is no reason to believe that contemporary views in logic and metaphysics do full justice to either topic. Brenner’s book, Logic in Reality, presents a distinctive picture of logic, metaphysics, and their inter-connection. Drawing on Stéphane Lupasco’s notion of a T-state, a sui generis, quasi-physical state emergent between opposites, Brenner provides a theory of scope that matches some of the classics of 19th century Dialectics. His book serves as a timely reminder that speculative philosophy can, and perhaps even should, strive to go beyond the bounds of current orthodoxies. » Graham Priest, The University of Melbourne, Australia. « This book is a revelation, for the English-language reader, of the extraordinary potential of the work of the great French philosopher, Stéphane Lupasco (1900-1988). In an astonishing transdisciplinary synthesis, the author develops a remarkable series of extensions and applications of this work to current issues in logic, ontology and science. » Basarab Nicolescu, author of Manifesto of Transdisciplinarity. Note de l’éditeur, plus de détails sur le site

Publication de « Culture & cultures », sous la direction de Réda Benkirane et Erica Deuber Ziegler, avant-propos d’Edgar Morin, Gollion: Infolio éditions / Genève: Musée d’ethnographie, collection tabou 3 (2007).

Ce livre collectif témoigne de l’éclatement actuel des sens que peut recouvrir la notion de culture et de ce que peut signifier pour un musée d’ethnographie le fait de traiter de cultures lointaines et proches à travers des objets et des thèmes d’ailleurs et d’ici, du passé et du présent. À quelle culture contribue un musée d’ethnographie en parlant de ces différentes cultures? Cette quête et cette interrogation interviennent dans une période de crise où il y a nécessité de redéfinir, d’une part, la fonction muséographique et, d’autre part, le travail anthropologique selon des pistes et des champs d’exploration nouveaux. Culture & cultures réunit ainsi quinze auteurs qui témoignent de leurs expériences muséographiques, apportent des éclairages variés et complémentaires et, enfin, exposent leurs interprétations qui ne manquent pas, parfois, d’être divergentes ou concurrentes entre elles.  Note de l’éditeur

Parution aux éditions Actes Sud du « Syndrome de Diogène -éloges des vieillesses- », un livre de Régine Detambel (2007).

La question du vieillissement de la population en Occident a, entre autres effets, celui de nous obliger à nous défaire rapidement des idées reçues sur la vieillesse et, par voie de conséquence, à réviser nombre de propos conventionnels tenus sur la beauté, les amours ou la sexualité sénescentes. Au fil de la méditation à laquelle elle se livre dans cet essai aussi stimulant que subtil, Régine Detambel convoque à la fois son intime fréquentation de la problématique du corps et les références que lui prodiguent une vaste érudition littéraire, pour montrer notamment comment des créateurs, en offrant à l’humanité des œuvres majeures conçues dans leur grand âge, nous donnent sans doute, à travers elles, la seule leçon de vie qui vaille.   Note de l’éditeur

Parution aux éditions des Presses Universitaires de L’Université Laval de « L’être humain, l’animal et la technique » (sous la direction de Marie-Hélène Parizeau et Georges Chapouthier).  (2007).

La technique «animalise»-t-elle l’être humain? La technique ­«humanise»-t-elle l’animal? Dit autrement, la technique vient-elle «mélanger» l’être humain et l’animal en effaçant les repères biologiques et les limites éthiques? Animaux transgéniques pour les xénogreffes humaines, ­moutons et chats clonés, chimères animales issues de cellules souches embryonnaires humaines, hybrides animal-humain se multiplient depuis une quinzaine d’années. Ces «animaux-là» sont-ils des artefacts de ­laboratoire, des objets brevetables ou des monstres? À l’opposé des animaux «sauvages» d’une nature intacte, appartiennent-ils au monde domestiqué de la culture moderne et de la technique? Ces «animaux-là» nous obligent à poser la question philosophique de la frontière entre l’être humain et l’animal. Faut-il sauver la ­«nature humaine» et l’essence de l’animal, s’ouvrir à toutes les transformations d’un post-humanisme ou encore penser une continuité entre l’être humain et l’animal? Telles sont les pistes explorées dans cet ouvrage collectif. Contributions de André Beauchamp, Florence Burgat, Georges Chapouthier, Béatrice de Montera, Sonia Desmoulin, Richard Foltz, Jean-Yves Goffi, Annie Ibrahim, Catherine Larrère, Dominique Lecourt, Marie-Hélène Parizeau. Note de l’éditeur

