Plastir n°44 – 12/2016

DE L’INFORME AU MULTI-FORME  ↵

Anais LELIÈVRE, artiste plasticienne, s’est formée à l’université Paris 1 (PhD en 2012) et aux Beaux-Arts de Rueil-Malmaison (DNAP en 2011) et de Rouen (DNSEP en 2013). Elle a enseigné dans les universités Paris 1 et Paris 8 et est depuis 2015 Maître de conférences à l’Université d’Aix-Marseille (ADEF). Sa création est présentée dans des espaces d’exposition et des lieux spécifiques. D’abord concentrée en France, elle se tourne de plus en plus vers l’étranger (avec par exemple des actions en Islande, en Espagne, en Afrique du Sud, au Japon… et en 2017 deux résidences en Indonésie et au Brésil). Si elle s’est notamment consacrée à des installations d’images numériques, à des productions autour du langage et à des sculptures-performances, Anaïs Lelièvre développe actuellement des dessins et céramiques. Selon son approche, « la plasticité engage une transformation qui éprouve les formes comme malléables, relatives, transitoires. Ce processus peut être conçu comme une action de former, de mettre en forme, autant que de défaire la forme initiale et de manifester cette destruction pour elle-même, renversant la défaite de la forme en dynamique de création. » Elle précise que « l’informe n’est cependant pas simplement un effacement de la forme ; c’est une opération qui défait la forme ». Là où la forme finie est contrée, le processus s’affirme, mais par l’expression « in-forme », il s’affirme dans l’opposition. C’est ce thème qu’elle développe pour PLASTIR, sachant que sa recherche poïétique en Arts plastiques, est d’être fondée sur une pratique focalisée sur la notion d’« informe » appliquée à des sculptures-performances dénommées CLOC. Elle pose dans ce contexte des questions pertinentes sur le mode d’existence multi-forme de l’œuvre et la façon dont on peut l’appréhender de façon dynamique ou encore interrogeant l’origine du vivant, de l’existence et de la relation. C’est là qu’art et science se rencontrent dans sa démarche « comme deux plis singuliers diversement issus d’une même source dynamique » qui veulent éprouver « l’hypothèse que le « multi-forme » en art touche à la question de l’origine du monde et du vivant  (en ce que l’origine porte en puissance une multiplicité de devenirs) ».

CERVANTÈS : LA FICTION DON QUICHOTTE (DE 1605). RETOUR AU SIÈCLE D’OR ESPAGNOL – Partie II – ↵

Claude BERNIOLLES est un fin littérateur. Diplômé en droit, il est à la fois poète, philosophe et essayiste, approfondissant volontiers pour PLASTIR les travaux de Bonnefoy, d’Anatole France, de Barthes ou de Wittgenstein (PLASTIR n° 20, 23, 25, 27, 39). Dans ce numéro, il parle dans son avant propos d’une lecture « historisante » du Don Quichotte (de 1605) de Cervantès. C’est en effet ce type d’approche de l’œuvre, illustrée de nombreuses citations (s’appuyant sur la traduction de l’éminent cervantiste Jean-Raymond Fanlo), que l’auteur a voulu privilégier, et non celle « anachronique » adoptée par certains critiques actuels (courant critique sans doute à la mode, mais qui souvent – comme montré dans l’exergue – préfère justifier « sa » méthode, plutôt qu’éclairer l’œuvre). Cela nous permet de mieux pénétrer l’oeuvre et sa genèse. Cet article qui n’intéresse qu’une partie du texte de Cervantès, sera prolongé ultérieurement d’un autre article, de manière à « couvrir » l’ensemble du Don Quichotte de 1605. Le premier article de Claude Berniolles sur Don Quichotte couvrait un peu moins de la moitié du livre de Cervantès publié en 1605 (PLASTIR 42, 06/2016). Le présent article couvre le reste, la numérotation des chapitres prenant la suite… L’idée est demeurée la même avec toujours beaucoup de citations : en rester à la lecture historisante du texte, servie magnifiquement par la traduction et présentation critique de Jean-Raymond Fanlo (professeur de littérature de la Renaissance à l’Université de Provence), resté toujours très proche de l’écriture baroque de Cervantès. La difficulté de lecture en est accrue, mais on perdrait beaucoup au change (ce que semble penser Jean-Raymond Fanlo) à vouloir « moderniser » l’écriture. Au reste, la vraie question aujourd’hui est peut-être ailleurs : le Quichotte, livre ou mythe ? Quelle image du personnage don Quichotte chacun de nous porte t-il en lui-même, autrement dit quel mythe ? Mais ceci est une autre histoire, et réclamerait d’autres investigations que le présent article.

