Plastir n°45 – 03/2017

LA TRADUCTION PLASTIQUE DE LA MUSIQUE PAR FANTIN-LATOUR : UN PROCESSUS ÉVOLUTIF ↵

Michèle BARBE est professeure émérite des universités. De double formation, en musicologie et en histoire de l’art, elle a enseigné à l’Université Paris-Sorbonne (Lettres et civilisations) de 1973 à 2011. Sa thèse de doctorat d’état, soutenue en 1992 sous la double direction de Bruno Foucart et de Serge Gut, scelle chez elle l’alliance entre arts visuels et sonores à travers ses analyses de l’œuvre de Fantin-Latour. À partir de 1989, à travers mémoires puis thèses, elle a formé et donné vie à une équipe de recherche interuniversitaire intitulée Musique et arts plastiques, nom donné à la série de publications qu’elle a dirigée dans la collection de l’Observatoire musical français et aux séminaires qu’elle anime encore aujourd’hui. Michèle Barbe, introduite par notre secrétaire général, le compositeur Frédéric Rossille, nous fait l’honneur de contribuer à PLASTIR pour la première fois sur le thème de la plastique musicale d’Henri Fantin-Latour (1836-1904) dont le musée du Luxembourg présente une rétrospective à Paris en ce moment intitulée « Fantin-Latour. À fleur de peau » (du 14 septembre 2016 au 12 février 2017). Elle sera accueillie ensuite par le musée de Grenoble (du 8 mars au 18 juin 2017), la ville dont le peintre est originaire. L’auteur nous résume comme suit le contenu de son article. « Peintre jugé inclassable en raison d’une œuvre partagée entre sujets réalistes et sujets imaginaires, de styles très différents, au carrefour des courants romantiques, réalistes et symbolistes, Fantin-Latour fut un mélomane des plus avisés et s’inspira des chefs-d’œuvre de quelques grands compositeurs dans une partie de son œuvre à laquelle nous nous intéresserons, plus particulièrement aux nombreuses variations qu’il a réalisées à partir d’une même source musicale. En nous appuyant sur un exemple précis – les différentes versions d’après le début de L’Or du Rhin de Richard Wagner entre 1876 et 1888 – nous analyserons le processus de traduction plastique de la musique dans son évolution même afin de mieux en comprendre la complexité. ». Autant dire que le lecteur pénètre là un univers tout entier, fait de peinture, de poésie et de musique, et que plus encore, il peut-être amené à percer quelques uns des mystères ou des secrets des traductions plastiques de Fantin-Latour. Parmi les directions d’ouvrages récents de l’auteur: Musique et arts plastiques : interactions, actes du séminaire séminaire doctoral et post-doctoral 2006-2009, Paris, Observatoire musical français, série « Musique et arts plastiques », n° 8, 201 ; Musique et arts plastiques : la traduction d’un art par l’autre. Principes théoriques et démarches créatrices (colloque international des 26-28 mai 2008), L’Harmattan, coll. « L’univers esthétique », 2011 ; Musique et arts plastiques. Analogies et interférences (colloque international des 15-17 mars 2001), Paris, PUPS, coll. « Musiques/Écritures », 2006. Bio complète: CNRS/IREMUS