Parution aux éditions Des Idées et des Hommes (collection Convictions Croisées) du livre « Les dialogues stratégiques – Mieux comprendre la complexité et l’évolution du monde » sous la direction de Véronique Anger, préfacé par Joël de Rosnay (2007).

« Les Dialogues stratégiques. Mieux comprendre la complexité et l’évolution du monde” est une compilation des textes les plus marquants publiés dans les publications en ligne « Les Di@logues Stratégiques » et « Des Idées & des Hommes » entre 2000 et 2006. Dans cette compilation, articulée autour de 4 grands thèmes : Penser la Terre, penser l’Humanité, penser la Science, penser la Spiritualité, le philosophe retrouve l’économiste ou le biologiste, et la vision de chacun contribue à éclairer notre avenir en essayant de construire des futurs possibles. L’idée est de mettre en valeur l’originalité de chaque intervenant tout en conservant un fil directeur qui renforce et enrichit chaque témoignage. A travers les regards croisés d’une trentaine de penseurs-phares issus d’horizons différents : l’ancien grand Maître du Go Gilbert Abergel, le professeur Etienne-Emile Baulieu, le grand Rabbin Gilles Bernheim, le recteur Dalil Boubakeur, la paléoanthropologue Anne Dambricourt-Malassé, le chef Alain Ducasse, Henri de Grossouvre, le professeur Axel Kahn, le romancier et consultant en stratégie internationale Percy Kemp, Monseigneur Stanislas Lalanne, le professeur Luc Montagnier, le sociologue et philosophe Edgar Morin, le chercheur du MIT Nicholas Negroponte, l’économiste René Passet, l’astrophysicien Hubert Reeves, Joël de Rosnay, le fondateur du « Groupe des 10 » Jacques Robin, l’éditeur André Schiffrin, l’ancien champion automobile et député européen Ari Vatanen, le philosophe Patrick Viveret,… cet ouvrage souhaite apporter un éclairage transdisciplinaire sur les nouveaux espaces de savoir et les grands enjeux de société qui fondent les sociétés de demain. Ce livre exprime une réelle volonté d’interprétation des changements majeurs scientifiques, technologiques, philosophiques, spirituels et de leurs impacts sur l’Homme et son évolution. Des mutations sociales et culturelles, ainsi que de nouvelles connaissances, émergent. Nous devons les prendre en compte et montrer qu’un autre monde est possible. ‘Tout le défi de ce livre : aborder les grandes questions posées par la complexité de monde, tenter de construire des futurs possibles, tenir compte de la démarche éthique, et ceci en respectant l’apport de visions différentes proposées par des professionnels appartenant à des milieux très divers : haut fonctionnaires, médecins, chercheurs, philosophes, économistes, prospectivistes, sociologues, politiques… ‘ Joël de Rosnay ».   Note de l’éditeur

Parution aux éditions L’Harmattan du livre «Philosophie des sciences de la matière» de Ludovic Bot (2007).