LE TEMPS ONKALO, OBJET TRANSDISCIPLINAIRE  – DE LA RÉITÉRATION DE PRÉ-ENACTMENTS À LA FABRIQUE DES MONDES POSSIBLES ↵

Jean-Luc AIMÉ est compositeur de musique, metteur en scène, artiste-chercheur art soin environnement et producteur artistique. Né d’un père dont le père est indien et la mère chinoise, et d’une mère européenne, il s’intéresse depuis de nombreuses années à l’énergie du son et de la musique orientale, devenant peu à peu ethno-musicothérapeute et praticien certifié en hypnose Ericksonienne. Membre de Inflexion, groupe d’action art, science, politique qui participe au programme international ARTisticc (CEARC-UVSQ), il est actuellement directeur artistique du Cri suspendu, structure de création artistique transdisciplinaire et artiste-conférencier dans le réseau des écoles supérieures d’art en France et en Suisse. L’auteur se référant à la citation de Deleuze dans « Foucault, historien du présent » (1988) « Le futur est maintenant, et ce maintenant est une infinité de maintenant. », part de l’observation endogène du processus de recherche et de création du Temps Onkalo, objet artistique transdisciplinaire traitant de l’enfouissement des déchets nucléaires pour 100 000 ans. Les lecteurs seront entraînés vers la question du temps, et remarqueront qu’elle ne se satisfait ni d’être une question philosophique, malgré Aristote, Kant ou Heidegger, ni d’être une question scientifique, malgré la variable T, ni même encore d’être une question de langage, malgré les métaphores et les tautologies. 
Jean-Luc Aimé souhaite que nous abordions modestement l’objet transdisciplinaire Onkalo en nous frottant à la complexité de la plasticité temporelle dans son impossible définition, et que nous saisissions que nous avons un long chemin d’abandon et de sérénité à trouver, pour accepter que notre patrimoine individuel, génétique, social, politique, que notre histoire même ne soit pas le gage d’un futur unique, mais le cheminement d’un temps singulier, aux côtés d’autres temps tout aussi singuliers. 
Enfin nous questionnerons empiriquement quelque dystopie poétique et sociale dans laquelle la conscience d’un avenir est le seul moyen à la mesure du changement de paradigme nécessaire à la survie de l’homme dans le futur de notre planète.

TRANSDISCIPLINARITÉ ET POSTMODERNITÉ: LE TIERS MONTRÉ ↵

Mariana Thieriot, professeur de philosophie actuellement détachée au Canada dans le département de génie informatique et des télécommunications d’UNIFIIEO (Osasco-Brésil), est une auteure que les lecteurs de PLASTIR connaissent bien. L’engagement transdisciplinaire de PSA comme nos échanges sur le long terme sont gages de réflexions communes poussées sur le rôle et la place de la transdisciplinarité dans l’expérience et la plasticité humaine. L’article qu’elle nous délivre ici en est un beau témoignage puisqu’il interroge profondément ces deux aspects. En effet, selon Mariana Thieriot, l’exister est une expérience essentiellement intérieure, et concevoir un évènement qui va permettre le dépassement de cette solitude et qui a une portée ontologique, c’est comprendre la portée du face à face avec autrui, dans le temps, et qui permet de se délivrer du poids de la matérialité qui nous voue à la souffrance et à la mort. La rencontre avec autrui a lieu pendant l’intervalle qui sépare le présent et la mort : « Cette marge à la fois signifiante mais infinie où il y a toujours assez de place pour l’espoir » écrit Levinas : « C’est pourquoi je ne définis pas l’autre par l’avenir, mais l’avenir par l’autre ». La position transdisciplinaire est donc une position bien difficile à occuper car elle suppose une grande ouverture aux autres, doublée d’une capacité d’écoute flottante : une écoute à la fois psychanalytique et sociale, à même d’accepter le partage du pouvoir et la mise en commun des savoirs en vue de la formation transdisciplinaire des personnes et l’évolution de l’Université. La médiation des objets visibles, objets tiers montrés ou créations transdisciplinaires porte les vestiges de cette rencontre et propose des solutions concrètes aux nombreuses difficultés soulevées par la mise en commun, tellement complexe, de différentes recherches.

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