NEUROPLASTICITÉ, QUAND LE VOCABLE DON APPARAÎT ↵

Bernard TROUDE est chercheur en sociologie contemporaine au CEAQ de l’Université Paris V, ingénieur-designer et Dr en Sciences de l’Art. Auteur de nombreux essais ou ouvrages relatifs à la nature de l’objet – sa prégnance, sa signification, sa déchéance – et de l’homme – sa place dans la société, son rapport à la médecine et la cognition -, il a récemment rejoint le laboratoire Universitaire de Sciences Cognitives de San Francisco  en vue de contribuer à son symposium annuel (rôle des pouvoirs publics/privés vis à vis des cellules souches et des recherches sur les cellules embryonnaires) et contribue à la Revue Médicale Généraliste de Normal (ville proche de Chicago, USA) qui rassemble toutes les éditions universitaires médicales. Bernard Troude a récemment publié une étude relative à l’art et la neuroplasticité dans PLASTIR 36, 09/2014. Il s’interroge dans ce numéro sur la notion de DON au sens d’espace plastique à former et déformer que beaucoup ne peuvent développer par manque d’énergie cérébrale, selon ses propres dires. Il s’agit ici de traiter des phénoménologies artistiques et créatives où la notion de don assimilée à une plasticité de masse provoque et entretient à la fois un déséquilibre stable et une forme d’énergie. « Sans plasticité pas d’énergie, pas d’énergie sensorielle, pas de DON », intime Bernard Troude qui prend bien en compte les attributs de la plasticité tels que nous les décrivons et résume son propos en ces termes : « Parce que « donner » prend de la valeur même dans sa gratuité par celui qui donne et celui qui reçoit (en positif ou en négatif). Personne y compris l’artiste ne se retrouve dans un désintéressement particulier, par une vertu esthétique magique. Est-ce à dire pour autant dans l’esprit, la cognition évolutive la phénoménologie instinctive que Don, Gratuité, Loisir et libre jeu soient de pures chimères? «Sans don, il ne peut y avoir d’art». Nos satisfactions deviennent palpables quand ce « don » se poursuit par le questionnement : vais-je ou puis-je faire mieux, différemment ou le concept peut-il évoluer ? Ce qui suppose également que dans le cerveau des parties que nous avons cru inchangeables, non modifiables peut se présenter en imagerie en pleines variations. À la lecture de ces dernières années, nous comprenons qu’un résultat est né d’une élasticité qui se manifeste, que toutes les parties du cerveau sont maintenant concernées pour l’ensemble des différentes parties du corps physique et également psychologique. Toute tentative d’agir, surtout celle du DON, se déclenche par une pulsion ou plutôt comme une impulsion, ce mécanisme expérimenté et particulier à chacun ne constituant qu’une partie dès lors qu’il est instinctif du dispositif d’une adéquation augmentée aux environnements. La plasticité sera activée dans le réseau comportant les cinq aires du cerveau et potentialisera les prémisses des actions, ce qui ne sous-entend pas et n’exclura pas le comment de l’irrationnel qui pourra toujours guider les choix. » 

LE DON QUICHOTTE DE 1615 SECONDE PARTIE – SUIVI DE REGARD SUR LE MYTHE AU CINÉMA ET DANS L’ART LYRIQUE ESPAGNOL ↵

Claude BERNIOLLES à la fois poète, philosophe et essayiste donne depuis quelques temps à PLASTIR une ouverture littéraire, abordant notamment Anatole France et depuis peu, un cycle Cervantès axé sur le Don Quichotte de 1605 (PLASTIR 42, 06/2016, PLASTIR 44, 12/2016) et de 1615 (dans ce numéro et possiblement les suivants). La « Prière d’insérer » que nous a adressée Claude Berniolles donne de fait une idée assez juste du travail de recension de la Continuation de 1615 de Cervantès. C’est d’abord un « patchwork » des moments principaux du texte cervantin, avec des scènes hautes en couleurs, extravagantes ou drôles, telles que « La grotte de Montesinos » et d’autres –que ne renieraient pas les romans gothiques d’aujourd’hui –, ou l’épisode du « théâtre de marionnettes » de maître Pierre, que le lecteur découvrira ici. Mais c’est surtout le côté « folie-sagesse » ou « sagesse-folie » de don Quichotte (jusqu’à sa mort), ainsi que l’invention du « quichottisme », qui intriguera ou peut-être même fascinera le lecteur –fascination qui était celle sans doute du public spectateur du Theatrum mundi fondé sur les apparences, à l’époque où Cervantès écrit. Pour finir, on trouvera une réflexion autour de la problématique que soulève la mort de don Quichotte, ainsi que quelques aspects de la réception littéraire du livre. Sur un dernier point, et comme en appendice – c’est l’aspect le plus personnel et insolite de ce travail – on rencontrera le mythe du Quichotte tel qu’il est représenté au cinéma ou dans l’art lyrique espagnol contemporain, l’idée défendue pouvant être partagée, souhaitons-le, par nombre de lecteurs d’aujourd’hui. 

TRANSDISCIPLINARITÉ ET SCULPTURE DE SOI ↵

Matisse MAKWANDA est né à Montréal en 1991. Il vit et travaille dans la métropole. En lingala, « Makwanda » signifie « celui qui rassemble ». Il actualise maintenant l’héritage de son nom de famille dans une démarche inspirée par la transdisciplinarité. Membre du Regroupement des arts interdisciplinaires du Québec (RAIQ), chercheur indépendant en esthétique, entrepreneur culturel, son travail de fond relève une limite poreuse entre l’imaginaire et la réalité, ce qu’il représente à travers différents médiums tels que l’écriture, la photographie, l’installation, la performance. Cet essai est ainsi une application au champ esthétique du concept de transdisciplinarité. À la prose poétique suit une étude de cas : comment l’artiste développe un point de vue et une pratique transdisciplinaire à travers son processus de création ? Comment investir l’objet en se sculptant comme sujet ? Le lecteur est invité à y répondre par la découverte et l’exploration des possibles comme la transfiguration des objets. Blog de l’auteur : makwanda.com

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