« La science a pris des allures de tour de Babel en s’émiettant en d’innombrables disciplines sur-spécialisées. Au point qu’on peut se demander si les scientifiques poursuivent encore un idéal de connaissance, que l’on prétendait jadis universelle. De fait, l’aventure scientifique moderne pourrait se terminer de la même façon que le récit biblique, le brouhaha des langues et l’incapacité des hommes à se comprendre faisant échec à leur tentative de toute puissance. Cet éclatement de la connaissance entretient deux idées qui font notre post-modernité. Il ne serait plus possible pour un esprit d’aujourd’hui de maîtriser l’essentiel des connaissances scientifiques de son époque. Et du fait que la connaissance puisse dépendre de points de vue, nous concluons que les concepts d’objectivité, de vérité ou d’universalité n’ont plus d’avenir. Sans prôner de retour ni à l’encyclopédisme ni au réalisme naïf, ce livre part du principe que ces deux idées sont d’abord les conséquences de notre renoncement. Car l’éclatement de notre connaissance montre davantage les difficultés du sujet que l’état réel de nos connaissances. C’est le sujet, c’est-à dire nous, qui proclamons la synthèse impossible et délaissons la philosophie comme possible langue commune à toutes les raisons humaines. C’est donc en s’incluant comme sujet dans la réflexion et en cherchant l’élargissement philosophique qu’on propose ici une synthèse des connaissances contemporaines sur la matière. Entre l’ouvrage de vulgarisation scientifique et l’essai philosophique, ce livre aidera les étudiants en sciences à se faire une culture scientifique au-delà des restrictions que trop souvent leurs cursus leur imposent sous prétexte de professionnalisation et d’efficacité à court terme. Il aidera également les étudiants en philosophie ou en sciences humaines désireux d’intégrer les grands résultats des sciences de la matière dans leurs réflexions. Par sa volonté de réconcilier sciences et culture humaniste, le livre s’adresse également à toute personne consciente qu’il serait imprudent de se détourner de la science et de ses contenus sous prétexte d’une nécessaire critique des idéologies scientistes » .  Note de l’éditeur

Parution aux éditions Edisud du livre «Valéry et la Méditerranée» sous la direction de Patricia Signorile (2006).

« L’espace méditerranéen, qui réunit des cultures typologiquement différentes a été analysé par Valéry dans ses œuvres et ses Cahiers. Plusieurs interrogations émergent de cette réflexion : cet espace peut-il jouer un rôle d’ambition universelle unissant les Cultures de l’axe Nord à celles du Sud ? Selon quelles modalités ce rôle peut-il être précisé théoriquement et pratiquement sans pour autant sombrer dans des tentatives concrètes d’annexion, de subordination, de domination ? Les auteurs du présent ouvrage ont questionné l’œuvre valéryenne et, aujourd’hui encore, il semblerait que la lecture des Cahiers de Paul Valéry aide à décrypter l’impact sur notre modernité de cette Méditerranée qui ne cesse de « montrer le possible ». Co-Auteurs de l’ouvrage : R. Venture, A. Peire, H. Laurenti, M. Signorile, J-P Chopin, A. Henry, J-P Chausserie-Laprée, M. Allain-Castrillo, J-L Le Moigne, M-W Debono, J-M Jacono, P. Signorile, T. Gallibert.   Résumé de l’éditeur

Parution aux éditions Armand Colin du livre de Dominique Laplane « Penser, c’est à dire ? Enquête neurophilosophique » (2005).

« Alors que la physique a considérablement fait évoluer notre vision de la matière, dont la  » dématérialisation  » permet de formuler l’hypothèse selon laquelle l’expérience consciente ferait partie des  » matériaux de l’Univers « . Les apports de la neuropsychologie n’ont guère été exploités. Pourtant. nombre d’observations classiques témoignent de l’existence dune pensée sans langage, véritable référent du langage et gouverneur de la pensée langagière qui seule est complète. Sur cette base. analyse à l’appui, on s’aperçoit que bien des questions posées par le langage. qui restent au centre de la philosophie, se trouvent extraordinairement éclairées. avec un démenti frappant à la formule classique  » pas de pensée sans langage  » qui transformait ce dernier en un code auto-référentiel. Le gouvernement de la pensée complète par la pensée sans langage invite à restituer aux affects leur rôle moteur et la logique se trouve ramenée au simple rôle d’auxiliaire de la pensée. Dans le domaine de la conscience, la prise en compte de données telles que l’auto-désignation des jeunes enfants, les amnésies massives sans perte d’identité. les états de  » conscience vide « . etc.. plaide pour une relance de la réflexion. Associant ces bases factuelles indiscutables et la conception aujourd’hui la plus crédible selon laquelle notre cerveau est un système auto-référentiel, l’auteur conduit son enquête et la fait déboucher sur une réflexion sur les critères du vrai qui renoue avec la grande tradition spéculative ».  Résumé de l’éditeur

