PLASTIR N°65 06/2022

L’EMPREINTE DE TOUTE CHOSE – ÊTRE UN(UNE) AUTRE, ÉTRANGE AVENTURE DE LINNEA ET DE LING 

La fiction artistique que nous présentons ici est le fruit de la collaboration de deux femmes, l’artiste Béatrice MEUNIER-DÉRY (qui a joué le principal rôle dans ce travail) et l’architecte-paysagiste Xiaoling FANG dans le cadre de la 9e Biennale « La Science de l’Art » en 2021. Depuis 23 ans, Béatrice Meunier-Déry poursuit un voyage immobile et narratif qui enchevêtre corps scientifique et poétique. À travers le récit, élément matriciel de sa pratique, elle explore les questions de l’intime, les transformations cycliques du vivant, ses processus de guérison et de renouveau. Elle consacre ainsi une vaste période à la production d’œuvres témoignages, souvent confectionnées en textile, qui racontent des destins vulnérables, dans un processus de fabrique long et expérientiel, relevant du geste votif. Ce mécanisme accorde une dimension performative à l’acte de création, dans ce qu’il contient d’expiatoire et salvateur, censé pallier l’impuissance de l’artiste à agir sur le réel. Dans ces objets à vocation protectrice, la vie l’emporte toujours ; elle s’incarne dans une esthétique objectivée, un travail de l’ornement et de la parure qui là aussi, laisse une place fondamentale au temps […] Sans se réduire à de simples objets de contemplation, ces œuvres procèdent d’un acte de sublimation, changement d’état qui exorcise les épreuves de la vie …(Bio selon C. Ruggeri, 2021, Blog de l’auteur). Xiaoling Fang est actuellement chercheuse et enseignante à l’école d’architecture, et est rattachée à l’unité de Recherche AMP ENSA-PLV / HESAM / MC. Elle a précédemment contribué à notre revue en publiant un article comparant la mythologie de Barthes à la mésologie de Berque dans Plastir 58, 06/2020. Ses intérêts scientifiques portent sur le développement de la créativité du concepteur à travers l’expérimentation, et sur la recherche de l’action dans le domaine d’architecture, de paysage et d’urbanisme. Passionnée par la littérature et l’art, elle a contribué à la construction de la fiction inspirée de la création artistique de Béatrice. L’histoire se déroule autour de deux personnages ayant des visions très différentes du changement climatique, Linnea Kvarn, une bryologue suédoise éco-anxieuse d’origine samie, imaginée par Béatrice, et Ling, un farfadet « moussien » créé par Xiaoling. Deux points de vue décalés permettent de relativiser l’angoisse, et durant l’aventure, des réflexions dans et sur l’action s’entremêlent et parviennent à tisser des liens entre science et art. L’idée de vivre en tant qu’un (une) autre et de croiser les univers de deux personnages évoque le principe de la diversité du milieu, et souligne le fait que nous vivons en lien avec les autres. L’article est constitué de deux parties : une présentation du contexte de la création, suivie du « Journal de Ling » illustré par des dessins de Béatrice.

