Plastir n°10 – 03/2008

L’HOMME PEUT-IL VIVRE HEUREUX SANS SPIRITUALITÉ ?

Basarab NICOLESCU est physicien théoricien, membre d’honneur de l’Académie Roumaine et président du Centre International de Recherche et d’Etudes Transdisciplinaires (CIRET). Il a publié et dirigé de nombreux ouvrages depuis « Nous, la particule et le Monde » (Le Félin, 1985), incluant des essais sur Jakob Boehme ou Stéphane Lupasco, des participations à des encyclopédies et la création de la collection Transdisciplinarité aux éditions du Rocher en 1996. Basarab Nicolescu a en effet donné ses lettres de noblesse au concept de transdisciplinarité auquel nous adhérons pleinement à PSA, d’une part en le différenciant clairement de la pluri- et de l’inter-disciplinarité et d’autre part en introduisant des notions-clés à sa compréhension comme le tiers inclus et la dimension ontologique des niveaux de réalité. Il a de même été l’instigateur de projets d’envergure avec l’UNESCO, de l’élaboration de la charte de la transdisciplinarité lors du premier congrès mondial de la transdisciplinarité en 1994 à Arabidà au Portugal (traduite depuis en plusieurs langues) et oeuvre continuellement pour sa reconnaissance académique, qui est aujourd’hui devenue une réalité dans plusieurs universités du monde. Il nous présente dans cet article issu d’une conférence tout récemment donnée à Saint Malo dans le cadre d’un débat organisé par la GLNF, un succédané de son approche à la fois pragmatique, ouverte et profonde en interrogeant les niveaux de réalité, le modèle transdisciplinaire de la nature et la spiritualité humaine. Matérialité quantique et physique y sont comparées alors que l’auteur nous montre comment la nature magique est progressivement devenue une nature machine avant de péricliter. Plus précisément, après avoir décrit « l’objectivité subjective de la science et la subjectivité objective de la Tradition », il renvoie dos à dos l’homme en quête aveugle de rationalité ou de spiritualité en prenant appui sur l’affaire Sokal et le néo-athéisme qui y est lié. S’en dégage une connaissance humaine unifiée. Une vision non duelle de l’univers. Une vision non fragmentée des liens entre science, mythe et religion. Une vision véritablement trans-naturelle de l’homme de demain.

L’ART À L’ŒUVRE – LES MÉTAPHORES DE LA PLASTICITÉ –

Patricia PROUST-LABEYRIE est plasticienne enseignante, notamment à l’Université de bordeaux I et membre de PSA depuis sa création en 1994 sous le nom de Groupe des Plasticiens. Elle a une œuvre fournie en exposant régulièrement peintures, sculptures, livres-objets et en écrivant sur son art. Elle signe dans ce numéro de Plastir un article original qui interroge les liens profonds de l’artiste actant ou de l’acte créatif en gestation. Il ne s’agit pas d’art contemplatif ou d’une énième interprétation des fondements de l’art plastique, mais bien d’une véritable introspection répondant à notre conception épistémique de la plasticité. Elle en a parfaitement conscience en introduisant son travail par l’oeuvre de Beuys qui vise à transposer la plastique de la forme et de la parole sociale : « Tout le travail de Beuys peut se lire, à un certain niveau, comme une métaphore de la transformation : celle de l’art, celle de l’artiste, celle de la société » et en dispensant un art métaphorique consumé dans « Apparition in Process » ou dans la série picturale « Le hasard Fondateur ». Il en ressort pour le lecteur un parcours haletant : celui de la genèse de l’œuvre en train de se faire, de son émergence intuitive à sa réalisation, de son interprétation à son intégration dans l’univers métaphorique de l’artiste. L’auteure en décrit ainsi une des étapes « L’être est réceptif aux occurrences qui le façonnent malgré lui, qui constituent la pulpe de ses sensations sans cesse renouvelées, le dirigent sur des chemins insoupçonnés, l’entraînent à la fois dans l’intranquillité permanente et le désir intense d’exister ; bref, qui le sculptent en regardant, recevant, intériorisant, désirant, recréant et en voyant par la voie et la voix de l’intuition…» et nous conduit à expérimenter avec elle. Implication physique et intellectuelle qui nous entraîne à appréhender, pénétrer dans l’œuvre picturale par tous ses pores. Cette dimension est une première pour Plastir car elle invite l’internaute ou l’e-lecteur à participer au projet pictural plutôt que d’en être spectateur, à s’y investir jusqu’à traduire peu à peu l’ « apparition » mutuelle d’une œuvre née de regards intimes, démultipliés, voire inquiétants… On aborde ainsi naturellement les confins de l’art métaphorique au sens de Judge et une plasticité tour à tour émergente, fusionnelle, cognitive, sensible et orientée vers le sujet. Blog de l’auteur.

ENTRE ORENOQUE ET AMAZONE : AUX SOURCES DU MYTHIQUE ELDORADO – UN CADRE GEOGRAPHIQUE PROPICE A L’IMAGINAIRE CLASSIQUE ET… VERNIEN

Lionel DUPUY est géographe, écrivain et enseignant dans un collège de Pau. Spécialisé dans le décryptage de l’oeuvre de Jules Verne à qui il consacre actuellement sa thèse de doctorat, il nous livre ici le troisième volet de son analyse du récit vernien. Récit mythique, voyage extraordinaire dont on a eu écho dans les numéros 6 et 8 de Plastir où seront tour à tour abordés l’initiation, l’inter-et l’intrasémioticité de l’œuvre, l’ubiquité temporelle et l’espace imaginaire vernien. Dans cet article, Lionel Dupuy nous convie à la découverte du nouveau monde, à la rencontre du mythe géographique de l’Eldorado, aux confins d’un « espace inexploré entre Orénoque et Amazone ». Espace ô combien riche d’une science en pleine expansion, d’une géographie qui se cherche à l’image du lac Parima et d’une littérature mêlant allègrement imaginaire, métaphore et réalité. D’où cette unité de temps, de lieu et d’action dans l’art du roman vernien. D’où cette recherche historique, symbolique et psychanalytique en remontant les sources de l’Orénoque. D’où notre traversée du monde clos et circulaire de Jules Verne, qui loin de s’enliser, s’ouvre peu à peu au cosmos. D’où enfin cette dialectique analysée au travers de Durand, Barthes et Bachelard où l’ « horizon a autant d’existence que le centre». Pour en savoir plus : http://pagesperso-orange.fr/jules-verne/

LA MUSIQUE, DIEU ET L’AMOUR

Michel CAZENAVE est philosophe, poète, coordonnateur de programmes sur France Culture, auteur de pièces de théâtre, de documentaires TV et de nombreux ouvrages parmi lesquels « L’encyclopédie des symboles », « Le mythe de Tristan et Iseut », « Science et symbole : les voies de la connaissance » ou encore le « Petit dictionnaire de l’amour fou » qui a un lien direct avec l’article qu’il nous propose pour Plastir. Il a présidé le groupe d’études C.G Jung de Paris pendant plusieurs années et dirige de nombreux ouvrages destinés à mieux cerner la personnalité et l’œuvre jungienne. Il est également membre d’honneur de PSA et nous fait le plaisir de disserter ici sur cette puissance sourde du féminin de l’être, sur la symphonie mystique qui l’entoure, sur les liens étroits qu’elle entretient avec le mystère du monde. S’en dégage une musicologie céleste, un sentiment de subjugation, une « érotique de l’infini » qui traverse le temps et les traditions pour nous interroger toujours et encore sur les abîmes de la création divine. Blog de l’auteur.

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