Parution aux éditions Albin Michel de l’ouvrage collectif « De la science à la philosophie : y a-t-il une unité de la connaissance ? » sous la direction de Michel Cazenave (2005).

« Dans une époque où, sous la pression d’une spécialisation de plus en plus poussée, les savoirs scientifiques ne savent même plus communiquer entre eux, où le divorce est établi entre la connaissance scientifique et la connaissance poétique, où les enseignements de la raison et ceux de l’expérience et de l’intuition sont considérés comme mutuellement exclusifs, c’était un défi de vouloir jeter des ponts entre des domaines aujourd’hui cloisonnés. Vouloir faire dialoguer des cosmologistes et des physiciens, des philosophes, des psychanalystes, des historiens des religions ou des spécialistes de la poésie mystique à partir d’une interrogation commune paraît relever de la transgression. C’est pourtant ce que cet ouvrage réussit. Les interrogations qui rassemblent les divers intervenants sont les suivantes : Et si, derrière la diversité des apparences, derrière la multiplicité des disciplines et des méthodes, il y avait quand même une unité fondamentale de la connaissance humaine ?Et si une traversée transdisciplinaire de tous les champs du savoir, conduite dans l’écoute mutuelle, mais sans aucune complaisance, et parfois dans la confrontation, nous conduisait malgré tout vers un point d’unité, si elle permettrait de réfléchir autrement, de penser et de chercher autrement, bref, de construire une nouvelle raison et une nouvelle conception du monde qui rendrait son sens à la vie et sa cohérence à l’univers humain ? Comme s’il y avait là le programme d’une nouvelle renaissance… Avec les contributions d e Isabelle Stengers, Roland Goetschel, Dominique Lambert, Edgar Gunzig, Lambros Couloubaritsis, Michel Cassé, Michel Bitbol, Michèle Porte, Michel Cazenave ».   Note de l’éditeur

Parution aux éditions Albin Michel de « C.Jung : le divin dans l’homme » Lettres sur les religions présentées par Michel Cazenave (2005).

« Toute sa vie, Carl Gustav Jung a travaillé sur les rapports subtils qui lient la psychologie et le sentiment religieux. Loin de voir dans la religion une phénomène d’illusion ou une forme sublimée de la névrose obsessionnelle, il a toujours considéré que la « fonction religieuse » était constitutive de l’inconscient. Cherchant à cerner avec le plus de précision possible cette dimension incontournable de l’âme, il en a décrit les représentations symboliques encore vivantes dans de nombreuses traditions spirituelles. Mais il a toujours refusé de se prononcer sur le « divin en soi », ou sur la vérité de quelque religion que ce soit. C’est dans sa correspondance que Jung s’est expliqué le plus clairement sur sa position à la fois rigoureuse et périlleuse concernant la religion. Ses lettres sur « l’image de Dieu », sur le christianisme, le judaïsme ou les spiritualités orientales, rassemblées et présentées ici par Michel Cazenave, révèlent l’authenticité d’un scientifique ouvert à l’expérience intérieure. (4eme de couverture) ». Résumé de l’éditeur

Parution aux éditions du Seuil du sixième tome de « La Méthode » Ethique : un livre d’Edgar Morin (2004).