HPTD-M: UNE INTEGRATION TRANSDISCIPLINAIRE DE TROIS PARADIGMES- MÉCANISTIQUE, SYSTÉMIQUE ET SYNCHRONISTIQUE

Leonardo da Silva Guimarães Martins da COSTA est actuellement fonctionnaire fédéral brésilien – carrière d’auditeur des finances et du contrôle (2009 : Trésor brésilien), avec un executive MBA en gestion d’entreprise (2002 : FGV 26e), un diplôme de troisième cycle en économie de l’ingénièrie (1996 : FDC 48e), et un diplôme d’ingénieur civil avec une spécialisation en assainissement (1992 : UFMG). Depuis 2011, l’auteur fait des recherches sur la transdisciplinarité appliquée en lien avec la physique, l’économie, le droit, la psychologie et la politique. Son propre cadre de réflexion est développé dans un livre et une monographie en portugais, en plus de quatre articles publiés en anglais de Nov/2021 à Apr/2022 (voir bibliographie). Ces derniers reprennent la théorie de gestion transdisciplinaire Holopraxis (HPTD-M) dans le Journal transdisciplinaire ATLAS de l’ingénierie et des sciences. La structure de la HPTD-M a été influencée par la transdisciplinarité holistique de l’UNIPAZ au Brésil, et par le parcours de l’auteur en tant qu’ingénieur, chef d’entreprise, fonctionnaire et gestionnaire public. Situons le contexte de son approche. Elle est en relation avec la théorie jungienne de la synchronicité, dont certains scientifiques comme Albert Einstein, Niels Bohr, et les co-fondateurs en 1987 de l’Université Internationale de la Paix au Brésil – UNIPAZ (Pierre Weil et Roberto Crema) ont discuté de la vision rationaliste occidentale et de la nécessité de considérer des systèmes ouverts de connaissance. Cette idée peut être illustrée par différents concepts convergents, comme la dualité (physique), la dialectique (philosophie) et les compromis (économie). La résolution de problèmes est généralement perçue dans la voie occidentale moderne de la rationalité au sens large (hard skills : types d’intelligences rationnelles et empiriques), mais pas à travers le sens au sens large (soft skills :  intelligences émotionnelle et intuitive) comme le montre la voie orientale traditionnelle. De plus, le concept de transpraxie de Mcgregor (2020) a un lien remarquable avec l’holopraxie dans notre modélisation HPTD-M : la convergence est claire. Le but de cet article est de continuer à développer notre théorie HPTD-M (Holopraxis Transdisciplinary Management) à travers le processus dialogique de quatre paradigmes: mécanisme, systèmes, synchronicité, et  vision transdisciplinaire de la pratique HPTD-M elle-même, dans le contexte des quatre éléments archétypaux et des concepts grecs de SOMA, PSYCHE et NOÛS. L’auteur conclut que le cadre HPTD-M est simple et résulte d’une approche dialectique de la complexité des phénomènes humains. Il  espére que sa théorie pourra être utile dans d’autres domaines de la connaissance ouverte, tels que l’éducation, les sciences, l’économie, le droit, l’administration, la psychologie et la politique, afin de transformer la façon dont ces disciplines sont comprises par notre culture occidentale moderne.

COMMENCEMENT ET RECOMMENCEMENT

Bernard TROUDE est sociologue, chercheur en neuropsychologie et en psychologie. États de recherches en ces fonctions afin de soulever des problématiques issues de nos vies courantes tant en éthiques générales qu’en éthiques médicales, résonances d’une manière de se comporter. Il a publié de nombreux articles dans PLASTIR. Celui-ci s’inscrit dans la continuité des deux précédents publiés dans Plastir n°59 & N°63) en les étendant à d’autres sphères en lien avec le sujet agissant et la notion d’ordre ou de commencement. Il s’agit en effet de définir à partir de quel statut les chiffres un ‘’1’’ et deux ‘’2’’ sont définitivement mis en une forme de ‘’co-habitation’’. L’expérience depuis les philosophes grecs et jusqu’à notre temps moderne prouve que les réductions de toute action se font dans cette dualité à résoudre. Le résultat ne doit pas attendre car la question d’un concept est ou peut être remis en cause par les dites communautés au sujet d’une façon de vivre en continuité ou en diversité des options à établir et à finalement faire comprendre. L’analyse de cet ordre de pensée suppose que les contextes du commencement auront abouti à des désordres évalués par nombre de personnes assujetties aux contingences de ce commencement ; l’ordre garanti par une majorité de personnes qui a apprécié un consentement durablement et qui là, tout de suite, veut infliger un changement radical par le recommencement. De ce débat, il n’en faut pas douter puisque le mythe, ayant fondé cette contestation à poursuivre une idée collective, a été recueilli et s’est fait évaluer en deux versions, presque identiques, l’une sur la base de ce qui est connu et l’autre issue d’une alliance d’hybridation revendiquant la nécessité de revoir le sujet.

L’ART AU CORPS 

Mar THIERIOT est une philosophe, poète et peintre franco-brésilienne qui publie  régulièrement dans PLASTIR (voir sommaire de la revue). Elle vit au Quebec depuis 2008 et a abordé sous des angles différents  les limites de la conscience  et du non intentionnel ainsi que les émotions qui nous traversent  autant de point de vue philosophique, éducationnel qu’artistique. En 2016, elle publiait notamment aux éditions Amalthée les Mutations humaines, préfacé par M-W Debono et fruit d’un travail mené à l’Université de Laval dont certains concepts ont été étayés dans Plastir n°48/2017. Nous publions ici le second chapitre de ce livre axé sur l’art chevillé au corps et les relations humaines qui en découlent. Illustré par plusieurs de ses oeuvres originales et faisant référence à Habermas, Steinberg, Michel Henry ou Nicolescu, Mar Thieriot nous ouvre à une approche dialogique et transdisciplinaire du monde vécue de l’intérieur qui nous fait découvrir toute la richesse des mutations humaines dès lors qu’elles adoptent un cheminement ouvert sur l’altérité, les transcultures, la pleine conscience et évitent les nombreux pièges socioéconomiques ou politiques, liés à la désinformation ou au non respect des droits fondamentaux de l’humanité. Etablir une zone neutre de circulation des idées et mettre les hommes et les femmes – notamment occidentaux – en capacité de réagir et de muter positivement est l’ambition du propos de l’auteure.

 

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