« Ce sixième et dernier volume de ‘La Méthode’ constitue le point d’arrivée de la grande oeuvre d’Edgar Morin, traduite et reprise en édition de poche dans de nombreux pays. Cette oeuvre a fait de la complexité un problème fondamental à élucider et traiter ; depuis, elle a fait école et suscité un mouvement pour « réformer la pensée ». Si le devoir ne peut se déduire d’un savoir, le devoir a besoin d’un savoir. La conscience morale ne peut se déduire de la conscience intellectuelle. Mais elle a besoin de la conscience intellectuelle, c’est-à-dire de pensée et de réflexion. En effet, la bonne intention risque de déterminer des actions mauvaises et la volonté morale d’avoir des conséquences immorales ».  Résumé de l’éditeur

Parution aux éditions Peter Lang (Collection Philosophia Naturalis & Geometricalis) de « L’univers sans repos ou l’essence première du mouvement », un livre d’Eric Bois (2002).

« L’univers sans repos tourne autour d’une question centrale : pourquoi l’univers est-il en mouvement permanent ? Est-ce que son existence dépend du fait qu’il est précisément en mouvement ? le questionnement philosophique d’Einstein sur l’intelligibilité du monde, rejoignant à certains égard le sentiment aristotélicien sur la signification de la nature, est re-questionné dans un contexte scientifique et épistémologique très différent de celui de l’époque de Descartes, Kant et Laplace. L’interrogation philosophique sur la nature de l’univers se doit de prendre en compte l’étude scientifique actuelle sur l’univers de la nature. Il est notamment question dans cet ouvrage de processus de déploiement des possibilités dynamiques de la nature, de complexité croissante, de stabilité structurelle de la matière inerte et animée … Les résultats des travaux présentés ici conduisent à redéfinir en profondeur la notion de mouvement comme portant une racine ontologique que le temps ne connaît pas. C’est alors que la question de l’origine non assignable de l’univers, qui ne se résout pas à l’intérieur d’un ordre temporel, se présente comme une contribution possible à la question confuse du sens de l’univers, voire à celle de la place de l’homme dans l’univers. Par cet itinéraire de science et philosophie du mouvement, et dans une position d’ouverture à l’altérité de la nature, l’ouvrage développe les principes d’un univers sans repos. Ces principes d’existence instruisent le chemin d’une induction métaphysique où s’éclairent les questions ultimes quant au sens de l’univers, tout en vérifiant une immanence plénière de la nature ».  Note de l’éditeur

Parution aux éditions EDK de l’ouvrage: « Emotion et Musique » édité par Françoise Russo-Marie et Frédéric Rossille (2000).

« Ce livre comprend l’intégralité des textes des conférences données lors du débat présidé par Ruth Scheps qui a suivi le concert du compositeur Frédéric Rossille (pièces en trio: piano, violon, violoncelle) le 29 juin 2000 à la Cité Internationale des Arts de Paris. Cet événement a été coproduit par les associations Plasticités Sciences Arts (PSA) et Rencontres Art et Science. Après une préface de Françoise Russo-Marie et du compositeur, nous entrons dans le monde saussurien de la signification appliqué au phrasé musical avec un bel article du chef d’orchestre et professeur à l’Université de Brasilia Jorge Antunes sur « le sémantème musical ». Suit une incursion dans « l’espace ontologique de la musique et de l’émotion » réalisée par un ethnomusicologue et compositeur originaire de Léningrad, Sergueï Belimov, qui s’interroge sur l’universalité de la musique. Le carrefour suivant est celui entre l’art et la science. Il sera brillamment engagé par le médecin Christian Manuel qui décrit « la musique vue du cerveau » et les différentes sortes de représentations du percept musical: neuronale, mentale, lexicale et sémantique. Continuons notre route en abordant « l’émotion et la musique sacrée » dans l’histoire Occidentale grâce à la musicologue Sylvie Nicephor, puis « la sublimation pure » que Gabriel Fauré fait naître en nous grâce au talent de la psychanalyste belge Lili De Vooght. La magie se transporte alors vers l’art théâtral nippon du XVème siècle dans lequel la compositrice japonaise Hisako Ito nous plonge à l’aide d’extraits sonores et d’un témoignage vivant sur la musique de Nô. Enfin, le livre s’achève sur un essai très fouillé de Frédéric Rossille qui nous conte « la musique de nos émotions » sous tous ses angles: culturel, technique, intime, esthétique, sacré, avant d’atteindre la dimension du mystère et l’expérience de l’unité que l’art peut engendrer ». L’ouvrage est proposé à un tarif préférentiel pour les membres de PSA aux éditions EDK.  Note de lecture de M.W. Debono

Parution aux éditions La Nuée Bleue de «La légende maudite du vingtième siècle», un livre d’Anne Dambricourt préfacé par René Lenoir, Paris (2000).

« Cet ouvrage relate à la fois la découverte de la contraction crânio-faciale, le véritable « procès en sorcellerie » qui a suivi, et les engagements profonds de l’auteur en tant que femme et écrivain. La découverte scientifique en elle-même a des implications majeures, car elle décrit la détermination et la stabilité du processus de l’hominisation crânio-faciale dès l’embryogenèse avec un recul de 60 millions d’années, heurtant de plein fouet les dogmes du tout hasard. D’où la virulence des attaques néodarwinistes. Nous mettrons l’accent quant à nous, non pas sur ces polémiques, qui nous semblent démesurées et stériles, mais sur le fond. Les lecteurs relèveront d’eux-mêmes qu’il n’est jamais question dans ce livre d’être pour ou contre Darwin, que la sélection naturelle et l’oeuvre de Darwin n’y sont nullement remis en cause, que le débat est ailleurs. Des présupposés ? On en trouverait dans chaque camp. Michel Cazenave dit très justement à ce propos que « toute science…est déjà relative à un état de culture et à une conception donnée du monde ». Une histoire, un engagement religieux ou politique ? Qui est exempt ou peut se dire neutre dans l’élaboration d’une découverte ? Certainement pas Newton ou Einstein. Non, le fond du débat réside dans ce que le sujet, les origines de l’homme, est forcément brûlant, d’autant plus que c’est une femme revendiquant un statut non schizophrène qui en est le porte drapeau. Elle dit à plusieurs reprises clairement que « la pensée scientifique n’est pas inféodée à la foi, et la foi n’est pas le monopole d’une religion, elle n’est pas monopole tout simplement… » ou (…) « la découverte scientifique est une réponse humaine à une interrogation humaine, elle fonde de nouvelles questions qui vont à la fois dans le sens de la métaphysique et de la découverte scientifique, l’une accompagne l’autre. Elles ne se détruisent pas et ne sont pas inféodées l’une à l’autre. Ce n’est pas la science qui pose une question « métaphysique », la « science ne pense pas ». C’est un scientifique, qui avec sa conscience ontologique, se pose des questions sur le sens de sa découverte. » En effet, il ne faut pas confondre les niveaux de réalité, et le parcours d’Anne Dambricourt est exemplaire sur ce point, car il montre que toute objectivité pure est vaine, et à quel point tout amalgame est dangereux. Certains chercheurs s’interrogent sur le sens de leurs découvertes, d’autres pas, mais l’homme est un. A partir du moment où il n’y a ni falsification ni détournement des faits ou observations scientifiques, et tel est le cas, puisque Anne n’a pas hésité à soumettre ses travaux à la critique scientifique, dont certains, et non des moindres, comme Y. Coppens et R. Thom, n’ont pas manqué de relever l’importance, tout chercheur est fondé lorsqu’il refuse d’être coupé en morceaux. Ainsi, le combat singulier d’Anne l’a conduit a découvrir la contraction crânio-faciale (alors qu’elle était athée), à confronter ses théories aux pensées de Teilhard de Chardin du fait de la filiation historique entre la Fondation du même nom et le Muséum National d’Histoire Naturelle, à utiliser pour la première fois la théorie des systèmes dynamiques pour formaliser ses observations neuroanatomiques chez les primates et l’orthopédie dento-maxillo-faciale pour les concrétiser, et enfin à prendre peu à peu conscience du sens de la foi, de l’altérité, du rôle de la femme et de la mère, aussi bien dans sa destinée que dans celle des hommes. Il est vrai qu’il y a de quoi décontenancer les esprits purement cartésiens et irriter certains idéologues. Rappelons cependant que d’autres découvreurs comme Poincaré, Hadamard, Kepler, Schrodinger, Bohr, Newton et Darwin lui-même, ont clairement confié leurs propres doutes, croyances, émotions et interrogations profondes. En d’autres temps, Bruno a été brûlé pour son engagement ! Que reste-t-il de leur passage, ce sont des applications brutes, mais surtout les implications de leurs découvertes, dont Kuhn montre bien l’importance en terme de changement de paradigme (ce qui pourrait être le cas pour les théories de l’évolution). Ainsi la science académique a-t-elle occulté le rôle qu’a joué l’alchimie dans la découverte de Newton sur la gravité. Ainsi, et dans un registre différent, mais qui conduit encore aujourd’hui à certains grincements de dents, le passé d’aquarelliste de Pasteur n’a-t-il fait que peu de vagues. Ainsi, pour prendre des exemples contemporains, le cosmologue Luminet de poétiser sa quête de l’univers sans le moins du monde entacher la rationalité de ses découvertes scientifiques ou le philosophe Bergson de donner à réfléchir à des physiciens comme Prigogine. Toute vraie intuition ou découverte est inséparable d’une histoire singulière (fut-elle tortueuse) dans un temps singulier (contexte socio-historique). Elle a sa logique propre. La suprématie des faits, qu’elle soit issue d’observations fines de la matière ou d’un processus logico-déductif dont la dernière étincelle (l’intuition) fait mouche, finit toujours par éclater au grand jour. La sélection naturelle en est d’ailleurs un des meilleurs exemples. Ces considérations illustrent parfaitement la position éthique de PSA, à savoir une attitude pragmatique et ouverte, aucun esprit d’école (nous sommes autant opposés au sectarisme et au mécanicisme qu’au finalisme et au créationnisme), aucune idéologie (la liberté d’entreprendre et d’être sans à priori), un plaidoyer pour le décloisonnement des disciplines (notamment au carrefour entre l’art, la philosophie et les sciences, sans pour autant que ces disciplines soient confondues), et enfin le refus de fragmenter l’être et la connaissance. Il était important de le dire, et l’événement que constitue la sortie du livre d’Anne Dambricourt nous le permet.   Note de lecture de M-W Debono

Parution aux éditions Aubin (Collection Sciences et spiritualité, épistémologie) de «L’Ere des Plasticiens – De nouveaux hommes de science face à la poésie du monde -», un livre de Marc-Williams Debono, St Etienne, 1996.

« L’assomption scientifique du réel ne serait-elle pas moins justifiée que celle de sa « préhension » poétique ? Le fonctionnement du cerveau en tant que représentation du monde n’est-il-pas assujetti à ma vision singulière de ce monde ? Les constantes alphabétiques du langage conscient comme du code génétique ne sont-elles pas garantes, à l’image des fractales de Mandelbrot, de la diversité d’expression comme de l’unicité du vivant ? Enfin, n’est-ce pas d’un troisième terme (l’état T, du tiers inclus décrit par Lupasco) qui annihile toute logique binaire, dont on aurait besoin afin de dépasser l’apparente contradiction physico-consciencielle ? Cet ouvrage présente une nouvelle logique évolutive, de nouveaux hommes, les plasticiens, qui, dès à présent, et plus encore demain, baliseront ces espaces frontaliers où chacun ne se reconnaît pas tout à fait encore, mais perçoit les enjeux d’une remise en question radicale du cloisonnement entre les disciplines. Plus simplement, le plasticien veut sans a priori faire l’expérience de la réalité. En effet, toutes les approches scientifiques développées dans ce livre peuvent être lues isolément ou dans un cadre d’analyse plus vaste, où la fonction de la plasticité apparaît comme fondatrice. Prenons la morphogenèse, ce peut être un isolat auto organisé, ou au contraire révéler le contenu générique d’un processus global. Prenons la plasticité synaptique, ce peut être uniquement un phénomène de stabilisation sélective des réseaux, ou au contraire un indice d’interactivité fine entre l’organe (morpho- et épigenèse neurale), la fonction (plasticité cognitive) et le tiers (environnement, interface cerveau/esprit). Prenons encore l’approche onto- et phylogénétique des espèces, elle peut être gouvernée par la seule logique aléatoire ou au contraire révéler des failles de raisonnement importantes négligeant tout des strates embryologiques ou des macroévolutions majeures. Dans ce cadre, la théorie de la plasticité, telle que je la conçois, loin de ne signifier qu’une esthétique fonctionnelle, devrait avoir un rôle prégnant dans l’évolution, puisqu’il ne s’agit plus de raisonner en terme d’adaptation, mais de devenir plastique d’une espèce, d’une matière, d’une forme par rapport à la mémoire de sa propre configuration structurelle. Il devient donc impérieux d’adopter une attitude de recherche nouvelle, où l’interactivité des systèmes de codes puisse s’exprimer, et où la plastique, qui tend à renaître en Occident, apparaisse avec sa logique dynamique propre. Dans ce but, il faudra réunir deux conditions: tout d’abord que la science défriche cette métaplasticité universelle, ensuite qu’une éducation sémantique inspirée des percepts poétiques, une plastique des mots, accompagne nécessairement cette refonte de perspectives. C’est à ce prix que les idées-forces de cet essai, comme la reconnaissance d’une aire commune du langage entre le poète et l’homme de science, ou la nature temporelle de la conscience imaginale (liée à l’acte de création ou d’individuation), pourront s’imposer ». Résumé abrégé de l’ouvrage

Parution aux éditions Albin Michel du livre « Sciences et Imaginaire » dirigé par Ilke Angela Marechal, Paris, 1994.

La tradition occidentale depuis Descartes a tendu à bannir de manière radicale l’imagination, la « folle du logis », du champ de l’activité scientifique, oeuvre exclusive de la raison. Pourtant, à la suite des travaux précurseurs de Koyré et des études novatrices de Gerald Holton, force est de constater que cette vision tenait moins à la vérité historique qu’à une reconstruction idéale et a posteriori de l’aventure scientifique. Désormais, de nombreux chercheurs et épistémologues – notamment à partir des exemples de Kepler ou de Newton – en conviennent: l’imagination joue un rôle fondamental dans les recherches scientifiques. Inversement, beaucoup d’artistes de notre temps, renouant ainsi avec l’esprit de la Renaissance, s’intéressent de très près aux grandes découvertes de la science et reconnaissent l’influence que celles-ci ont pu exercer sur leur création. Ce constat d’interdépendance soulève de multiples questions. De quel ordre sont les rapports que la science entretient avec l’imaginaire ? Jusqu’à quel point un tel dialogue peut-il se nouer sans qu’il y ait confusion ? Pour y répondre, cet ouvrage collectif a réuni les réflexions d’intellectuels renommés, scientifiques, philosophes ou écrivains, parmi lesquels Hubert Reeves et Michel Cassé, astrophysiciens ; J. D. Vincent, neurobiologiste ; Alain Connes, mathématicien (médaille Fields) ; Roberto Juarroz, poète ; Michèle Montrelay, psychanalyste ; ou Carl Friedrich von Weizsäcker, philosophe et physicien.  Note de l’éditeur

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